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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 41

  • "Etapes", Daniel Martinez

                                                                                            "Throw away the lights, the definitions
                                                                                              And say of what you see in the dark"
                                                                                                                                Wallace Stevens

     

    Le vent dans les roseaux
    et la pluie qui te parle
    c'était hier, investi de songes.
    Chaque feuille bruissant,
    nous étions l'un et l'autre
    peuplés d'échos sensibles
    par delà le long chemin
    qui s'effondre à mesure
    que la silhouette des marronniers
    boit dans son miroir l'espace.

    La carte de l'être
    si complexe dès l'abord
    restitue ce que l'on voudrait démêler
    d'entre les nombres et les lieux
    à la porte des années ;
    ce que l'on voudrait sauver
    de ce lieu sans frontière
    l'innocence utile
    face aux plis du chaos
    dans la main de l'insensé


    Sous les masques du vent
    les couleurs ravies au destin
    au bleu des mots
    qui les expriment
    fruits d'améthyste
    et de cendres nourricières
    sont un peu de ce trouble ressenti
    à chaque arrêt du souffle


    Des résines de feu courent
    à même les veines du levant
    dans l'incertain combat
    qu'il te faut livrer
    elles irisent le pourtour d'un lavoir
    tout cerclé de mercure
    de nitrates ferreux
    perdu là au coin d'une rue
    au cœur des pierres de l'histoire


    page à page se donne
    d'un blanc d'ambre second
    ton regard inversé.


    Daniel Martinez

     

     

  • "La traversée du corps", Daniel Martinez

    Est-ce pour ce temps qu'est donné
    tout le temps renouvelé
    aussi peu désireux que nous
    d'en connaître le terme
    l'épuisement du monde
    derrière le pays de l'été
    ses syllabes muettes tout imprégnées
    d'une origine à peine marquée
    inscrite à l'horizon

    Est-ce les pleurs de l'arbre après qu'il a plu
    qui se feraient l'écho de nuages
    égarés
    dans l'intervalle d'un espace intérieur
    poreux mouvant cotonneux
    frôlant sans s'arrêter
    la plénitude du vivant
    les souches d'orme rongées de mousse
    ou les motifs des ailes du Grand Mars

    Est-ce frappée d'un rideau d'or
    l'allée soudainement redécouverte
    née au cœur de la rousse 
    lumière d'octobre
    parmi les touffes d'herbe qu'elle égaie
    qui persiste dans l'esquisse
    d'une splendeur refoulée
    à même la langue
    du quotidien
    avec ses faiblesses admises

    ses reflux impénitents qui nous parlent
    de l'enfance galvaudée
    du glissement de la péniche dans la fenêtre
    au moment d'éprouver
    entre l'air et l'eau
    le temps d'un frôlement
    ce que l'histoire défait à mesure
    jetant à terre les images
    dont nous ne serions en somme
    que les témoins fictifs ?


    Daniel Martinez
    le 9 janvier 2024

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  • "Correspondance 1958-1894" Charles Bukowski, traduit de l'américain par Marc Hortemel, éditions Grasset, 430 pages, 20,90 €

    Dans le prochain Diérèse, vous pourrez découvrir une note de Jean-Paul Bota sur le dernier livre de Jacques Josse, paru le 20/10/2023 chez Folle Avoine "Postier posté" où est mentionné le sulfureux (d'aucuns diront "inacceptable") Charles Bukowski. Né en 1920 à Andernach (Allemagne) il prend le départ pour Los Angeles avec ses parents à l'âge de deux ans. Aux Etats-Unis, c'est la Grande Dépression, et le père de Charles Bukowski passe ses colères et ses frustrations sur son fils, affectionnant la pédagogie quasi-militaire du fouet...
    N'insistons pas plus. Plutôt se reporter à présent - pour ceux qui ne la connaîtraient pas -, à la Correspondance de l'auteur du Postier, que vous présente Raphaël Juldé :

    S'il y en a un qui n'a jamais écrit que sur sa propre vie, c'est bien Bukowski ! En vers ou en prose, à travers six romans et une multitude de nouvelles, le "vieux dégueulasse" n'a jamais trouvé de meilleur sujet d'étude que lui-même. Les éditions Grasset, après avoir réuni les Contes et nouvelles et les Romans, et avant d'avoir publié l'intégrale des Poèmes, ont proposé à ses lecteurs la première édition en français d'un choix de lettres de Charles Bukowski.
    Cette correspondance s'écoule de 1958 à 1994 ; elle commence donc avec les premiers pas de Bukowski dans la presse underground, et s'achève avec sa mort. En 1958, Hank travaille au tri postal. Il s'est depuis peu remis à écrire après une interruption de dix ans. Avec ces lettres, adressées à ses éditeurs E.V. Griffith, Jon et Louis Webb ou John Martin, aux amis écrivains et poètes, aux admiratrices et aux maîtresses, le lecteur retrouve un Bukowski fidèle à lui-même, à ses obsessions de toujours : l'alcool, la baise et les courses de chevaux. Plus besoin de passer par la fiction, ce sont des tranches de vie qu'il livre à ses correspondants, qu'il s'agisse d'une séance photo qui tourne au cauchemar, racontée dans les moindres détails à Jon Webb en octobre 1962, des crises de l'une de ses femmes ou de ses innombrables cuites, Hank puise à pleins seaux dans son quotidien des anecdotes épouvantables et drôles...

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