Journal - Page 11
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"La cillée des eaux", un poème de Daniel Martinez
Sous l'ovale du saule et sur le sentier
de si fines herbes en larmes
un ciel comme du thé délivrant de leur poids
de vieilles couleurs poudreuses
fondues dans l'apesanteur
Tu avances là jusqu'aux signes insignifiants
jusqu'à la cillée des eaux
et ce qui bat drapé de peu de mots
compose l'ombre double
celle qui te précède
accompagne celle qui te suit
étreint la terre meuble
Le monde ainsi s'écrit mètre après mètre
et l'instant que tu crois vivre
tremblant respirant entouré
du chœur muet parfaitement immobile
d'une substance diurne
s'élève vers le grandiose
que tisse et détisse l'automne
tout un arrière-pays mental
flux de doucereuse mélancolie
Guillaume n'est pas loin
son Automne malade et adoré
ne méritait-il pas le féminin
qu'importe il y aura toujours à effeuiller
le limitrophe et le lointain
un rayon d'eau perçant
les mains du Hasard
qui puisent à leur amont
et s'inventent l'aval
Que te reste-t-il à saisir au juste
si ce n'est la rouge vigne vierge
aux ailes mouillées aux veines salivantes
la bouche violette des liserons
ou l'odeur d'encre de l'imprimerie voisine
dolente roue des pages tournées
une à une jusqu'au cri fluté
du courlis cendré
tel un hochement d'assentiment
Daniel Martinez20/10/24
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"Le bâtis du temps", poème de Daniel Martinez
à Jean-Paul B.
La Croix du Sud décline sur l'horizon
la barre de l'aube apparaît déjà
par la campagne noire
il fait jour au moment
où tu atteins le petit clos
et toute la grande plaine s'envole alors
jusqu'aux quatre horizons
puis se tourne en infime poussière
que les vents par moments balaient
des silhouettes de blanc vêtues passent sur le fond
franchissant la pénombre des cyprès
plus hiératiques que des pyramides
plus énigmatiques que des obélisques
baignés dans la transparence d'un ambre liquide
pareil à la lumière d'un antre marin
fondu aux racines chromosomiques des astres
Entre les miroirs confrontés
tant d'êtres probables sans lieu précis
sinon l'attente du sens en instance
entre nous-mêmes et le réel
moment de grâce où les choses soudain
se délient s'expliquent l'une par l'autre
sans le cortège des peines
ni celui d'un destin caché
mais sous l'éclat des soies profondes
livrées aux lignes d'une vie
passée à quêter le bâtis du temps
dessous la robe d'eau volatile
et les rires étouffés d'un autrefois
remisé sous les arbres
qui te saluent de loin
Daniel Martinez