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C'est Hubert Juin qui a permis que soit éditée une biobibliographie fournie de ce poète belge (Seghers, 1969, coll. Poètes d'aujourd'hui, n° 185), un auteur quelque peu absent des anthologies, mais que le Mercure de France publia par deux fois au début du vingtième siècle, soit :
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"La naissance de l'instant", un poème de Daniel Martinez
Que fais-tu là porte ouverte à tous vents
sous la vague des années
à suivre des yeux
l'écho d'une figure singulière
où l'ici serait un maintenant
pour ainsi dire happé
par les matins de gel
l'hiver se prononce à cette heure
sourd aux incantations de la foule
sourd à ce qui plonge
au cœur du froid en ses terres là même
où s'étiolent les corridors d'une vie
tu te crèverais les tympans
pour ne plus entendre gémir
sous tes pas maints royaumes
pour ne plus te soucier
que de la naissance de l'instant
langue arrachée
à ce qui n'est pas visible
sans que tu saches au vrai
où accrocher tes doigts
où demeurer plus que jamais
Que fais-tu là porte ouverte
mendiant des repères
à redouter que rien vraiment
ne se décide à croître
hors l'inventive cruauté humaine
Daniel Martinez -
"Le Visiteur qui jamais ne vient", de Roger Munier, éditions Lettres Vives, coll. Nouvelle Gnose, mai 1983, 64 p., 49 F.
Deux mois à peine après que Roger Munier avait terminé d'écrire "Le Visiteur...", soit le 22 mars 1983, son éditeur fit paraître ce livre, bien dans le ton du philosophe-poète, dont la langue épurée autant que réfléchie ouvre sans discontinuer le champ sémantique et dénonce les faux-semblants de la pensée : dans un souci de rigueur qui tente de délivrer les mystères du monde que l'écrivain scrute pas à pas, d'un fin regard de connaisseur. En préface à ce livre, Roger Munier précise : "Il (ndlr : le Visiteur) est le sens qui se diffère, l'espoir ou la vision qui s'offrent autant qu'ils se dérobent, la sérénité, en un mot, de l'attente qui n'est qu'attente, mais s'illumine comme attente."
Roger Munier a bien connu le poète Paul de Roux, qui dans ses Carnets mentionne, en date du 4 août 1984, un extrait d'une lettre que celui-ci lui avait adressée : "Décrire, simplement décrire est peut-être la plus haute pensée. Dans le passage aux mots, se lève comme un absolu de la chose. Ab-solu, détaché, vibrant, dans ce passage..." (in Les intermittences du jour, éd. Le temps qu'il fait, 1989). Toute sa quête pourrait ainsi se résumer, sans fioriture aucune, mais touchant à l'essence, à l'essentiel.Ecoutons-le plutôt :