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  • "Pourquoi opposer la poésie à la liitérature ?" par Annie Le Brun (1942-2024)

    Inclassable, elle n'est, selon Mathias Sieffert, ni « essayiste », ni « écrivaine », ni « philosophe », ni « critique littéraire », ni « pamphlétaire », mais avant tout « poète », même si aucun terme précis ne délimite son œuvre, que Sieffert définit comme une « aventure soustractive », résumée en ces termes : « il s'agit toujours de débarrasser l'esprit de tous les échafaudages théoriques, de tous les édifices moraux, de tous les systèmes construits par la philosophie, de toutes les solutions préconçues par quelque ordre social que ce soit, en somme de se soustraire à tout, pour qu'une fois confronté, nu, à la plus terrifiante noirceur du désir ou à celle du néant, jaillissent enfin, et de manière fugace, de nouvelles raisons de vivre : l'amour, la poésie, tout de ce qui émane de la plus “sauvage innocence” et qui, au plus près du corps, invite à une perpétuelle “insurrection lyrique ».
    J'y ai fait allusion dans l'hommage rendu à Daniel Abel dans le numéro 93 de Diérèse, à Annie Le Brun qui écrivait : "Le féminisme, c'est fini", histoire de se distinguer des dérivés anxiolytiques d'une cause certes plus que respectable, ici et maintenant dévoyée par la Société du Grand Spectacle et ses affidés. On n'en finira donc jamais, avec les bonnes intentions, nourries par un populisme systémique.

    DIERESE 93.jpg

    L'occasion pour votre serviteur de remercier Xavier Makowski pour la maquette de la couverture du numéro d'été dont il est le concepteur.

    Suite le 7 juillet 2025

  • "Ici même", un poème de Daniel Martinez

    Comme s'il suffisait que la terre
    où séjournent des formes infinies
    fût le pouls des vagues qui la traversent
    continûment jumelles épicées de cèdre
    mousses feuillues touchant
    la rondeur nue d'une épaule la tienne
    effluences de toutes sortes
    sous les ventres des nuées
    au feu des mots brûlés
    qui te viennent sous la langue
    sous les syncopes des saisons
    jusqu'à davantage
    papilles nervures salives
    absorbées par la planète humaine
    et voûte de la mémoire
    palais d'Elytis visitant 
    le cœur serré
    la maison ancestrale
    plumes vertes des lataniers
    gonflées par les bruits de fond de l'univers
    comme autant d'atouts dans un jeu
    où rien n'est définitivement acquis
                  ici même où les villes et villages
    bâtis de longue date
    se lâchent et se desserrent
    où les ombres venues de l'eau
    courent entre tes mains
    s'enivrent du vin roux de Falasarna
    gouttes globules rêvant d'être sable
    au plus tendre équilibre 
    entre vivre et mourir
    voyages des marées
    offrons-leur
    tous les rivages
    recomposés
    selon les lignes du hasard 
    les tournoyants soleils
    les grandes peurs rocailleuses
    brassées de mille manières
    elles et nous
    nous et elles remis
    à la grammaire de la nature
    sauvés avant que d'être perdus
    sans plus rien dire
    si ce n'est
    durer


    Daniel Martinez