Journal - Page 3
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Un village investi par des elfes de jade
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"Au cœur des braises", un poème de Daniel Martinez
Comme autant de scories pétrifiées
aux ballasts des vieilles gares
comme résidus de fonte
conglomérat sans gloire ni noblesse
devant la porte du soleil
et les jaunes de l'hélianthe
ce souffle n'est pas celui
de l'hiver qui pointe au cœur du cercle
mais la ligne ininterrompue
des secondes chevauchant
l'élan de la vie malgré tout
celle en qui la saison libère
de fines particules de glace
riches de mille avancées pour enfin devenir
la musique lancinante du vertige
Les filaments de la foudre
cherchent comme toi un chemin
un sillon à suivre autour
de la sereine démesure
entre les odeurs matinales l'écriture
recompose un sang noir
un vin roux de naguère et toujours
qu'anime la main pour incarner nos rêveries
couvant les mots de la dernière nuit
te paralysant de moiteur
un chant liquide en quelque sorte
qui dissipe la nature environnante
recueillie en elle-même
A présent les sons s'harmonisent
l'autre nuit te requiert elle déchire les rites
de la figuration elle emplit de son babil
la douceur des arbres dépouillés
au pied de la fenêtre
elle recompose l'énigme du monde
infiltrée par un pont de murmures
et soudain la brise délivre
le grand vivificateur le poème originel
avec des glissements des chutes
des incandescences s'enroulant
à l'ourlet de la voix
la parole se fait
se dilate ne peut plus rien retenir
de ce qui se donne sans compter
soupirs gémissements
au cœur des braises
le rythme a pris trace sous le pouls
l'arc de silence puise
à la même soif au-dedans
et donne au vallon proche
toutes ses nuances
Daniel Martinez -
"Silhouettes", un poème de Daniel Martinez
Tout s'est évanoui, la lumière à la fin
de la neige a cerné les fleurs de ta bouche
dont les froids vifs avaient éprouvé les lèvres
descendant le long de la nuque
l'ombre s'est faite au beau milieu du temps
dans une ville de voyage où tu avais passé
il y a de cela des années
Il en reste comme le fil comme l'ailleurs
d'un dessein impossible
avec ses regards en dehors
ses regards en dedans
qui ne savaient attendre que se constitue
la très pauvre cendre des souvenirs
inquiètes de mourir de mort lente
sans avoir dénoué la profondeur
sans avoir rêvé à la lueur d'une flamme
de bougie posée à terre
là au centre d'un rien sans limites
la vie semble s'être retirée
Regarde sur ta paume se dessiner
les pleins et les déliés dans l'espace
des paroles échangées
un liséré d'eau sertir
chaque fois plus indéchiffrables
les silhouettes des arbres
qui pénètrent dans la maison
pour s'enliser à mesure
dans un azur terrestre
où se projettent et se confondent
toutes les œuvres humaines
et le vouloir qui les tient réunies
dans un secret espoir de réconciliation
entre les deux pôles qui les embrassent
comme ramenées à elles
nues à la mortelle blancheurDaniel Martinez