En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
lèvre pour éventer ce qui sourd de la porte de l'âme pour suivre la mort très lente des vocables libérés de l'esprit qui souffle sur nos cheveux avec le bruit de la rivière qui appelle à peindre la vallée en jaune à travers la naïve harmonie de cet instant où tournoient et planent les frégates d'une rive à l'autre pour payer le prix de ton passage
lèvre qui débouche à l'orée tel un faon passant le porche des sous-bois sur la terre feue pour y cueillir l'herbe guérisseuse y boire toucher des deux le vœu de la bruyère parmi les poussières invisibles tu es un morceau d'ombre embrassé à pleine bouche semé de grandeurs au-dessus de la joie des arbres et de l'entre-deux corps où la lettre faite d'eau et de sable de caresses et de coups d'ailes imprévisibles trouble les veines des mains
lèvre qui lance ses racines aériennes ses mauves marelles et chatoiement de robes aux portants de l'automne elles entourent ce qui n'a pas été ou si peu qu'on l'a oublié de grâce ne macule rien du règne d'une enfance qui tire à elle comme un point de côté engravé jusqu'à la quille emmaillotée dans ses voiles blancs au long des promenades de mémoire lentisques genévriers cistes cotonneux autour de quoi tourner tourner encore la langue n'existe pas en dehors de cette odeur des vieux livres où l'on plonge sa mémoire danse de passes et d'esquives des caractères sous le tamis des orpailleurs et qui nous donne en retour le poème et la règle
lèvre comme autrefois les dieux animaient la légende et les âges ils semblent de retour pour t'égarer parmi les toutes simples graines de l'ortie sur le seuil à travers cela que l'œil s'exerce à voir convoquant Keats Shelley parfois même le regard soucieux de Stevens apurant les comptes d'une vie consacrée à dame Poésie les retrouver dans le murmure prolongé d'insectes fragiles dans les clameurs qu'exhalent leurs vers tout cela peut donc exister recomposer la vie de ma vie dont tu ne saurais t'évader parmi les nimbes d'herbes en un riant asile où même les mots sont superflus