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Journal - Page 3

  • "La cillée des eaux", un poème de Daniel Martinez

    Sous l'ovale du saule et sur le sentier
    de si fines herbes en larmes
    un ciel comme du thé délivrant de leur poids
    de vieilles couleurs poudreuses
    fondues dans l'apesanteur


    Tu avances là jusqu'aux signes insignifiants
    jusqu'à la cillée des eaux
    et ce qui bat drapé de peu de mots
    compose l'ombre double
    celle qui te précède
    accompagne celle qui te suit
    étreint la terre meuble


    Le monde ainsi s'écrit mètre après mètre
    et l'instant que tu crois vivre
    tremblant respirant entouré
    du chœur muet parfaitement immobile
    d'une substance diurne 
    s'élève vers le grandiose
    que tisse et détisse l'automne
    tout un arrière-pays mental
    flux de doucereuse mélancolie


    Guillaume n'est pas loin
    son Automne malade et adoré
    ne méritait-il pas le féminin
    qu'importe il y aura toujours à effeuiller
    le limitrophe et le lointain
    un rayon d'eau perçant 
    les mains du Hasard
    qui puisent à leur amont
    et s'inventent l'aval


    Que te reste-t-il à saisir au juste
    si ce n'est la rouge vigne vierge
    aux ailes mouillées aux veines salivantes
    la bouche violette des liserons
    ou l'odeur d'encre de l'imprimerie voisine
    dolente roue des pages tournées
    une à une jusqu'au cri fluté
    du courlis cendré
    tel un hochement d'assentiment


    Daniel Martinez

    20/10/24

  • "Le bâtis du temps", poème de Daniel Martinez

                                                                     à Jean-Paul B.

    La Croix du Sud décline sur l'horizon 
    la barre de l'aube apparaît déjà
    par la campagne noire

    il fait jour au moment
    où tu atteins le petit clos
    et toute la grande plaine s'envole alors 
    jusqu'aux quatre horizons
    puis se tourne en infime poussière 
    que les vents par moments balaient
    des silhouettes de blanc vêtues passent sur le fond
    franchissant la pénombre des cyprès 
    plus hiératiques que des pyramides
    plus énigmatiques que des obélisques
    baignés dans la transparence d'un ambre liquide
    pareil à la 
    lumière d'un antre marin
    fondu aux racines chromosomiques des astres


    Entre les miroirs confrontés
    tant d'êtres probables sans lieu précis
    sinon l'attente du sens en instance
    entre nous-mêmes et le réel
    moment de grâce où les choses soudain
    se délient s'expliquent l'une par l'autre
    sans le cortège des peines
    ni celui d'un destin caché
    mais sous l'éclat des soies profondes 
    livrées aux lignes d'une vie 
    passée à quêter le bâtis du temps
    dessous la robe d'eau volatile
    et les rires étouffés d'un autrefois
    remisé sous les arbres
    qui te saluent de loin


    Daniel Martinez

  • "Tombeau de ma mère", opus II, poème de Daniel Martinez

    Sur l'écran face à toi
    deux fleurs de lotus immobiles
    attendent que se déplient tes mains
    injonction des tréfonds
    écritures du Cratère
    détournées des bontés de la vie

    elles hantent l'Espace 
    la première neige est si douce au toucher
    au moindre son qui te parvient
    et la soustrait au saisir 
    depuis la vaste salle aux pas feutrés
    seule souveraine réalité 

    drapée de rideaux bleus 
    dans le vide qui les absout
    sa vacance injectée


    Poussière aveugle et voyante
    emblèmes inconnus brûlantes gouttes d'eau
    dans l'avril le réseau des nerfs
    conjugue une arithmétique de particules
    et là te voici les yeux absents
    fleur de cécité 


    Toi qui passes en revue
    ces épisodes de sa vie

    en un défilement continuel
    dix fois ailés
    est-ce mémoire ici même
    ou là
    gouttes carminées 
    comme dernière offrande

    et source absolue 


    Daniel Martinez