Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Journal - Page 13

  • "Résurgences", un poème de Daniel Martinez

    Infiltré par les pluies obscures
    le jour naissait pour donner du fruit
    sous des cités de feuilles mortes
    à l'horizon en ses faibles reliefs

    les mains cueillaient la forme déchirante
    de cet enclenchement mécanique des mots
    qui tapissent nos mémoires 
    et accompagnent un balancement
    de gouttes de branches en branches


    Le temps jamais ne se fait attendre
    en quelque région de neige haute
    elle n'est tombée qu'avec lui qu'avec elle
    Dans leur cage sifflent les canaris
    pour traverser le froid pour relever
    les fougères dont la tête dodeline
    nous buvions là dans la grande allure
    du grand air dans le crin végétal
    la Fortune aux changeantes lumières


    Nous goûtions pour l'éprouver dans sa venue
    le centre même de ce qui est concave
    ce autour de quoi brodent les pensées
    nous étions de sable
    les rébus de quel désastre
    sous l'œil intense de l'oiseau
    la beauté ne disait qu'un mot
    tu t'avises alors de ce que 
    porte en lui le poème
    ses couleurs dans le vent sans couture


    Proches si proches vois en eux se profiler
    les pointes de tes seins menus
    comme nuées douces au toucher
    comment leur résister


    Daniel Martinez
    8/12/24

  • "La naissance de l'instant", un poème de Daniel Martinez

    Que fais-tu là porte ouverte à tous vents
    sous la vague des années
    à suivre des yeux
    l'écho d'une figure singulière
    où l'ici serait un maintenant


    pour ainsi dire happé
    par les matins de gel
    l'hiver se prononce à cette heure
    sourd aux incantations de la foule


    sourd à ce qui plonge
    au cœur du froid en ses terres là même
    où s'étiolent les corridors d'une vie
    tu te crèverais les tympans
    pour ne plus entendre gémir
    sous tes pas maints royaumes 


    pour ne plus te soucier
    que de la naissance de l'instant
    langue arrachée 
    à ce qui n'est pas visible
    sans que tu saches au vrai
    où accrocher tes doigts
    où demeurer plus que jamais


    Que fais-tu là porte ouverte
    mendiant des repères
    à redouter que rien vraiment
    ne se décide à croître

    hors
    l'inventive cruauté humaine


    Daniel Martinez

  • "Dans l'attente", un poème de Daniel Martinez

    Le réel se dédouble disperse ses brindilles
    dans la cavité des mains
    calligraphie tes lèvres ouvre
    la paroi du vide au fil du moindre souffle
    le désir enfin indistinctement

    Lorsque chacun est seul
    avec sa propre manière
    qui est matière surgie
    sur le sable blanc de la toile
    qu'il éparpille ses multiples visages


    sur le givre de ce matin
    fluorescent dans la lumière
    une ouate une nostalgie silencieuse
    une attente figée
    qui unifie les nuances les plus opposées
    ne laissant à voir
    que le moins d'elles-mêmes

    La terre devant toi qui toujours se retire
    sans phrases presque au ras des choses
    tu penses à la sédimentation des secondes
    des minutes des heures
    à une vérité du temps
    de tous les départs
    vers un ailleurs improbable


    et çà et là le papier griffé des ronces
    en leurs savantes combinaisons
    impassibles et graves
    rêches et pauvres
    le hasard y a cours
    une maille à l'endroit une maille à l'envers

    Elles retracent ainsi la part de vie d'un homme
    dont on mesure habituellement l'histoire
    montant et se modulant
    pour s'infléchir après
    une tombée courbe vers la plaine
    où formes et couleurs ensemble confondues
    reviennent à se compliquer


    Daniel Martinez