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Auteurs

  • "Les moissons délaissées", de Jean-Guy Soumy, chez Robert Laffont, octobre 1992, 396 pages, 125 F

    Jean-Guy Soumy est né à Guéret (Creuse), le premier juin 1952. Il a étudié la physique et les mathématiques à l'université de Limoges, puis a enseigné les mathématiques à l'I.U.F.M. du Limousin, à Limoges. Il vit aujourd'hui près de Bourganeuf, en région Nouvelle-Aquitaine.
    Il est l'auteur de la trilogie "Les Moissons délaissées", dont le 1er tome a paru en octobre 1992, celui-là même dont je vous livrerai plus bas quelques extraits, mais aussi co-auteur d'ouvrages de mathématiques parus dans la collection "Vivre les mathématiques" chez l'éditeur Armand Colin. Jean-Guy Soumy appartient à l'École de Brive, nom donné à un courant contemporain du roman de terroir.
    C'est l'histoire d'un homme et d'une famille que nous retrace Les moissons délaissées, roman chargé d'événements et de péripéties, qui restitue avec fidélité le monde rural du Second Empire et le Paris de Haussmann et de Garnier. Plus encore, Jean-Guy Soumy rend vie à un moment mal connu de notre passé et redonne voix au pays creusois. C'est en mars 1860, dans le petit village de Couteilles, au sud de Guéret, que le jeune François Ribière, pour la première fois, s'apprête à grossir la troupe de ceux qui partent "limousiner" - entendons par là qui s'en vont, à pied ou à cheval, rejoindre Paris afin de travailler, comme apprentis puis comme maçons, dans les gigantesques chantiers que le Second Empire y a ouverts. Il abandonne donc les siens tout comme les figures aimées et troque un environnement champêtre contre un cadre citadin, se fortifiant l'âme au contact des républicains qui s'opposent à l'Empereur Napoléon III, surnommé Badinguet par les républicains (du nom de l'ouvrier qui lui avait prêté ses habits lorsqu'il s'évada du fort de Ham, en 1846).

    J'ai choisi pour les lecteurs du blog (qui me pardonneront d'être resté silencieux pendant le temps de la mise au net du numéro 94 de Diérèse) un extrait du quatrième chapitre (d'un livre qui en compte neuf) intitulé "L'hiver aux Couteilles".

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  • "Deux Sœurs", ("The Sisters") d'Archibald Joseph Cronin, traduit de l'anglais par Jane Fillon, éditions Albin Michel, 313 pages, 1975

    Considéré comme un roman mineur de Cronin, Deux sœurs n'en mérite pas moins le détour, servi qu'il est par l'excellente traduction de Jane Fillon. Car les multiples rebondissements de l'intrigue démontrent s'il en était besoin que rien n'est joué d'avance, que tout peut basculer, par la volonté de l'auteur et son refus de simplifier les tenants et aboutissants, dans une vision non manichéenne des rapports humains. Cette vision éthique du romancier a mes faveurs, celle d'un auteur découvert dès l'adolescence avec Les Clés du royaume. Voici ce que ce livre, Deux sœurs, met en scène, dans le milieu médical, sans oublier que A. J. Cronin fut d'abord médecin des pauvres en milieu industriel :

    "Ce n'est pas Anne Lee qui aurait laissé un malade en danger de mort pour aller se préparer une tasse de thé : elle a une conception bien trop haute de son devoir d'infirmière. Sa sœur, Lucy, n'a pas autant de conscience professionnelle et l'enfant qu’elle aurait dû surveiller meurt. Afin que Lucy, encore stagiaire, ne se voit pas interdire la profession, Anne prend la faute sur elle. Renvoyée de l'hôpital de Shereham, elle est engagée à celui de Hepperton, dans la banlieue de Manchester. Sa valeur y est vite appréciée. Son intervention lors de l'opération du très influent Matt Bowley en est une des multiples preuves. Pourtant, elle sera encore congédiée. 
    Le chirurgien Prescott l'a recommandée à un hôpital de Londres, mais elle a dû renoncer a son rêve de faire carrière avec sa sœur : Lucy, qui ne pense qu'à gagner de l'argent, est entrée dans une clinique de mauvaise réputation. Se consacrer à l'amélioration du sort des infirmières, voilà désormais le seul but d’Anne - une vie solitaire vouée son métier, sa seule ambition - mais de nouveau l'égoïste et légère Lucy est la pierre qui déviera le cours de son existence, cette fois vers un avenir moins austère et plus heureux."

    Pour les lecteurs du blog, cet extrait :

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  • "Sens unique", de Malcolm de Chazal, éditions L'Ether Vague, 21 décembre 1985, 102 pages, 65 F

    Du 11 septembre 2024 au 19 janvier de cette année, a eu lieu à la Halle Saint-Pierre (à Paris) une exposition de l'œuvre plastique de Malcolm de Chazal, qu'André Breton considérait comme un surréaliste, rétrospective ainsi présentée :

    « Génie, ce nom et aucun autre ». Adulé autant par les surréalistes parisiens que par Georges Bataille, Francis Ponge ou Jean Dubuffet, l’irruption de Malcolm de Chazal dans le milieu artistique de la Ville Lumière fut aussi fracassante que brève. Dans le monde de ce véritable démiurge, aussi poète que peintre, le quotidien se fait merveilleux, les fleurs vivent en symbiose avec les hommes, les couleurs et la lumière dansent dans une transe à la beauté quasi-divine. D’abord élevé au rang de génie avant d’être jugé fou par ses pairs, l’artiste incompris voit dans les montagnes de son Île Maurice les vestiges d’un continent englouti, un cosmos peuplé de fées, une nature de couleurs et de sensations. C’est par la peinture que Malcolm de Chazal fixe l’âme de son île, à travers des séries de toiles à la frénésie créatrice libérée, faussement enfantine. Ici, les couleurs explosent, des pigments inattendus révèlent les couches cachées d’un monde invisible. Comme un fascinant voyage à travers les méandres d’un esprit mystique, cette exposition lève le voile sur l’art magique et irrationnel d’un peintre qui a su capturer la beauté de son propre univers.

    Ce Mauricien, né en 1902 à Vacoas, et décédé en 1981 sur cette île toujours, de l'océan Indien. C'est par la publication dans l'Hexagone - en juin 1948 aux éditions Gallimard -, de Sens-plastique, qu'il se fait connaître. Conquis, Jean Paulhan préface ce livre, à prédominance aphoristique, citons au hasard : "La bouche est un fruit qu'on mange à même la peau." 
    ... Sens unique est un ouvrage plus en marge de l'œuvre, empreint d'un mysticisme cher à l'auteur, paru en l'île Maurice, quelque onze années avant qu'il ne soit édité en France, en 1985, par les éditions L'Ether vague. Ce livre est le pendant de L'Homme et la Connaissance, publié la même année chez Jean-Jacques Pauvert. Malcolm de Chazal a crée une cosmogonie où l'intelligence se fait par la connaissance de l'Extra visible.
    Chantre de l'Univers Magique, il dévoile par le langage des correspondances les corrélations universelles, au sein desquelles s'échafaude une expérience entre les sens. Cette philosophie du Vivant qui le caractérise (à l'inverse d'un Maurice Blanchot ou d'un Michel Foucault dont les propos sur le sujet me laissent de marbre : "Je parle en quelque sorte sur le cadavre des autres." in Le beau danger, éd. EHESS), alchimique même, flirtant avec l'occultisme et non conventionnelle, elle fait justement la part belle au corps humain, sous toutes ses facettes, sans cesse magnifié, dans un parfait accord avec la nature : "La fleur est en même temps sein, bouche et sexe, femme au complet, sexe-trinité dans l'unité." (Sens-plastique), métaphore devenue, dans Sens Unique : "J'ai humanisé la fleur. J'humanise tout par mon pinceau."
    Le sens unique est in fine à entendre comme une uniconscience, issue d'une reconstruction mentale, où le Fabuleux rime avec l'esprit d'enfance : "L'entant relie tout, comme le poète. Le terme religion (latin ligare, lier) prit pour moi un nouveau sens. On enseigne à l'enfant les religions, lui qui connaît tout, et ainsi on le détruit".

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