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  • Journal du 12/2/22

    "Voudrais-je être une comète ? Oui. Car elles ont la rapidité des oiseaux, elles fleurissent en feu et elles sont en pureté comme des enfants." Hölderlin

    Diane me dit : "Je ne voudrais pas devenir adulte".
    Moi :"Le problème, mon petit cœur, est d'abord d'échapper à la bêtise du monde adulte, sous toutes ses formes. On le devient forcément, adulte, mais on peut éviter de laisser sa vie filer entre ses doigts, de se laisser dérouter à mesure par les mots-clés et les déterminants d'une prétendue réussite sociale. A cette heure, l'âge aidant, ce ne me semble pas vraiment difficile, quoique : sans opposer d'efforts à l'attraction générale, on perd la source même de nos passions premières, inévitablement. Car il est toujours plus facile de s'en remettre aux logiques illusoires de l'époque et de perdre de la manière ce qui fait notre richesse initiale. Je t'apprendrai jusqu'à ma fin à prendre tes distances avec la surface du monde, à cultiver la merveille de l'imprévu."

    Gaëlle : "Je ne voudrais pas que tu meures un jour."
    Moi : "Tu as des gens qui sont à peu près morts de leur vivant, j'en connais tant. Le problème n'est pas de mourir, on a tous une fin, on ne sait pas trop quand, qu'importe. Le tout, c'est de savoir, sa vie durant, épeler les bleus, les verts, les rouges, les jaunes, tout un alphabet de couleurs qui nous sont lumière, au seuil des heures et des jours et des années, ou dans le temps d'après, qui est leur suite logique. Il y a cette phrase d'André Breton que j'aime : "Sur cet écran tout ce que l'homme veut savoir est écrit en lettres phosphorescentes, en lettres de désir." La vie est un écran, et à chacun d'y trouver les couleurs qui le feront frémir, s'émouvoir, se passionner. Savoir regarder pour enfin savoir se regarder pour ce que l'on est, pas pour ce que l'on voudrait qu'on soit. La mort est juste une fausse note, elle n'a de réelle importance que pour celles et ceux qui n'ont rien cherché qu'à obéir aux préceptes sociaux, à se passer sous silence, à oublier que c'est la flamme qui donne sens au feu."

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  • Pierre-Jean David d'Angers (1788-1856)

    A l'abbaye Toussaint d'Angers on peut découvrir cet admirable modèle en plâtre, conçu pour le tombeau du général Botzaris. A la mort du sculpteur, Madame David en a fait don au musée des Beaux-arts d'Angers, une œuvre qui a intégré alors la galerie David d'Angers, transférée en 1984 dans l'abbaye Toussaint d'Angers entièrement restructurée.
    Y sont exposées là des sculptures sous forme de plâtres d’atelier, qui sont l’étape préparatoire à l’œuvre définitive, celle-ci étant coulée en bronze, sculptée en marbre ou en pierre.

     

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  • "Lacunes" : Paul Valet, éditions Mercure de France, 25 mai 1960, 80 pages, 4,80 F

    On connaît plus ou moins bien selon, la vie tourmentée du poète Paul Valet, pseudonyme de Georges Schwartz. Médecin des pauvres dans une banlieue déshéritée, il soignait le plus souvent à l'œil les clochards, les immigrés, les artistes, les marginaux qui n'avaient pas accès aux soins remboursés par la Sécurité sociale.
    Né à Moscou vers 1905 d'une mère polonaise et d'un père ukrainien, il débuta dans la vie comme pianiste et n'entreprit des études de médecine qu'après que ses parents se fussent installés en France (1924). Au Quartier latin, chez les artistes, il travaillait tout aussi gratuitement, apportant même les médicaments nécessaires, échantillons offerts par les laboratoires ou payés de sa poche. Poète durant ses rares heures de loisir, il ciselait des vers mélancoliques ou révoltés qu'appréciaient ses amis surréalistes en particulier Henri Michaux et Robert Desnos, sans oublier Henri Thomas. Il traduisit aussi du russe
    Seize poèmesde Joseph Brodsky, éditions Les Lettres nouvelles, 1964 et Requiem, d'Anna Akhmatova, éditions de Minuit, 1966. 
    Paul Valet, paladin solitaire, ascète du Non, connaîtra l'horreur des hôpitaux psychiatriques avant de s'éteindre en février 1987, à Vitry.

    Comme il a été mentionné, le milieu artiste ne lui était pas étranger, il connut par exemple Henry Espinouze, qui devait peindre dans une salle commune de l'hôpital Broussais un admirable portrait de son ami Paul Valet, lui qui l'avait fait hospitaliser pour soigner sa cirrhose, sauvant ainsi le peintre. C'est le plasticien Marek Swarc qui a orné d'un dessin son premier livre, paru en janvier 1948, Pointes de feu (éd. Horizons). Il se lia avec Jean Dubuffet, qui entretint avec le poète une correspondance encore inédite.

    Le livre que j'ai entre les mains, Lacunes, a été dédicacé au "grand Maître du blanc", Jean-Jacques Saignes (ainsi qualifié par Geneviève Bonnefoi), un peintre aujourd'hui nonagénaire. Une dédicace très sobre, qui répond au jansénisme des poèmes de Paul Valet : ici une suite de distiques ou tercets, porteurs d'aphorismes dépouillés à l'extrême.
    En page de garde donc, à l'encre noire du stylo plume : "Remis à Jean-Jacques Saignes, le 25 juin 1960", suivi de ses initiales : "G. S". Pas de formule de politesse. Soit un mois tout rond après la sortie du livre.
    Le recueil est composé d'un avant-dire (à lire plus bas), suivi de quatre chapitres : "Espaces vagabonds", "Revenir de loin", La marche du poète", "Amos".
    Voici des extraits de la deuxième section :

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