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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 5

  • "Au cœur des braises", un poème de Daniel Martinez

    Comme autant de scories pétrifiées 
    aux ballasts des vieilles gares
    comme résidus de fonte
    conglomérat sans gloire ni noblesse
    devant la porte du soleil
    et les jaunes de l'hélianthe
    ce souffle n'est pas celui
    de l'hiver qui pointe au cœur du cercle
    mais la ligne ininterrompue
    des secondes chevauchant
    l'élan de la vie malgré tout
    celle en qui la saison libère
    de fines particules de glace
    riches de mille avancées pour enfin devenir
    la musique lancinante du vertige


    Les filaments de la foudre
    cherchent comme toi un chemin
    un sillon à suivre autour
    de la sereine démesure
    entre les odeurs matinales l'écriture
    recompose un sang noir
    un vin roux de naguère et toujours
    qu'anime la main pour incarner nos rêveries
    couvant les mots de la dernière nuit
    te paralysant de moiteur
    un chant liquide en quelque sorte
    qui dissipe la nature environnante
    recueillie en elle-même 


    A présent les sons s'harmonisent
    l'autre nuit te requiert elle déchire les rites
    de la figuration elle emplit de son babil
    la douceur des arbres dépouillés
    au pied de la fenêtre
    elle recompose l'énigme du monde
    infiltrée par un pont de murmures
    et soudain la brise délivre
    le grand vivificateur le poème originel
    avec des glissements des chutes


    des incandescences s'enroulant
    à l'ourlet de la voix
                         la parole se fait
    se dilate ne peut plus rien retenir
    de ce qui se donne sans compter
    soupirs gémissements
    au cœur des braises
    le rythme a pris trace sous le pouls
    l'arc de silence puise
    à la même soif au-dedans
    et donne au vallon proche
    toutes ses nuances


    Daniel Martinez

  • "Silhouettes", un poème de Daniel Martinez

    Tout s'est évanoui, la lumière à la fin
    de la neige a cerné les fleurs de ta bouche
    dont les froids vifs avaient éprouvé les lèvres
    descendant le long de la nuque
    l'ombre s'est faite au beau milieu du temps
    dans une ville de voyage où tu avais passé
    il y a de cela des années


    Il en reste comme le fil comme l'ailleurs
    d'un dessein impossible
    avec ses regards en dehors
    ses regards en dedans
    qui ne savaient attendre que se constitue
    la très pauvre cendre des souvenirs
    inquiètes de mourir de mort lente
    sans avoir dénoué la profondeur 
    sans avoir rêvé à la lueur d'une flamme
    de bougie posée à terre
    là au centre d'un rien sans limites
    la vie semble s'être retirée


    Regarde sur ta paume se dessiner
    les pleins et les déliés dans l'espace
    des paroles échangées
              un liséré d'eau sertir
    chaque fois plus indéchiffrables
    les silhouettes des arbres
    qui pénètrent dans la maison
    pour s'enliser à mesure
    dans un azur terrestre
    où se projettent et se confondent
    toutes les œuvres humaines
    et le vouloir qui les tient réunies
    dans un secret espoir de réconciliation
    entre les deux pôles qui les embrassent
    comme ramenées à elles 
    nues à la mortelle blancheur


    Daniel Martinez

  • "Elévation et mort d'Armand Branche", de Georges Duhamel, Bernard Grasset éditeur, 48 pages, 20 novembre 1919, 500 exemplaires sur vélin à la forme des Papeteries d'Arches (+ 12 HC)

    Durant la Première Guerre mondiale, Georges Duhamel décide de s'engager dans le service actif, alors qu'il avait auparavant bénéficié d'une réforme médicale en raison de sa vue. Il veut faire don de lui-même et partager les épreuves des hommes de sa génération. À partir de 1914, il occupe pendant quatre ans les fonctions de médecin aide-major dans des "autochir" (ambulances chirurgicales automobiles), dans des situations souvent très exposées. Alors qu'il exerce près du front de Champagne en 1915, puis participe à la bataille de Verdun et à la bataille de la Somme, il décide de raconter les épreuves que les blessés subissent. Deux romans naîtront de cette expérience : d'une part Vie des martyrs, paru en 1917, un recueil de récits qui connaîtra un certain succès. La presse compare ce livre au roman d'Henri Barbusse, Le Feu, lauréat du Prix Goncourt en 1916. Georges Duhamel entreprend ensuite la rédaction de Civilisation, livre-témoignage sur les ravages de la guerre. Le livre sort en avril 1918 sous le pseudonyme de Denis Thévenin car Duhamel ne veut pas être accusé de profiter de la guerre pour faire de la littérature et reçoit le 11 décembre 1918 le Prix Goncourt.
    Juste après ce Prix, Georges Duhamel écrivit "Elévation et mort d'Armand Branche", un livre étonnant où le narrateur opère un flash-back pour nous conter l'histoire d'un soldat pour le moins fantasque, victime de la Grande Guerre. Les valeurs humanistes de Georges Duhamel transparaissent, il se pose ici en témoin et emporte ainsi le lecteur par effet miroir, pour finir avec : "Tout cela peut vous paraître absurde. Je me rappelle seulement que, quand Branche expira, j'avais pris ses deux mains dans les miennes..."
    Pour les lecteurs de ce blog, voici un extrait de ce livre, peu cité dans la bibliographie de Georges Duhamel, à tort.

    DUHAMEL.jpg
    Voici :

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