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Auteurs - Page 34

  • "Yann Andréa Steiner" de Marguerite Duras, éditions POL, 9 juin 1992, 144 pages, 79 F

    L'un de ces livres autobiographiques de Marguerite Duras, dont elle avait le secret, où elle nous parle de celui qui fut son dernier compagnon, Yann Andréa Steiner, son dernier amour, qui donne son titre au livre. Rien de romancé, de sentimental à l'excès, tout est dans le ton, un style faussement simple pour dire le fragile et l'impalpable, le fugitif qu'il convient d'essayer de saisir au mieux pour ne pas le perdre, ou en perdre le moins possible par l'écrit, avec l'étrange sensation d'avoir effeuillé des jours leurs envers. Quand la beauté serait son en-face, son miroir dans le fini, la figure de son manque, sur la scène de la vie. Son subtil inachèvement.
    D'une voix qui bien sûr s'adresse ostensiblement au lecteur, mais se permet, aussi, de parler à la personne qu'elle fait vivre, qu'elle vouvoie ou tutoie selon, et à celles qui viennent se greffer à l'histoire dans le même temps, l'enrichir ; une voix totale et qui, pour le rester, refuse de se plier à un quelconque genre.
    Lisez plutôt cet extrait choisi :

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  • "La Mer écrite" : Marguerite Duras, photographies d'Hélène Bamberger, éditions Marval, 1996, 72 pages, 59 F.

    Dernier livre de Marguerite Duras, décédée le 3 mars 1996, dont elle a pu corriger les épreuves mais qu'elle n'a jamais vu imprimé, on ne peut se le procurer aujourd'hui que dans sa version numérique (...). De 1980 à 1994, Marguerite Duras et sa jeune amie photographe Hélène Bamberger ont réalisé de petits voyages en Normandie, mais aussi dans son appartement de la rue Saint-Benoît à Paris. Peu à peu les itinéraires et les cadrages ont été dictés par l'écrivain qui présente dans ce livre "son" paysage, via des images de très nombreux lieux, maisons, objets qui retenaient son regard. Yann Andréa, son compagnon rencontré en 1980 et qui l'accompagnera jusqu'à sa mort, la conduit dans ses courts périples avec la photographe chargée de garder mémoire de ce que sont, de ce que furent ses derniers points d'attache à la vie.
    Le 3 janvier 96, elle dit : "Yann, je suis encore là.
    Il faut que je parte.
    Je ne sais plus où me mettre.
    Je vous écris comme si je vous appelais."

    Plus tard :
    "Je crois que c'est terminé. Que la vie c'est fini.
    Je ne suis plus rien.
    Je suis devenue complètement effrayante.
    Je ne tiens plus ensemble. Viens vite.
    Je n'ai plus de bouche, plus de visage."

    Quelques photos, accompagnées des paroles que Marguerite Duras écrivit en les regardant, ont permis aux éditions Marval de publier La Mer écrite.
    Les propos qui suivent, d'Hélène Bamberger - qui raconte l'aventure de ces photos, de ce livre -, ont été recueillis par Michel Cournot :

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  • "Précis de l’hors-rien, un petit opéra muet pour les poules, les astres et les océans", Matthieu Messagier, illustrations de Simon Messagier, Fata Morgana, 2001, 24 pages

    Matthieu Messagier a participé au numéro 64 de Diérèse (mars 2015, page 169 à 195) en me confiant des extraits de son Journal, qui n'ont pas été repris en livre, intitulés : "Les arts blancs de la varicelle (débris d'un journal éperdu)" : 
              "Je suis né du bruit de mars
              Que font les crues
              Lorsqu'elles frottent leur ventre mystérieux
              Sur les rêveries de la nuit
              Et puis
              J'ai dépensé toute ma fortune
              Dans mon style

              (parenthèse soyeuse).
    "Précis de l'hors-rien", recueil bellement illustré par Simon Messagier, se présente assez souvent comme des notes d'hôtel, un peu à la manière de ces cartes à en-tête que Matthieu envoyait pour accompagner ses messages, toujours écrits (il n'avait pas d'ordinateur, et ne conservait pas toujours de copies de ses poèmes, en vers ou en prose). C'était aussi un authentique plasticien, en digne fils de Jean Messagier. Il fut l'un des principaux acteurs de  "La génération Electrique/ spontanée, imprévue et inéluctable/ C'est ce qui en fait la force,/ Et, cet indispensable lien/ Entre surréalisme-dadaïsme/ Et la Beat Generation/ Sous l'égide pariétale du Grand Jeu" (Diérèse 64).
    Matthieu Messagier, dandy féru de mystères légers comme l'air, qui se plaignait de "l'effroyable médiocrité du réel" a rendu son tablier "au détachant du destin" le 1er juin 2021. Ainsi fut.

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