Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 3
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Deux récits fantastiques de Kyôka composent ce livre : "La Femme ailée" et "Le Camphrier". C'est l'année même où est adopté le calendrier grégorien, au tout début de l'ère Meiji que naît l'auteur, d'un père ciseleur et d'une mère qui rend l'âme alors que Kyôka (1873-1939) avait tout juste neuf ans.
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"L'Inventaire - 104 objets apprivoisés" : dessins de Philippe, préface d'Eugène Ionesco, éditions Denoël, 80 pages, 5 novembre 1965, 5,15 F
Dans ce livre, peu cité dans la bibliographie de Ionesco, livre (rare) écrit en même temps que paraissait sa pièce de théâtre "Pour préparer un œuf dur", l'auteur nous fait part de sa conception de l'humour. Dramaturge, essayiste, romancier, conférencier, Ionesco a su, par un retour constant sur lui-même et les pistes tracées par sa propre écriture, donner ainsi relief - par ses entretiens ou même ses préfaces - aux non-dits de ses textes, pour y trouver, retrouver de quelque manière, la clef spirituelle : celle qui ouvre les portes du préconscient afin de donner écho à la dynamique interne de ses pièces de théâtre. Un faible avoué pour Rhinocéros, qui colle si bien aux temps présents, faits d'aveuglement consenti.
La préface de ce recueil, Inventaire, vaut autant sinon plus que les dessins qui lui font suite, au nombre de 104 - un peu datés il est vrai, mais que l'auteur de La Cantatrice chauve a voulu honorer de sa plume pour le plaisir du geste, à partager avec le lecteur.Voici :
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"Feux follets", un poème de Daniel Martinez
Derrière le mica noir tes yeux
cherchent les miens et le registre chiffré
du sommeil s'éloigne un peu plus
Chemins pointillés des pas
sous le bruissement des roseaux
se profile l'ombre moite d'un château
où faire halte à même le conte des amants pérégrins
qui me renvoie à ma fragilité foncière
l'aurore au creuset de l'étreinte
loge entre les fentes du paravent
Un geai effleure la chambre interdite
aimante le paysage deviné
vers les yeux la gorge le front
distribue ses trilles sur nos corps
d'une orée à l'autre
muscles et nerfs phosphorent inconscients
deux boutons de lys enclavent l'espace inversé
qui s'ouvre en soupirant entre les lignes
arrachées au silence un appel muet
aux signes avant-coureurs
ainsi ressuscités coiffés de feux follets
des orpailleurs aux ongles d'obsidienne
La nuit est devenue un mythe
et le palais des glaces un vitrail
peuplé d'illusions
et puis
tout autour de l'étang
autour de la surface éblouissante de l'étang gelé
car nous sommes toujours en février
les flambées de givre sous les futaies
que le soleil n'avait pas encore réchauffées
la fièvre était la même
impossible de lui donner langue pour dupliquer
le texte inécrit la foudre onirique
à quelques enjambées de l'être
l'équilibre à l'horizon revenu
se veut gardien du sanctuaire
Ce 28 février