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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 36

  • "Konjaku" - Récits de la tradition japonaise de l'époque de Heian, traduits par Satoshi Tsukakoshi, éditions Robert Delpire, 20 février 1959, 222 pages, 3550 ex.

    C'est Armel Guerne, un poète et traducteur dont j'apprécie particulièrement les Fragments, qui a établi la version française de ces écrits datant de l'époque de Heian (autrement dit : de la "Paix", en japonais, une époque qui court de 794 à 1185), âge d'or de la culture et de l'art nippon. Lesdits contes sont à rattacher à la troisième période de cette période (milieu du XI e siècle à la fin du XII e siècle de notre ère).
    Premier titre de la collection La Fable du Monde, titre repris de celui d'un livre de Jules Supervielle (Gallimard, 1938) j'ai choisi ce récit conduit à l'inverse des codes moraux traditionnels, où l'on s'avisera que c'est bien le cœur qui compte, avant la raison. Plutôt éloigné d'une éthique étroite qui paralyse les esprits, de-ci de-là selon les flux dominants de la bien-pensance.
    Ces Histoires d'Antan, précise en préface Armel Guerne, ont "généralement de nobles dames de la cour pour auteurs : les premières à s'emparer pour écrire d'une jeune langue en plein essor, avec cette écriture cursive et syllabique qui libérait définitivement les Lettres japonaises de la profonde et longtemps triomphante influence chinoise." Des écrits anonymes donc.

    Mais lisez plutôt :

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  • "Pictures from Brueghel and other poems", de William Carlos Williams, New Directions, New York, 1962

    William Carlos Williams a reçu en  le Prix Pulitzer de poésie à titre posthume, pour le recueil Tableaux d'après Breughel et autres poèmes publié l'année précédente. Une poésie non lyrique, aimantée par le sujet, volontairement descriptive et portée par l'intention de faire sens. La découpe des vers, caractéristique, capte l'attention et fluidifie un rendu sans le musicaliser pour autant, à mi-chemin de la prose poétique. Dans la préface de son "grand œuvre", Paterson (du nom d'une ville ouvrière du New Jersey), il écrit :
    "Nous voulons atteindre à la rigueur de la beauté. Mais comment 
    retrouver la beauté quand c’est l’esprit qui l’emprisonne, sans qu’elle puisse lui échapper ?" Sans pour autant adopter dans son principe ce parti-pris, il convient néanmoins de lire une poésie qui, se défiant de tout essai de transcender le réel, finit presque malgré elle par convoyer des thèmes qui dans leur essentialité dérogent au simple rendu objectif, à cette école objectiviste et imagiste dont le poète, traducteur, critique littéraire et romancier américain a été l'un des membres fondateurs.


    Quelques extraits choisis de Pictures from Brueghel and other poems, ici traduits par Yves Peyré :

     

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  • "Riveraines", Daniel Martinez

    C'est verte que je te veux disait-il
    peinture vivante descendue
    aux sangs mêlés de nos légendes
    ici et là les illusions permises
    les anciennes soifs décriées
    tout concourt au cœur lourd
    et revient à l'éclat perdu

    plus que Soleil et son bestiaire
    le feu sommeille parmi les roches revenantes
    sur l'ocre de la terre vers les empreintes
    de ces pas qui creusent en toi
    la question restée sans réponse
    et sa vague d'or blanc
    d'une lenteur nuptiale

    ouvre des lèvres bleues


    L'envers de la peau rayonne 
    d'une soudaine jeunesse
    une rumeur enfantine de voix
    venues d'on ne sait où
    une poignée de brindilles
    devenues bouquet d’étincelles
    dans le tournoiement du regard
    les moissons s'épandent

    et le présent tout juste paru se dérobe
    comme un poème insaisissable
    un livre d'heures des lumières
    où remonter à contre-courant
    le tracé d’un très lent éclair

    et suivre la trame des mots
    qui l’animent sans fin


    Daniel Martinez

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