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  • "A quoi bon la poésie aujourd'hui ?", de Jean-Claude Pinson, éditions Pleins Feux, avril 1999, 72 pages, 48 F

    Jean-Claude Pinson est né en 1947. En 1995, après un premier essai sur la poésie contemporaine, Habiter en poète, suivront plusieurs livres de poésie (Fado [avec flocons et fantômes]) (Champ Vallon, 2001), Alphabet cyrillique (Champ Vallon, 2016), et, en 2018, aux éditions Joca seria, un récit en prose à caractère autobiographique intitulé Là (L.-A., Loire-Atlantique), variations autobiographiques et départementales.
    Le recueil dont sont extraites les réflexions qui suivent a le mérite de poser les questions essentielles à la compréhension du médium poétique dans une vision frontale, cadrée, attentive aux motifs de ce qui constitue sa raison d'être, dans et hors le phrasé de la langue, tentant d'approcher graduellement quel est son cap.

    Voici :

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  • "Or, elle", un poème de Daniel Martinez

     

    T'en souvient-il de ces lys qui fleuraient
    le pauvre espoir d'éventrer d'autres cieux
    du paysage imprimé sur ton carnet de route
    de tous les reflets voleurs d'eau
    par la percée de la charmille
    où les marques d'un corps en souffrance
    demeurent


    T'en souvient-il de cette clinique
    de Denia près d'Alicante
    lorsqu'en fine bruine les réseaux nerveux
    hérissés de senteurs de couleurs
    des traces d'anciens lierres grimpant à la croisée
    préparaient ce moment du Passage
    sur la pointe des pieds la muse Myrtis
    en sa figure de vierge embrassait ton visage


    L'encre bleue des tempes riche en lumières mouvantes
    puisaient ici ou là d'ultimes moments
    présage d'une conscience
    prête à te quitter
    d'un surcroît d'ardeur conquérante
    obéissant à un ordre secret
    entre l'air et la buée
    de la langue à la bouche
    puis au fond de la gorge c'est ainsi
    que l'on se vide du hasard
    jusqu'à l'ultime 


    Des oiseaux désordonnés
    quittent le navire et tu restes à quai
    épelant des marbres verts
    des îles par milliers qui s'effacent
    un bandeau blanc au front petite sœur
    dans l'unité d'un monde qui t'a refusé l'accueil
    je te berce seule dans la nuit des temps


    Daniel Martinez

  • "L'allée", un poème de Daniel Martinez

    Calèche postée devant la grille
    son ombre recouvre les nôtres
    au travers d'une brume les runes
    gravées au fond des yeux
    multiplient les sensations
    que l'on reçoit des choses
    personne ne nous attendait


    Des lunes de papier cherchaient refuge
    entre les mains du hasard
    des galaxies providentielles
    affûtaient les lois du huitième ciel
    comme si la fenêtre entrouverte
    avait laissé passer le silence des dieux
    la poussière des os quand le cœur tonne
    dans le grand vide un fluide étrange
    une sorte d'orage sec célèbre nos destins
    et tu pleures comme d'autres rient
    une mousse d'or semblable aux vaisseaux
    des paupières à l'odeur de l'humus
    confondue à celle de ton corps

    Maintenant que la pluie bat à la fenêtre écoute
    les mots qui furent nôtres se fluidifier 
    sous la langue se sont perdus
    tous les chemins possibles
    les éclats du puzzle à recomposer
    tandis qu'émerge la vie antérieure 
    dans la texture du présent
    unissant l'ici à l'au-delà des songes 
    aspirés vers la terre
    et déviés par le second jour de la chambre
    entre les mains noires de la grille d'entrée
    et les roses de pierre
    changées en talismans

    Daniel Martinez
    26/6/25