Auteurs - Page 29
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Un auteur peu médiatisé et pourtant... Grand traducteur, et reconnu par ses pairs en tant que tel (de Leopardi, Dante, L'Arioste, Le Tasse, Ugo Foscolo, Michel-Ange...), poète et romancier, fondateur de la revue et des éditions de L'Alphée il a su construire une œuvre originale qui prend racine aux frontières du discernement et compose avec le réel pour lui redonner le contenu sensible autant qu'originel qui finirait par nous échapper si nous n'y prenions garde - sa formation de psychanalyste l'y incite - sans corset rhétorique ou blindage théorique. Dans la forme, parfois proche de Gérard Macé, Michel Orcel sait puiser au bonheur des mots pour leur conférer du sens au pied de l'arbre du langage. Il veille de la manière à se montrer autant passeur que témoin, faisant corps avec la toute-puissance du regard pour ce qu'il lui permettra de configurer, afin d'en porter la substance jusqu'à l'écrit, le mettre en mots.
Son dernier livre en date, intitulé Paradoxa, est sorti en février 2022, aux éditions Arcadès Ambo (Nice). Il est composé de billets – d'aphorismes, aurait dit Nietzsche – qui pointent quelques paradoxes sur lesquels sont établis nos savoirs les plus sûrs ; ils dénoncent aussi les dérives, politiques ou religieuses, de la post-modernité ; et, loin de tout dogmatisme, laissent également place à de brèves rêveries métaphysiques.
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"Le Brigand", de Robert Walser, traduction de Jean Launay, éditions Gallimard, 1985, 160 pages, 85 F
Les premières lignes de L’Institut Benjamenta ont révélé aux lecteurs français, par la traduction de Marthe Robert (Grasset, 1960), la voix étrange de ce grand écrivain suisse de langue allemande : « Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant et nous autres, garçons de l’Institut Benjamenta, nous n’arriverons à rien, c’est-à-dire que nous serons plus tard des gens très humbles et subalternes. » Peu connu de son vivant, Walser a été admiré par les plus grands de ses contemporains : Kafka, Hesse, Musil, Walter Benjamin.
Quand il publie Vie de poète (1917), il est revenu depuis quatre ans à Bienne, sa ville natale, petite bourgade du canton de Berne. Dès 1892, à 15 ans, il abandonne l’école malgré des résultats honorables, et en 1895, quitte sa famille – des commerçants aisés –, pour une vie d’aventures poétiques et théâtrales et un quotidien de petits travaux précaires. En 1905, il rejoint à Berlin son frère Carl, peintre et décorateur de théâtre, et ces huit années berlinoises où il fréquente l’avant-garde littéraire sont fécondes. Tout en suivant une formation de domestique et en étant, quelque temps, laquais dans un château, il publie des poèmes dans des revues et ses trois romans Les Enfants Tanner (1907), L’Homme à tout faire (1908), L’Institut Benjamenta (1909). De retour à Bienne en 1913, il est atteint par une dépression, la première.
En 1921 il s’installe à Berne, continue à écrire de petits textes, des feuilletons, des « microgrammes », même dans la maison de santé de Waldau où il est hospitalisé en 1924. Mais quand il est, en 1933, interné – contre son gré –, à l’hôpital psychiatrique de Herisau, il se tait pour toujours. Robert Walser est mort seul dans la neige le jour de Noël 1956.Francine de Martinoir
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"A la pêche aux ombles-chevaliers", de Jean-Marie Gibbal, un texte inédit de janvier 1991
Le poète et ethnologue Jean-Marie Gibbal (1938-1993) a dirigé la revue "Exit" dédiée à l'art et à la poésie, revue qui vit paraître 13 numéros dont deux doubles (décembre 1973-automne 1977). Voyageur impénitent, il avait un point d'attache à Meylan, en Isère. Il est né et mort à Grenoble.
Grand connaisseur des phénomènes de transes en Afrique centrale et au Brésil, on lui doit Guérisseurs et Magiciens du Sahel (Anne-Marie Métallié, 1984), Les Génies du fleuve : Voyage sur le Niger (Presses de la Renaissance, 1988). A propos d'un ami, Jean-Marie Gibbal a écrit Georges Perros, la spirale du secret (Plon, 1991). Pour ce qui est de ses ouvrages littéraires et poétiques, citons Le Masque intérieur (Pierre-Jean Oswald,1973), première œuvre littéraire à porter à l'actif de Jean-Marie Gibbal, paru l'année même de la sortie du numéro 1 d'"Exit". Un extrait de ce livre vous est proposé sur l'ancien blog : http://diereseetles-deuxsiciles.hautetfort.com, à la rubrique "Auteurs", saisi le 4/10/2021. Viennent ensuite Le Petit livre du désir fou (Le Verbe et l'Empreinte,1977), Le Sens de l'orientation (Recherches, 1980), Éclats (Convergences,1983), Le Sortilège des terrasses (Hôtel Continental, 1984).
Ce texte à présent, qui tient du journal, un journal rétrospectif s'entend, en date du 1er août 1962 - l'auteur avait alors 24 ans - est encore inédit. L'omble-chevalier (Salmo Salvelinus) est une sorte de saumon à la chair délicate, qui vit surtout dans les lacs d'Europe centrale, et très haut dans les Alpes, voici :
Jean-Marie Gibbal