En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Jean-Yves Cadoret est né en 1949, il vit en Bretagne. Ingénieur agronome de formation, il a effectué de nombreux voyages professionnels et privés. Deux publications au début des années 70. Jean-Yves Cadoret n’a jamais cessé d’écrire et de traduire (de l’anglais, du danois et de l’espagnol), mais n’a cherché à faire connaître son travail qu’à partir de 2014, avec la mise en ligne de son site : https://bateau-feu.jimdofree.com/ Il collabore régulièrement au Journal des Poètes depuis 2020. Il a publié 3 poèmes in Diérèse 87, traduit David Gascoyne in Diérèse 88. Ses dernières publications : Empreintes, mémoire d’île, avec le peintre Henri Girard, Ouessant, CEMO, 2017 Dans l’estuaire Thomas, Vannes, Citadel Road Editions, 2022. J'ai choisi pour vous le poème qui clôt ce recueil édité par Emmanuelle Le Cam. Voici :
Le commencement est un silence
I
à la fin du rêve le merle prend le pouls de la terre étonné d’abord de son audace et bientôt puisant en elle la légitimité de l’aube
au heures laborieuses entre chêne et fourmilière géomètre hasardeux mais réel dans le vert idéal fuse le pic-vert jokari
midi point poing le crécerelle dure mathématique
les oiseaux possédés gravissent les marches du jour poinçons sur la mur brillanté de l’œil
II
plus haut très tard en tête de la nuit passe le héron
couleur au bord tremblant du jour de l’heure immobile cendre vers l’océan la braise
non pas gardien du feu chercheur inventeur de lumière éclat d’obsidienne sur les brisées du jour
le héron qui passe dévide la bobine des heures dans l’éblouissement des contraires
et dans le blanc qu’il appelle fixe aux portes de l’oubli l’escalier sans fin du ciel
le héron passeur grave la mémoire du jour dans la lumière
III
plus haut plus haut dans le couloir brûlant des mots le héron lyrique démêle le silence mon regard dans son ombre s’allonge jusqu’au noir où son radeau de nacre arrache à la vase mes chevilles
cent images du temps déglacé prennent langue et me font un corps où durer un glacis de signes
à l’aube de mon nom cent aubes entre mes paumes tenues comme un bol érigent mon colosse dans l’arrondissement de l’eau et l’orgueil du sel
lustration ô lustration des pauvres mots que la lumière au silence aux entrailles de graphite arrache
et j’ai su l’éclair d’un orage le langage des océans disait-il alors au couchant du désir et la peur au ventre ô douleurs houles croisées de la chair et de la mort vins blancs de l’Atlantique noires étoiles sous les criées vides à l’heure où le souffle s’emballe et le cœur vacille la voix tombe et sous l’arche de la soif le petit lait brillant des lèvres retourne au sable
prophéties parole à la plage rendue dans l’œil du jusant paludier
avec des gestes mesurés je tire au jour un enfant pur
l’homme-calligraphie que mon rêve a porté et que le silence lave