"La flûte de l'ange", Daniel Martinez
Dessin de Pascal Ulrich, feutres sur papier Canson
Sur l'écran d'en face deux fleurs de lotus immobiles
semblent attendre que se déplient tes mains
tu les regardes s'animer
au moindre son jailli de l'ombre
lové dans le ventre de l'heure
depuis la vaste salle déserte
conscient d'avoir quitté
le demi-jour à l'instant
où s'éloignent les feux de la ville
derrière le drapé des rideaux
toute une arithmétique de particules
livrées à elles-mêmes
Et là te voici les yeux rivés
au cadran du jour passé
à revisiter tel épisode de ta vie
est-ce mémoire est-ce déjà
le futur inscrit dans une destinée
bruissant de tout ce qui viendrait à lui échapper
à même les feuilles ouvertes de nénuphar
mille et cent muets conciliabules
délivrés par la page blanche
figures d'un seul grand corps
celui qui te porte emperlé de blanc
effleuré par l'haleine végétale
Daniel Martinez