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Journal - Page 10

  • "Entre ici et maintenant", Daniel Martinez

    Il est une heure où soleil et givre concourent
    reflètent chimères et embruns 
    une heure où s'effacent les images
    et les mots qui les portaient
    le souffle des soies profondes
    capté par le lierre des jours
    le nom de ceux qui nous sont chers

    quand tout vient par le ravissement
    sous le brouillard persistant

    ton visage change l'espace en son contraire
    dans la disparition du moi et de l'autre


    Sous l'aile basse s'échappent 
    des langues de fumée 
    aussi douces que les lèvres
    où la parole est née
    semblable au chuintement
    de cette source toute proche

    que l'on devinerait sans la voir
    aux aiguilles du pouls
    dont les sangs se font témoins

    à l'empire du dehors 
    celui-là même que l'on désigne du doigt
    sans parvenir à le circonscrire


    Vive vie que pour rien au monde
    tu ne récuserais dans ses fulgurances
    ses déchirements ses interrogations
    restées sans réponse
    car elle est tout comme elle persiste
    à réinventer ses propres couleurs
    entre ici et maintenant

    Daniel Martinez

    Fin de cette série de pages de mon Journal poétique, quasiment pas retouchées (ou si peu), elles seront ensuite retravaillées avant publication, cela va de soi. Car il y a ici ou là bien des redites ou maladresses, dont je suis plus que conscient, merci de me le pardonner, DM

  • "La flûte de l'ange", Daniel Martinez

    AMBIGUITE.jpg

    Dessin de Pascal Ulrich, feutres sur papier Canson

     

    Sur l'écran d'en face deux fleurs de lotus immobiles
    semblent attendre que se déplient tes mains
    tu les regardes s'animer
    au moindre son jailli de l'ombre 
    lové dans le ventre de l'heure
    depuis la vaste
    salle déserte
    conscient d'avoir quitté
    le demi-jour à l'instant
    où s'éloignent les feux de la ville
    derrière le drapé des rideaux
    toute une arithmétique de particules
    livrées à elles-mêmes


    Et là te voici les yeux rivés
    au cadran du jour passé
    à revisiter tel épisode de ta vie

    est-ce mémoire est-ce déjà
    le futur inscrit dans une destinée
    bruissant de tout ce qui viendrait à lui échapper

    à même les feuilles ouvertes de nénuphar
    mille et cent muets conciliabules
    délivrés par la page blanche


    figures d'un seul grand corps
    celui qui te porte emperlé de blanc
    effleuré par l'haleine végétale


    Daniel Martinez

     

  • "Confidences", Daniel Martinez

                                 

    ULRICH FIG.jpg
    Pascal Ulrich dessin aux feutres, 2001

     

                                  Life's' but a walking shadow
                                  La vie est juste une ombre en marche
                                                             William Shakespeare

    Dormeur aux deux regards
    sous la cascade qui salue
    du bout des doigts les tremblements
    de l'espace entre les feuilles


    Au seuil du seuil
    cette promesse de reconstitution
    que le poème ne sait pas contenir
    prodigue ses douceurs
    dépose des confidences
    à même la vie unanime


    Femme aux lèvres belles
    m'emportant dans son souffle
    jamais la beauté n'est suspecte
    face à la tendresse de la Nature
    je te vois en miroir
    et les eaux gagnent en transparence


    Une main ratisse la sourde lumière
    et ce qui chancelle renaît
    régénère le profond mystère
    dans l'air moire poudroie 
    se frange sur ses pourtours
    en toi s'éveille à ce qui suit
    les collines souveraines
    de ton corps


    Daniel Martinez