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Jean-Claude Pinson est né en 1947. En 1995, après un premier essai sur la poésie contemporaine, Habiter en poète, suivront plusieurs livres de poésie (Fado [avec flocons et fantômes]) (Champ Vallon, 2001), Alphabet cyrillique (Champ Vallon, 2016), et, en 2018, aux éditions Joca seria, un récit en prose à caractère autobiographique intitulé Là (L.-A., Loire-Atlantique), variations autobiographiques et départementales.
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"Or, elle", un poème de Daniel Martinez
T'en souvient-il de ces lys qui fleuraient
le pauvre espoir d'éventrer d'autres cieux
du paysage imprimé sur ton carnet de route
de tous les reflets voleurs d'eau
par la percée de la charmille
où les marques d'un corps en souffrance
demeurent
T'en souvient-il de cette clinique
de Denia près d'Alicante
lorsqu'en fine bruine les réseaux nerveux
hérissés de senteurs de couleurs
des traces d'anciens lierres grimpant à la croisée
préparaient ce moment du Passage
sur la pointe des pieds la muse Myrtis
en sa figure de vierge embrassait ton visage
L'encre bleue des tempes riche en lumières mouvantes
puisaient ici ou là d'ultimes moments
présage d'une conscience
prête à te quitter
d'un surcroît d'ardeur conquérante
obéissant à un ordre secret
entre l'air et la buée
de la langue à la bouche
puis au fond de la gorge c'est ainsi
que l'on se vide du hasard
jusqu'à l'ultime
Des oiseaux désordonnés
quittent le navire et tu restes à quai
épelant des marbres verts
des îles par milliers qui s'effacent
un bandeau blanc au front petite sœur
dans l'unité d'un monde qui t'a refusé l'accueil
je te berce seule dans la nuit des temps
Daniel Martinez -
"L'allée", un poème de Daniel Martinez
Calèche postée devant la grille
son ombre recouvre les nôtres
au travers d'une brume les runes
gravées au fond des yeux
multiplient les sensations
que l'on reçoit des choses
personne ne nous attendait
Des lunes de papier cherchaient refuge
entre les mains du hasard
des galaxies providentielles
affûtaient les lois du huitième ciel
comme si la fenêtre entrouverte
avait laissé passer le silence des dieux
la poussière des os quand le cœur tonne
dans le grand vide un fluide étrange
une sorte d'orage sec célèbre nos destins
et tu pleures comme d'autres rient
une mousse d'or semblable aux vaisseaux
des paupières à l'odeur de l'humus
confondue à celle de ton corpsMaintenant que la pluie bat à la fenêtre écoute
les mots qui furent nôtres se fluidifier
sous la langue se sont perdus
tous les chemins possibles
les éclats du puzzle à recomposer
tandis qu'émerge la vie antérieure
dans la texture du présent
unissant l'ici à l'au-delà des songes
aspirés vers la terre
et déviés par le second jour de la chambre
entre les mains noires de la grille d'entrée
et les roses de pierre
changées en talismansDaniel Martinez
26/6/25