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Journal - Page 4

  • "lèvre", un poème de Daniel Martinez

    lèvre pour éventer
    ce qui sourd à la porte de l'âme
    pour suivre la mort très lente
    des derniers finistères 
    et d'autres Amériques
    un simple souffle sur les cheveux
    livrés à la naïve harmonie de cet instant
    sur quoi se détachent
    les silhouettes de journaliers
    qui s'en vont défier d'un regard
    les progrès de la souffrance
    quand elle emprunte
    l'odeur des flammes blanches
    sur le brun des grès
    d'une rive à l'autre pour payer
    le prix de ton passage


    lèvre qui débouche à l'orée
    tel un faon passant
    le porche des sous-bois
    sur la terre feue
    pour y cueillir l'herbe guérisseuse
    y boire toucher des deux
    le vœu de la bruyère
    parmi les poussières invisibles
    tu n'es qu'un morceau d'ombre
    semé des grandeurs
    de l'entre-deux corps
    eau et sable mêlés


    lèvres qui lance leurs racines aériennes
    leurs mauves marelles
    aux portants de l'automne
    elles entourent ce qui n'a pas été
    ou si peu qu'on l'a oublié
    de grâce ne macule rien du règne
    d'une enfance qui tire à elle
    engravé jusqu'à la quille
    ses voiles élancées
    autour de quoi tourner encore
    sans plus de fin

    sous le tamis des orpailleurs
    et qui nous donne en retour
    le poème et la règle


    lèvres à travers cela
    que l'œil s'exerce à voir
    convoquant Keats Shelley
    parfois même
    le regard soucieux de Stevens
    apurant les comptes d'une vie
    consacrée à dame Poésie
    les retrouver dans le murmure
    prolongé d'insectes fragiles
    une vie en somme
    dont tu ne saurais t'évader

     

    Daniel Martinez
    le 9/6/25

  • "cendre", un poème de Daniel Martinez

    Cendre coupant le signe
    du savoir qui passait pour irrésistible
    viens te perdre dans le rayon mortel
    dans le très lent démêlement du matin
    nous volerons entre les ombres
    sereins


    cendre majuscule mémorable
    ne manque que la formule du passage
    des cônes ramassés dans l'herbe pleurent
    leur essence où viendra se réduire
    un univers
    telle est la romance
    le bourdonnement de la foule
    le chemin qui fait son chemin
    sans se soucier
    du tremblement qui l'achemine


    cendre fragments peaux mortes
    entre souffle et bruits de gorge
    avec quoi peser une fumée
    avec qui composer ma ténébreuse
    quand le matin revêtit sa robe déchirée
    laissant paraître les Sept Sceaux
    quelque chose d'extérieur s'écrit là
    volutes volutes où s'éploie
    le mûrier sauvage dans des odeurs
    de bitume de natrum et de myrrhe
    il n'est qu'un pas à faire pour infiltrer
    la liberté rongeuse du vent


    cendre au flanc des vases
    à l'odeur fauve comme un bras de la terre
    en quête du chiffre secret
    qui nous résume à ce peu
    traversant les rideaux
    la vraie distance
    de soi à soi enfin résolue


    Daniel Martinez
    8/6/25

  • "Fibrillations", un poème de Daniel Martinez

    Sifflets d'or des millénaires
    à l'image de nos désirs
    quand le flux sanguin se transmue
    en cascades dont les cristaux
    rayonnent dans la nuit du corps
    avec les flocons de l'encre
              Vous marchez sachant l'influx
    d'une musique intérieure indéchiffrable
    d'une constellation élective
    où tremble ce qui fut à l'origine des végétaux
    pris dans le silence du paysage
    Entre les mains de vos yeux
    un regard sur le pont infranchissable
    laisse grésiller les formes des veilleuses


    Vous marchez pulsée par les lèvres de l'air
    et parlez une langue aux mille bouches
    où commence l'autre murmure
    dans la minute même 
    chaque durée rendue
    au remembrement des saisons
    avec cette façon de tendre le mot
    jusqu'à son expiration
    pour la moisson d'un soir
    dans l'immense tendresse éparse
    accordée à l'œillade d'une belle égarée
    face à la Porte 
    où la ciellée pousse ses boucles
    descendent  jusqu'
    aux succulentes métaphysiques
    du couchant          fragments du tissu
    dont chacun nous sommes faits


    Daniel Martinez
    le 29/5/25