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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 92

  • Le courrier des lecteurs : à propos de "Diérèse" 83, Hiver-Printemps 2022, 314 pages, 15 €

    Comme vous l'avez compris en lisant le chapitre "Rubrica" in D.83, m'intéressent les réactions à chaud, voire les analyses des auteurs ou lecteurs de Diérèse. Lettres ou courriels qui ont mon estime, j'en ai sélectionné ici deux en les restituant tels quels, signes de la vie même de cette publication, indépendante (et non subventionnée).

    Pour commencer, un traducteur que vous avez pu apprécier dans ses traductions de Pouchkine et qui a su se pencher attentivement in D.83 sur l'œuvre de Carlos Nejar, un poète mal connu dans l'Hexagone ; un bel ensemble donc, choisi par ses soins, publié en bilingue, dans ce numéro qui vient clôturer les vingt-quatre années d'existence de la revue. S'y exprime aussi un lecteur/auteur - avec mes remerciements pour ces échanges, bien venus. 
    A dire vrai, un travail qui me passionne toujours autant, par ses imprévus, ses heureuses surprises comme celle d'avoir pu publier dans cette livraison quelques pages inédites de Thierry Metz : avec, faut-il le souligner, toute ma gratitude à Françoise M., qui fut la femme du poète.

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  • Une lettre inédite de Franz Kafka à Robert Klopstock (7 avril 1924)

    Cette lettre, ici traduite, a été adressée par Franz Kafka depuis le sanatorium "Wiener Wald", à Ortmann (en Autriche) à Robert Klopstock, "ange gardien" des derniers jours de Kafka qui décède le 3 juin 1924 à Kierling : missive écrite donc deux mois à peine avant sa mort, en toute conscience que ses médecins n'osaient même plus lui dire la vérité.

    C'est en 1921, dans le sanatorium de Matliary que les deux hommes se rencontrèrent : leurs goûts littéraires et philosophiques (notamment Kierkegaard), leur judéité, leurs situations financières précaires et leur santé pareillement affectée par la tuberculose, les rapprochèrent au point de les rendre inséparables. Se développa dès lors entre eux une relation de nature quasi-filiale: Robert Klopstock était un étudiant en médecine désargenté, et Franz Kafka fit son possible pour l'aider à venir poursuivre ses études à Prague et lui apporter un soutien moral dans ses épreuves. De son côté, Robert Klopstock s'inquiétait de la santé de Kafka, lui envoyait lettres et colis quand celui-ci était loin de Prague, et vint l'assister dans les dernières semaines de sa vie au sanatorium de Kierling. Ce qui fit écrire à Franz Kafka, peu de temps avant sa mort : "Je sais par expérience qu'on est soutenu par [Klopstock] comme dans les bras de l'ange gardien".

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  • Alain Bosquet, en tête-à-tête

    En 1970, Alain Bosquet a imaginé un entretien qu'il conduirait lui-même, se donnant la parole en quelque sorte, écoutons-le :

    - Vos lectures sérieuses ?

    - Mon Panthéon personnel, je l'ai bâti à seize ans. Il a peu varié. La prose pour Cervantès et la poésie pour Valéry. Il m'a suffi d'ajouter, plus tard, Kafka. Ces trois-là me nourriraient dans une île déserte, selon le cliché. A la rigueur aussi, une page de Rilke, de Saint-John Perse et quelques chapitres de Kierkegaard.

    - Voulez-vous compléter votre palmarès ?

    - En musique, je ne garde que Mozart, Vivaldi et Richard Strauss. Bien sûr, tout Ravel.

    - La peinture ?

    - L’œil est avide comme une tigresse : même quand il est rassasié, il se saoule d'images. Je crois que personne plus que Van Eyck ne m'a jamais ému : l'absolu et le trivial conjugués, l'homme proche de Dieu et à la fois dans la fange... J'aime beaucoup La Tour, bien qu'il soit surtout un grand metteur en scène : éteignez-moi cette bougie qui met en évidence toutes les rides ! Je m'incline devant Velázquez, qui ne peint que les éclopés, les monstres, les monarques dégénérés. Claude Monet me dissout avec délices : un bonhomme qui veut confondre l'eau et la terre, la terre et l'azur : une exquise noyade ! Je songe à Rubens, qui a pourvu le Christ de gros biceps. J'admire Seurat : il fragmente mon univers comme pour le rendre poudreux, impalpable, évanescent.

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