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"La cillée des eaux", un poème de Daniel Martinez

Sous l'ovale du saule et sur le sentier
de si fines herbes en larmes
un ciel comme du thé délivrant de leur poids
de vieilles couleurs poudreuses
fondues dans l'apesanteur


Tu avances là jusqu'aux signes insignifiants
jusqu'à la cillée des eaux
et ce qui bat drapé de peu de mots
compose l'ombre double
celle qui te précède
accompagne celle qui te suit
étreint la terre meuble


Le monde ainsi s'écrit mètre après mètre
et l'instant que tu crois vivre
tremblant respirant entouré
du chœur muet parfaitement immobile
d'une substance diurne 
s'élève vers le grandiose
que tisse et détisse l'automne
tout un arrière-pays mental
flux de doucereuse mélancolie


Guillaume n'est pas loin
son Automne malade et adoré
ne méritait-il pas le féminin
qu'importe il y aura toujours à effeuiller
le limitrophe et le lointain
un rayon d'eau perçant 
les mains du Hasard
qui puisent à leur amont
et s'inventent l'aval


Que te reste-t-il à saisir au juste
si ce n'est la rouge vigne vierge
aux ailes mouillées aux veines salivantes
la bouche violette des liserons
ou l'odeur d'encre de l'imprimerie voisine
dolente roue des pages tournées
une à une jusqu'au cri fluté
du courlis cendré
tel un hochement d'assentiment


Daniel Martinez

20/10/24

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