Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 50
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Né le 3 mai 1914 à Limoges, l'écrivain, poète, critique Georges Emmanuel Clancier (1914-2018), qui fut aussi homme de radio et de télévision est l'auteur d'une œuvre considérable, dont le célèbre Pain noir (1956), qui donna lieu dans les années 80 à une série télévisée-culte. Pour mémoire, Georges-Emmanuel Clancier a publié aux éditions Albin Michel trois livres autobiographiques : L'Enfant double, L'Écolier des rêves, Un jeune homme au secret. Au secret de la source et de la foudre est son tout dernier livre, édité par Gallimard en novembre 2018, quelques mois après son décès.
Georges Emmanuel Clancier a publié chez René Rougerie trois livres : Journal parlé, illustré par Lucien Coutaud (1948), L'Autre Rive, illustré par l'épouse de l'éditeur, Marie-Thérèse (1928-fév. 2008) en 1952 et L'Autre Ville, qui par son titre répond au précédent.
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Des extraits du Journal de Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947)
Vingt années après son décès, les Œuvres complètes de Charles-Ferdinand Ramuz, en 20 volumes, ont été publiées par les éditions Rencontre, sises à Lausanne, ville de naissance de l'auteur. Je vous ai déjà parlé de cet écrivain "le plus représentatif de la Suisse du XXe siècle" à propos de "Passage du Poète" publié en mars 1990 aux éditions L'Age d'Homme, un livre révélateur de son talent, visionnaire et réaliste à la fois (une constante).
Moins connu que les livres qui ont assuré sa notoriété (Aline, Jean-Luc persécuté, La grande peur dans la montagne, Si le soleil ne revenait pas...), voici pour les lecteurs de ce blog des extraits choisis de son Journal, de l'année 1902 à celle de sa fin : -
"La ville du dedans", pour accompagner la naissance du jour
La chaleur du sommeil dissoute dans l'ombre des grands cèdres
tu frisonnes d'être ainsi à la lisière du regard
parmi les apparences apparence toi-même
poreuse cette peau qui rend par transparence
tout ce qui passe à contre-mort
avec le bonheur des uns pas loin
de ceux qui s'inventent une voie
que l'espace absorbe à mesure
La ville du dedans est ainsi faite
de joyaux décomposés d'images-traces
prises dans les bogues des miroirs où se tiennent
les eaux initiales de l'instant à l'instant
tout arrive tu t'assieds au bord du grand vaisseau
traversant les heures sans façon
tu suis la durée de vie d'une vague
là-même où flottent des paillettes d'or
vêtues de bleu doublées de nuit
que nous découvrons à deux maintenant
où sable verre et cristal se conjuguent
aux dix mille parcelles de la vie
qui ne tient plus qu'à un fil
là-même où la flamme soufflée
s'en est allée
Daniel MartinezPS : Il s'agit là de la première version du poème, retouchée pour sa publication dans le prochain numéro de "Diérèse". J'ai tenu ainsi à en garder la trace et à en assurer la visibilité aux lecteurs.