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Auteurs - Page 19

  • "La Tendresse" de Jacques Ancet, Mont Analogue éditeur, juin 1997, 120 pages, 500 exemplaires

    Généralement non mentionné dans la bibliographie du poète, romancier et traducteur Jacques Ancet, ce livre - d'une étonnante proximité avec le réel le plus immédiat, intériorisé à mesure - qu'ont précédés "L'incessant (Flammarion, 1979), La mémoire des visages (Flammarion, 1983) et Le silence des chiens (Ubacs,1990) [qui] constitue en fait le dernier chapitre (que les vicissitudes de l'édition ont empêché de paraître plus tôt) d'un texte écrit entre 1974 et 1984.
    Ce texte, je le vois aujourd'hui non pas comme un récit, c'est-à-dire, malgré méandres et ruptures, une linéarité (commencement, développement et accomplissement), mais, dans le surgissement imprévisible d'une voix et d'une irrépressible altérité, comme un récitatif en quatre mouvements, dont j'ignore s'il pourra un jour être publié en un seul volume intitulé Obéissance au vent." ainsi que l'auteur le précise dans son avant-lire. Signalons que La Tendresse est le second livre publié par Jacques Ancet au Mont Analogue. Le premier fut, en 1996, Silence corps chemin (en fait la réédition d'un texte écrit en 1973, publié initialement par Edmond Thomas).
    ... Ajouter ici que le défunt Mont Analogue a toujours effectué un travail de qualité, il a ainsi pu donner voix à des auteurs tels que Hervé Carn (Avec Sima), Alain-Claude Gicquel, Jacques Izoard (Entre l'air et l'air), Francis Coffinet (Contre le front du temps), Thierry Maricourt (La Limonade sans bulles)... 

    Pour mémoire, Diérèse a eu le plaisir d'accueillir par trois fois Jacques Ancet dans ses numéros 50, 52-53 et 84

    Des extraits de La Tendresse dont voici l'exergue :

    La tendresse prend naissance à l'instant où nous sommes rejetés sur le seuil de l'âge adulte et où nous nous rendons compte avec angoisse des avantages de l'enfance que nous ne comprenions pas quand nous étions enfants.         Milan Kundera

     

     

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  • Gérald Neveu, "Une solitude essentielle" : Guy Chambelland éditeur, 15 octobre 1972, 62 pages, 540 exemplaires

    Cet ouvrage a été mis en pages par Jean Malrieu à partir des poèmes inédits que Gérald Neveu lui avait donnés avant sa mort, à Paris, le 28 février 1960. Confectionné dans un format proche de l'A 4 (21 x 27 cm), imprimé sur les presses de l'éditeur Guy Chambelland en son mas de La Bastide d'Orniol (Gard), édité dans le Marais au 23 rue Ste-Croix-de-la-Bretonnerie, à l'époque des nouvelles librairies parisiennes, qui étaient à la fois lieux de vente, galeries et lieux de rencontre. Celle qui nous intéresse a trouvé asile successivement au 35 rue St-Georges, au 23 rue Ste-Croix-de-la-Bretonnerie donc, au 77 boulevard Richard Lenoir et enfin au 23 rue Racine : dénommée dès lors Librairie-Galerie-Racine.
    La couverture de ce livre, d'un beau vert olive, annonce la couleur si je puis dire. Des poèmes en vers mais aussi en prose, le tout se défiant de ce qu'écrivit au
    XVIIe siècle Malherbe, affirmant sans autre forme de procès "qu'un poète n'était pas plus utile à l'Etat qu'un joueur de quilles". Une exclusion qui date de Platon, ainsi que le soulignait Alain Jouffroy in Diérèse 19 (octobre 2002) : premier "philosophe pur" (car les Présocratiques agrémentent leur enseignement de poésie, musique, rhétorique), il fut aussi le premier à condamner explicitement dame poésie, tournant fondamental vers ce qu'on pourrait appeler, d'un terme hélas actuel, la "communautarisation" des arts et des sciences. Et il le fit au nom de la morale et d'une opposition irréductible entre la philosophie-méthode et la philosophie-rencontre. Pour lui, la pensée naît de l'étonnement, puis de la violence corrélative pour s'en libérer. Les tenants de la poésie en restent eux, à l'étonnement, à la stupeur originelle (et la poésie est l'esthétique de cette stupeur), pouvoir fait de douceur et d'inquiétude. Ils ont senti un jour leur vie suspendue, ils demeureront donc fidèles aux choses, et refuseront une violence pour eux inutile et même dérisoire.
    A partir de là se multiplièrent les exclusions et les rejets (ayant pratiquement chaque fois, il faut le reconnaître, pour initiateurs les zélotes de la philosophie). Les philosophes post-platoniciens, tenants de l'unicité d'un monde ayant son ordre propre et ses limites, ne pouvaient que récuser une poésie attachée à la multiplicité, plongée tout entière dans les apparences, pour les requalifier à sa manière.
    Les poèmes du co-fondateur de la revue "Action poétique" choisis pour vous le sont en prose, moins connus il est vrai que ceux en vers. Des prosèmes où transparaît une détresse sourde, une ironie noire, d'une veine peu ou prou surréalisante, où les mots semblent s'ordonner à mesure, aux prises avec ce qui leur serait ici et là possible de révéler, jusqu'à... l'ultime éclaircie.



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  • "Mémoire d'autre" de Pierre dalle Nogare, éditions Flammarion, janvier 1972, 94 pages

     “l’art lave notre âme de la poussière du quotidien”  Pablo Picasso

    En se reportant au deuxième tome de l'"Anthologie de la poésie française du XXe siècle" (Poésie/Gallimard, 2000), on trouve mentionnés 8 poètes nés en 1934 : Bernard Vargaftig, Charles Juliet, Claude Pélieu, Paul-Louis Rossi, Sylvia Baron-Supervielle, Francis Giauque, Jacques Chessex, Ludovic Janvier, mais pas Pierre dalle Nogare, né cette année-là et mort en 1984. L'auteur d'Erosion Usure a tout de même été lauréat du Prix Mallarmé en 1982. Mystère. Signalons que les 5 premiers auteurs cités ont été publiés in Diérèse. Des pages inédites de Pierre dalle Nogare ont paru in Diérèse opus 31 (décembre 2005).
    Poète, romancier, auteur dramatique, Pierre dalle Nogare est né de père italien et de mère lorraine, il écrit en quatrième de couverture du livre qui nous intéresse aujourd'hui, Mémoire d'autre : "L'Homme sans cesse transformé devient une absence agissante pour autrui. Il dit Je et reste Il..." L'accès à son écriture, des plus tourmentées, ne répond pas aux canons "classiques" du genre ; spiritualiste, voire conceptuelle, elle est à la recherche du moi véritable, hors les interférences du corps social, quête qui n'est pas sans rappeler celle d'un Marc Guyon. Pour Nogare, la réalité, et les quatre éléments que les Anciens considéraient comme les composants ultimes de la réalité (sachant que pour les Asiatiques, le cinquième élément est le métal) n'est pas seulement la forme, mais aussi ce qui la traverse, la relie à autre chose. Tout le reste (ce qui maintient la forme) est secondaire, et ne devrait nous préoccuper que dans la mesure où il nous permet de garder le cap, conçu comme survivance. Participant pleinement à l'innocence qui nous entoure, le poète se réfère alternativement au début et à la fin de sa propre existence (il se sait déjà condamné, quand est publié à La Différence Mourir ailleurs ; et c'est sa mort qu'il va alors mettre en scène, en quelque sorte, l'anticipant, au travers de ses écrits) : car dans son optique les morts aussi bien que les vivants s'essayent aux pointes sur une corde tendue entre l'être et le non-être, au sein d'un rythme cosmique dont l'Homme n'est qu'une forme, lumineuse et sombre à la fois, quand l'échelonnement du temps ne serait lui qu'une vue de l'esprit.

    Mémoire d'autre est divisé en 5 sections, celle dont vous pourrez lire des extraits est la deuxième, dont le dédicataire n'est autre que le plasticien François Lunven, qui a illustré d'une gravure Motrice, seul recueil de Nogare publié par les éditions Fata Morgana. Rappelons que François Lunven, né en 1942, graveur de talent, s'est suicidé en se défenestrant le à la veille de sa deuxième exposition personnelle au département de l'ARC du Musée d'art moderne de la ville de Paris. 

    Bibliographie de Pierre dalle Nogare :

    Poésie :

    Nerfs, Gallimard, 1954
    Cellules, Gallimard, 1958
    L'Autre hier, Gallimard, 1963
    Hauts-Fonds, Flammarion, 1967
    Motrice, Fata Morgana, 1970
    Déméter, Flammarion, 1972
    Mémoire d'autre, Flammarion, 1972
    Double lointain, Commune mesure, 1975
    L'Etoile double (fresque nocturne), Atelier de l'Agneau, 1976
    Mourir ailleurs, La Différence, 1977
    Erosion Usure, Thot, 1981 (Prix Mallarmé 1982)
    Ouvert au dedans, Brandes, 1982
    Mal être, Belfond, 1985
    Voies blanches, Calligrammes, 1987 (le dernier texte écrit sur son lit d'hôpital, peu de temps avant sa mort en 1984 : un soliloque sur sa propre disparition).

    Récits :

    La mort assise, Jean-Jacques Pauvert, 1971
    Le grand Temps, Julliard, 1974, rééd. La Différence, 1977
    Les sentiments furtifs, Julliard, 1976
    Récits des images, Belfond, 1977
    Une journée vers le soir, Presses de la Renaissance, 1979
    Tristan et Iseut, Club du Livre 1985, avec 10 gravures originales de Ceylan-Lestrange, Trignac, Sacksick, Pougheon, Lars Bo, Iwaya, Diaz, Sosolic, Serré.

    Théâtre :

    Les Gus
    , Théâtre du Tertre, 1958

    Oratorio :

    Pour un espace de l'amour, Vodaine, 1974 (en collaboration avec Marie-Claire Banquart, musique d'Alain Banquart)

    Livres d'artiste, chez l'éditeur Marc Pessin :

    Figures de la cendre (hommage à Miro), 1983, 30 exemplaires
    Déroutes, 1981, 1 exemplaire
    Limbes et vertiges (à Léopold Sédar Senghor), 1983, 1 exemplaire
    Plein soleil, 1984, 2 exemplaires, le tout dernier livre publié de son vivant.



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