Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Luna velata", par Andrea Raos, traduction collective, éditions cipM/Les Comptoirs de la Nouvelle B.S., décembre 2003, 8 €

Andrea Raos, poète italien est né en 1968, près de Milan. Il vit actuellement à Paris. Andrea Raos est traducteur et chercheur en littérature japonaise. Il a écrit Discendere il fiume calmo, Franco Buffoni (éd.), Poesia contemporaneaQuinto quaderno italiano, Crocetti Editore, 1996, Lettere nere, 1996-2000, inédit, Aspettami, dice. Poesie 1992-2002, Pieraldo Editore, 2003. Il a par ailleurs dirigé l'anthologie de poésies italienne et japonaise contemporaines Chijô no utagoe - Il coro temporaneo (Le Chœur temporaire), préface Nanni Balestrini et Yoshimasu Gôzô, éditions Shichôsha, 2001.

Luna velata ( Lune voilée) réunit des poèmes écrits de 1998 à 2002.

 

 

 


Une danse


2

"J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans"
disais-tu, et ce courage de l'épouvante
qui te vient, je pense, de savoir seul
chacun avec son angoisse je l'écoute à travers toi


maintenant - moi qui traque les souvenirs
à l'inverse et n'en ai jamais assez
afin de me dire "si moi aussi j'ai vécu
c'est cela que j'opposerai au flux des cellules.


à la peau qui se ride." C'est cela qu'auront
à dire mes synapses - c'est peu ? beaucoup ? -
matrices de fausseté, de cauchemars et de lapsus
encore moins nombreux cette année...


Les souvenirs ne cherchent qu'à remonter.
Charge-t-en, mets-les ailleurs.

 

8

Quelle est la profondeur, où est la vallée humide
vraie mémoire qui m'invite à lui donner tout mon sang et chaque nouvelle
cantilène par lueurs ou panorama convulsif
qu'il faut décrire encore, redire par bribes... à quoi bon ?


Je n'ai plus envie de donner foi à ce misérable schème
d'échanges entre le corps et la terre, et l'air, où je me retrouve
comparant l'esprit à une lune hostile, si proche qu'elle fait mal,
trop lointaine pour comprendre, qui rend fou, et elle riait...

 
Je n'en tire plus aucun plaisir ni spasme - en rêver ou
en vivre l'inexpressivité charnelle, encore moins. Je bouge
de moi à moi, comme l'ombre imminente le réclame, chaque espoir


prêt à jaillir ou chaque désir hésitant - la vie, la mienne dont
la force diminue et les formes déclinent, attirées vers le fond
où s'accordent nos souffles, si je pouvais au moins te sentir m'embrasser, mère.

 

Destruction, écho


Je perds mon temps si j'imagine
une main qui console.
Aucun onguent n'apaisera mon corps.


Je regarde le monde et
ses vagues hypocrisies sur
la vie, ses fondements essentiels,


je regarde à l'abri d'un coin de chaleur moite
la pluie sur le lac imprévue,
qui sait d'où il arrivera, mon éclair.

 

C'est ce besoin que j'ai d'exister
dans un état indépendant de sa cause
dans un mouvement propre de mes jours
qui de mille me fait un, à chaque flot
plus bref martelé par des millions, à chaque un
mille, égal à combien de
milliers, combien de sel. Un fil.

 


Extrait de Séquence mère


Lune voilée, où, lune venue
à manquer, maintenant, merveilleuse
ombre mère, soit


que je regarde la lune qui manquante
ne vit pas, n'est que souffle,
n'est pas souffle, est à moi
et rien ne la retient, elle s'en va
lune de tous ses satellites et soit que
s'accomplisse un sillage
de moins,


quand, combien ?


vie qui me strie,
aucun attachement,
rien qui ne soit pas.


Andrea Raos

 

Les commentaires sont fermés.