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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 34

  • "Confidences", Daniel Martinez

                                 

    ULRICH FIG.jpg
    Pascal Ulrich dessin aux feutres, 2001

     

                                  Life's' but a walking shadow
                                  La vie est juste une ombre en marche
                                                             William Shakespeare

    Dormeur aux deux regards
    sous la cascade qui salue
    du bout des doigts les tremblements
    de l'espace entre les feuilles


    Au seuil du seuil
    cette promesse de reconstitution
    que le poème ne sait pas contenir
    prodigue ses douceurs
    dépose des confidences
    à même la vie unanime


    Femme aux lèvres belles
    m'emportant dans son souffle
    jamais la beauté n'est suspecte
    face à la tendresse de la Nature
    je te vois en miroir
    et les eaux gagnent en transparence


    Une main ratisse la sourde lumière
    et ce qui chancelle renaît
    régénère le profond mystère
    dans l'air moire poudroie 
    se frange sur ses pourtours
    en toi s'éveille à ce qui suit
    les collines souveraines
    de ton corps


    Daniel Martinez

  • "Le nom des sources", Daniel Martinez

    Ecoute ce qui de son chant simple te questionne se défaire
    cette part que les hommes ôtent
    aux communes splendeurs
    tout au fond de toi la souffrance palpiter
    comme le trésor des mots
    livrés à l'encan
    vois ces faussaires

    lever leurs bras d'ombre
    l'impôt d'une morale
    servile
    traversant des sillons parallèles

    ces bardes de la longue nuit 
    hanter les semailles ne chercher plus rien
    qu'un lièvre à débusquer
    pour mieux lui cribler le flanc écoute


    Au juste que te dit la vie
    le monde est un bien triste théâtre
    et qu'est-ce donc que l'homme
    voyageur sans repos quand halètent les vents
    sur les feux de la veille mal éteints
    pour ranimer  un tant soit peu
    cette verve qui nous compose
    et ne voudrait se laisser flétrir


    comme par le toit crevassé
    les amants n'en finissent pas 
    d'approcher de leur corps
    l'infini qui se dilate aux lèvres de l'étang
    quand gémissent de plaisir
    nos songes les plus fous
    là même où l'arbre humain se remémore
    le nom des sources des fleuves et des années


    Daniel Martinez

  • "Ebauche de l'après", Daniel Martinez

                                                                  à Jean-Paul


    A
    u jour venant le cristal de l'air

    et le cristal de l'eau
    diffusaient un rayonnement
    de poudre d'or et de bleu pur
    des flammes dansantes filtraient
    par les cœurs des contrevents
    au bord d'un monde inconnu
    la robe qui le couvrait
    en inventait le corps


    Alors tout en toi s'est tu
    et le mouvement profond de la terre
    accompagnait à sa manière 
    le fleuve qui avait changé de sens
    ses syllabes dessinaient
    une demeure inexplicable
    bouche blanche frappée de feu


    Là ce qui s'écrit sans crier gare
    confondu à la foudre du désir
    aux grimoires du firmament
    annonçait la dame du Songe
    sa juste note dans le jour innocent
    aimée des rêveurs

    autant de nuages effilochés
    selon l'ardeur des vents
    arrachés aux bras de l'arbre
    à leurs lacis phosphorescents

                                                              Daniel Martinez              
                                                              Saint-Mandé, le 28/1/2024