Journal - Page 2
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Daniel Martinez
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"Traversières", un poème de Daniel Martinez
Vignes de sang
dans la chambre pulmonaire
où se fragmente l'île
enserrée par les deux bras
entre lesquels se divise
la rivière qui grandit
à mesure qu'on l'approche
portée par le picotis des minutes
par l'inlassable rythme
l'incessant renouvellement
interrogeant le rouge et l'or
de signes que tu ne reconnais pas
comme ces roses de la nuit
leur trace ailée entre tes doigts
ne saurait mourir
Sous les senteurs voisines
la plainte d'une fontaine dévide
les membranes du souvenir
tu t'en approches
les lèvres sèches pour y boire
un pan de ciel aux mille bouches
pour y capter la trace d'un songe
dans le vertige de l'eau
l'enfoncement d'un cri
entre deux souffles
en quête de paysages enfouis
d'une illusion de trésor engloutiC'est là même que le futur
redessine sur la paroi
jour après jour
étage par étage
chacun effaçant l'autre
épelle ce qui demeure à écrire
un peu de nous y pénètre
surimpressionne une réalité
inscrite dans l'insatiable
où l'on reste campé
face aux feuilles rouges ébouriffées
comme les ceps à l'aube
respirent les cendres
de tes cheveux défaits
Daniel Martinez -
"Ici même", un poème de Daniel Martinez
Comme s'il suffisait que la terre
où séjournent des formes infinies
fût le pouls des vagues qui la traversent
continûment jumelles épicées de cèdre
mousses feuillues touchant
la rondeur nue d'une épaule la tienne
effluences de toutes sortes
sous les ventres des nuées
au feu des mots brûlés
qui te viennent sous la langue
sous les syncopes des saisons
jusqu'à davantage
papilles nervures salives
absorbées par la planète humaine
et voûte de la mémoire
palais d'Elytis visitant le cœur serré
la maison ancestrale
plumes vertes des lataniers
gonflées par les bruits de fond de l'univers
comme autant d'atouts dans un jeu
où rien n'est définitivement acquis
ici même où les villes et villages
bâtis de longue date
se lâchent et se desserrent
où les ombres venues de l'eau
courent entre tes mains
s'enivrent du vin roux de Falasarna
gouttes globules rêvant d'être sable
au plus tendre équilibre
entre vivre et mourir
voyages des marées
offrons-leur
tous les rivages
recomposés
selon les lignes du hasard
les tournoyants soleils
les grandes peurs rocailleuses
brassées de mille manières
elles et nous
nous et elles remis
à la grammaire de la nature
sauvés avant que d'être perdus
sans plus rien dire
si ce n'est
durer
Daniel Martinez