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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 39

  • Éric Chassefière, nouveau directeur de publication d'"Encres Vives"

    Michel Cosem, né le 28 mai 1939, a été un écrivain et éditeur originaire du Sud de la France. Auteur de nombreux recueils de poèmes, romans et anthologies de poésie, il a fondé et dirigé la revue de poésie et la maison d'édition Encres vives. Il nous a quittés le 10 juin 2023.

    Continuer Encres Vives sur les pas de Michel Cosem - Appel à abonnement

    Par Éric Chassefière

    Michel Cosem s’en est allé, et c’est pour beaucoup d’entre nous, qui avons été lancés et accompagnés par Encres Vives, une perte douloureuse. Encres Vives, avec sa revue, fondée en 1960, et ses deux collections, Lieu (poèmes liant un poète à l’un de ses lieux favoris) et Encres Blanches (plus spécialement réservée aux nouveaux poètes et aux rééditions de recueils publiés par la revue), venues plus récemment en étoffer la production de recueils de poésie, c’est près de 2000 recueils et 400 auteurs publiés, dont beaucoup ont acquis au fil du temps une vraie reconnaissance dans le milieu poétique. Nous sommes nombreux à devoir beaucoup à Encres Vives, nombreux aussi à avoir éprouvé le besoin de revenir fréquemment aux sources en confiant nos écrits à Michel Cosem, qui disait de la revue :

    « Tout en demeurant dans un format modeste Encres Vives continue d’attirer, de retenir, d’influencer des générations nouvelles, en faisant preuve à la fois d’exigence et d’ouverture. C’est là je pense une volonté affirmée qui regarde plus certainement vers l’avenir que vers le passé.
    J'ai essayé de conserver l’enthousiasme du début, d’être attentif aux nouveaux, de les aider à se construire en bonne compagnie et il n’y a là rien que de très naturel. De là peut naître un rapport à la poésie avec qui il faudra compter. Cet afflux de nouveaux auteurs – et je ne saurais tous les citer – oblige à encore plus de rigueur mais aussi d’attention et de gestion. Mais aussi de demeurer en dehors des clans, des modes et des obligations que peuvent susciter les médias ou autres nouveautés. Avec comme volonté constante de demeurer à l’écoute de ce qui se passe ».

    Sans connaître bien souvent directement Michel, nous nous étions habitués à ses missives bienveillantes en retour des envois de propositions de recueils que nous lui adressions. Des mots toujours posés et encourageants, une fidélité sans faille dans le soutien aux nouveaux auteurs, passant dans certains cas, après quelques années, par un numéro spécial. Michel était la discrétion et la bienveillance même, ouvert à toutes les formes de poésie pourvu qu’elles soient authentiques, expressions sincères d’un engagement fort dans l’époque qui les porte. Il écrit ainsi dans le numéro 62-63 d’Encres Vives, daté de l’hiver 1967-1968, consacré à la civilisation occitane : « … l’écrivain, et plus spécialement le poète est situé dans sa civilisation, non d’une manière logique, mais par le fait même d’écrire : il engage tout de lui-même et en même temps tout de sa civilisation. L’époque des écrivains qui puisaient ici et là leur inspiration semble révolue, de même que celle de l’écrivain qui décidait de se consacrer à son clocher en exaltant un passé mort. L’écrivain – s’il n’est pas un faiseur – est tout entier l’homme de son époque. Et s’il ne l’est pas, il doit tendre à le devenir ». Homme d’une civilisation et d’un territoire, Michel Cosem l’était au premier chef, dans cette Occitanie tant aimée, berceau de sa famille paternelle, qu’il arpentait de ses pas et ses mots.

    La collection Lieu d’Encres Vives, que Michel définissait ainsi : « cette collection propose des poèmes liant un poète à l'un de ses lieux favoris : voyage, rêverie, méditation, quotidien, biographie, reportage », constitue précisément une ligne par laquelle de nombreux poètes, ancrés dans un terroir, ou voyageurs en quête au contraire de déracinement, ont pu exprimer leur relation, réelle ou rêvée, au monde qui les entoure. Qui, mieux que Michel Cosem, a su faire partager par sa poésie l’âme d’un lieu ? Avec près de 400 numéros, dans lesquels se sont exprimés plus de 160 auteurs, la collection Lieu d’Encres Vives, constitue un terreau d’humanité unique, tant par la diversité des lieux explorés, que par la façon de les appréhender. Cette collection fut pour beaucoup d’entre nous, voyageurs-poètes, une bénédiction, permettant une formalisation rapide du carnet de poèmes, voyage dans le voyage, qui donne tant de relief aux lieux visités et aux personnes rencontrées.

    Dans son souci d’aider les poètes à publier, Michel créa également la collection Encres Blanches, « plus spécialement réservée aux nouveaux poètes », qui en 20 ans d’existence a révélé, ou aidé à mieux faire connaître, à travers la publication de près de 800 recueils, plus de 300 auteurs. Une entreprise considérable, regroupant une part significative de la communauté des poètes français, certains ayant ensuite fait leur chemin et acquis une vraie reconnaissance. Au total, en incluant la revue et les deux collections, c’est près de 400 poètes qu’Encres Vives a publiés, et pour une grande partie d’entre eux révélés au public.

    Nous avons, avec plusieurs membres du comité de rédaction, décidé, fidèles à l’esprit impulsé par Michel Cosem, de nous tourner vers l’avenir, ainsi qu’il le préconisait, et continuer Encres Vives, dont l’immense héritage, tant humain que littéraire, ne peut rester lettre morte. Faire vivre et fructifier la revue et les collections, dans l’esprit tracé par leur fondateur, au service d’une communauté de poètes toujours plus vivante et diverse, voilà l’objectif que nous nous sommes tracé pour les années qui viennent. La spécificité d’Encres Vives, rappelons-le, est la publication, dans chaque numéro, d’un recueil d’un seul auteur, 16 pages au format A4, qui vont devenir 32 pages au format A5 à partir de janvier 2024. La revue restera mensuelle, avec 12 numéros par an et la possibilité, pour un surcoût modeste, de recevoir dans l’année 2 volumes de chacune des collections Lieu et Encres Blanches. L’abonnement donnera droit à un tarif préférentiel pour l’achat de n’importe quel volume de ces deux collections.

    Nous vous invitons, chers lecteurs de Francopolis, à nous rejoindre dans notre démarche (bulletin d’abonnement joint), et vous remercions de transmettre l’information aux personnes de votre connaissance qui pourraient être intéressées.

    Bulletin d’abonnement  à  Encres Vives à télécharger, après avoir cliqué sur "Lire la suite" :

    Éric Chassefière, au nom du Comité de Rédaction : Annie Briet, Catherine Bruneau, Éric Chassefière (directeur de la publication), Jean-Louis Clarac, Jean-Marie David-Lebret, Michel Ducom, Gilles Lades, Jacqueline Saint-Jean, Christian Saint-Paul. 

     

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  • "Le petit livre des champignons", texte de Myriam Blanc accompagné de 80 illustrations, éditions du Chêne, août 2012, 176 pages, 17,42 €

    Superbe petit livre aux tranches dorées à l'or fin, à la couverture dédiée au Cèpe de Bordeaux, champignon le plus vendu dans le monde, dont Myriam Blanc nous parlera plus bas. En préambule, elle rappelle utilement que les 30 000 espèces de champignons recensés depuis Linné (1707-1778) ne sont ni des végétaux car "ils n'ont pas de racines, ni feuilles, et ne sont pas à même de réaliser de photosynthèse" ; ni "des animaux, bien que les parois de leurs cellules soient constituées de chitine, à l'exemple de la carapace des arthropodes. Ils font partie d'un règne singulier, que l'on a nommé « règne fongique », à partir du terme latin fungus qui désigne les champignons."

    L'automne étant la saison propice à la croissance de ce que le latin populaire désignait par campaniolus, littéralement "(produit de) la campagne", c'est donc aujourd'hui un produit de saison (bien arrosée au demeurant - notamment dans l'Hexagone) qui est à l'honneur. Il à inspiré ces quelques vers inédits à l'un des auteurs de Diérèse, Claude Albarède :

                                                                             Lisière

                                                                        En lisière
                                                                        ce ne sont pas
                                                                        les retenues pierreuses
                                                                        ni les abrupts
                                                                        déchirés d'éboulis
                                                                        qui arrêtent le pas...
                                                                        mais l'odeur d'un cèpe
                                                                        en chapeau grivois
                                                                        lutinant la forêt !

                                                                                            Claude Albarède

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  • "Aum mani padme hum", un mantra tibétain : "Louange au joyau du lotus"

    Matin gris lumineux répercuté sur la pierre
    gravée ce mantra où s'insinue
    un petit monde dans le grand monde
    autant de fois de toi en moi
    que nos mains soufflent le vent
    des mille amours la diérèse seule
    y subsiste jouant des mots 

    plus vibratiles que le rideau qui bruit
    tel une sorte de blessure dans le regard
    les vents vont ensemble sceller au tien
    mon visage jusqu'aux pointes de la création
    et tu subsistes en ce mantra
    petit cœur poumon blanc argenté
    le ciel de nos vingt ans
    reflète le miroir où je découvrais
    ton corps au secret avec le chantonnement
    tout près des fleurs de cristal de velours
    tout a dansé les flocons passaient
    devant l'entrée sans porte
    dis-moi pourquoi baisser les yeux
    quand ils ne peuvent plus
    supporter la beauté
    ces plumes d'albatros qui volent
    sans fin sur le tissu des jours
    les mains moissonnent l'infini
    "Aum mani padme hum"
    avec la peur d'y perdre alors

    les fibres de la langue
    sans te retrouver jamais


    Daniel Martinez