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Diérèse et Les Deux-Siciles

  • "Fluctuances", un poème de Daniel Martinez

    Pêle-mêle ces souvenirs te reviennent
    ils ont les couleurs indécises du passé
    mais
    ne convoient qu'images entrecoupées
    une musique de soi à soi

    interrompue par les flux discordants de l'histoire
    dont chacun de nous porte les traces
    plus ou moins exposées selon
    les doigts de verre qui les tiennent en suspens


    Qui sait le froid exact d'un visage 
    né des oublis de la terre
    et que les vents dominants 

    offrent au vin roux des collines
    aux lèvres
    des plaisirs de l'enfance
    de la griserie des bulles

    sans jamais en dévier le cours


    Ce chemin accompli par la pensée
    élude le présent c'était il y a de cela longtemps
    Nous avions pour approcher un tant soit peu
    le cœur du grand secret
    comme repère la ligne d'horizon
    là même où s'éventent aussi légers que la cendre
    les filaments nerveux d'une humanité défaite


    Tout est là pourtant qui se tient lové
    dans un bourdonnement de silence 
    sans qu'un seul mot soit prononcé
    hors la surprise de vivre sa simple épure
    délivrée du poids du non-être
    ramenée aux beautés du très bas
    de la langue à la bouche
    passant de l'eau aux aulx


    Daniel Martinez

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  • "Forge", poème de Daniel Martinez

    Glissant sur l'horizon
    dans le pur noyau de lumière
    c'est l'heure du passage
    flammes d'ambre rosissant

    les formes des nuages dessinées
    emportées dans un prodigieux 
    champ de braises
    qui par ondes successives

    mordorent les terres
    il te faut longer la brûlure
    ouvrir l'image à elle-même 

    dans les profondeurs du temps
    entre l'air et les nuées

    tout est là qui vogue à l'estime
    le cœur se love se chaperonne d'écarlate
    réanime la rose des sables
    - c'est un peu de ta voix
    qui agite le silence
    chevelure parée
    de tous les apprêts du voyage

    Il ne restera rien de la ville

    de ses chemins de ronde où lire l'avenir
    qui se fraie un regard
    à mesure qu’elle s’efface


    Daniel Martinez

  • "Impossibilité régnante" , Hervé Piekarski, éditions Unes, janvier 1989, 144 pages

    Hervé Piekarski est né en 1955 à Marseille. Ses deux premiers livres, Ouest et Évangile, paraissent en 1984 aux Editions Unes, suivi d’Impossibilité régnante en 1989 et de L'Etat d'enfance en 1992. Il publie par la suite quatre livres aux éditions Flammarion, avant d’y poursuivre le mouvement de L'Etat d'enfance (tome II en 2016, tome III en 2021), ainsi que Un Récit Que Notre Joie Empêche, Le gel à bord du Titanic & Limitrophe.
    La série intitulée L'Etat d'enfance couvre trente années d’écriture, déclinée en une longue suite de blocs de prose méditative, comme autant de stations de veille où les visions nocturnes alternent avec les réflexions métaphysiques et les fulgurances de souvenirs et récits noirs. Il s’agit pour l’auteur de dresser face à la fêlure intime et la faillite collective un dispositif poétique aux ramifications infinies pour résister à la submersion du langage. Piekarski a également été le maître d’œuvre de l’édition des carnets de Roger Giroux dans les années 1980 (Journal du poèmeSoit donc celaBlank). Il a reçu le prix Théophile-Gautier de l’Académie française en 2016 pour L’État d’enfance II. Après de longues années passées à Montpellier, il est aujourd’hui retourné vivre dans sa région natale.

    Extraits d'Impossibilité régnante, ces deux pages (31 & 32) illustrent l'esprit du livre :

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