Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 18
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Durant la Première Guerre mondiale, Georges Duhamel décide de s'engager dans le service actif, alors qu'il avait auparavant bénéficié d'une réforme médicale en raison de sa vue. Il veut faire don de lui-même et partager les épreuves des hommes de sa génération. À partir de 1914, il occupe pendant quatre ans les fonctions de médecin aide-major dans des "autochir" (ambulances chirurgicales automobiles), dans des situations souvent très exposées. Alors qu'il exerce près du front de Champagne en 1915, puis participe à la bataille de Verdun et à la bataille de la Somme, il décide de raconter les épreuves que les blessés subissent. Deux romans naîtront de cette expérience : d'une part Vie des martyrs, paru en 1917, un recueil de récits qui connaîtra un certain succès. La presse compare ce livre au roman d'Henri Barbusse, Le Feu, lauréat du Prix Goncourt en 1916. Georges Duhamel entreprend ensuite la rédaction de Civilisation, livre-témoignage sur les ravages de la guerre. Le livre sort en avril 1918 sous le pseudonyme de Denis Thévenin car Duhamel ne veut pas être accusé de profiter de la guerre pour faire de la littérature et reçoit le 11 décembre 1918 le Prix Goncourt.
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"Diérèse" 92 (envois du 25 janvier au 10 février 2025 inclus)
Bonjour à toutes et à tous,
Cette enveloppe illustrée du regretté Pascal Ulrich (1964-2009) pour accompagner mon petit mot d'aujourd'hui, non sans renouveler mes souhaits de bonnes fêtes.
Ce numéro, conçu à l'automne, je l'ai voulu de la même longueur que les deux précédentes livraisons, il totalise donc 328 pages, un nombre qui me plaît bien (puisqu'en soustrayant 3 à 8 l'on obtient 5 qui augmenté du 2 central donne 7, un chiffre parfait).
Trente-cinq livres, publiés par 28 maisons d'édition, seront commentés par dix-sept auteurs, ce sur 70 pages. Pour cette livraison, les deux maisons les mieux représentées si je puis dire sont L'herbe qui tremble (5 titres) et Encres Vives (3 titres). Je vous ai parlé là de la rubrique "Bonnes feuilles" qui clôt le volume.
A présent, revenons aux premières pages : après un éditorial signé par Gabriel Zimmermann, passons si vous le voulez bien à la section "Poésies du monde", où vous pourrez lire de la poésie portugaise (15 pages), allemande (7 p.), et une translation de poésie française en langue italienne (9 p.). Chapeau bas pour les traductrices/eurs : Cecilia Basilio, Elisa Bartolini, Jean-Paul Bota, Joël Vincent.
Après quoi, deux "Cahiers" accueillent 21 poètes, avec en tête d'affiche (voir plus bas la couverture recto) Nelly Froissart, Yves Bergeret et Rodolphe Houllé, trois nouveaux poètes pour la revue, discrets et méritants. Cent vingt-six pages sont consacrées aux poètes de l'Hexagone, ils vous réservent de belles surprises. Champagne pour tous !... un plaisir que de recevoir tant de textes, par messagerie internet ou via la dame Poste (demandes auxquelles je ne puis malheureusement pas toujours donner une suite positive, certes). Je n'oublie pas bien entendu les poètes francophones (Belgique, Suisse, Royaume-Uni, USA).
Avant d'en arriver aux notes de lectures, vous pourrez découvrir la rubrique "Journaux", forte de ses 44 pages, avec la participation de quatre auteurs, dont Pierre Bergounioux. Son Journal court cette fois d'octobre 2022 à février 2023, des pages inédites il va sans dire. Un extrait pour les lecteurs du blog, en date du vendredi 10 février 2023 :
"On se rend, à sept, dans un restaurant de la rue Saint-Jacques. Un jeune pianiste anime la soirée. Il est difficile de s’entendre parler. Je quitte précipitamment la table à dix heures, crainte de n’avoir plus de train que de demi-heure en demi-heure, des travaux sur la ligne B, de la fatigue, du froid, du malaise auquel je suis plus particulièrement sujet dans les transports en commun. Beaucoup de monde dans les rues, encore, des jeunes, surtout. J’ai vécu, si c’est le mot, dans les livres et suis chaque fois déconcerté par la réapparition du réel, des vivants. Il me semble revenir, pour un instant, d’entre les morts, comme dans Le Faussaire de Jean Blanzat. Cathy descend me chercher à Courcelle, à onze heures."Le titre choisi pour cette livraison : "Eveils".
Amitiés partagées, Daniel Martinez
"Lire la suite" pour un coup d'œil sur la première de couverture... -
Le musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine : ouverture le 26 mars 2017
Il aura fallu deux films, bientôt trois, pour qu’on sache qui était Camille Claudel. Isabelle Adjani en 1988, Juliette Binoche en 2013 et Izïa Higelin dans Rodin, en salles le 24 mai 2017, ont prêté leurs traits à la sculptrice du XIXe siècle et lui ont permis de retrouver sa place dans l’art. C’est en partie grâce à elles que la ville de Nogent-sur-Seine (Aube) a mis le paquet – 12 millions d'euros – pour lui créer un musée dédié, qui a donc ouvert le 26 mars 2017.
Quand Auguste Rodin, sculpteur reconnu de 43 ans, rencontre Camille Claudel, 19 ans, c’est le coup de foudre. S’ensuit une relation passionnelle qui se terminera dans la douleur. Dans Camille Claudel, elle est vue comme sa muse, lui comme son mentor. Jusqu’au moment où elle sombre dans la folie, pensant qu’il l’a utilisée pour se mettre en valeur. « Elle avait une affinité avec le style de Rodin, car leur sensibilité était commune », commente Cécile Bertran, conservatrice de ce nouveau musée. Au-delà de leurs amours, Rodin et Claudel sont surtout dans une incroyable relation d’émulation artistique. « Leur confrontation a été déterminante pour le développement de l’œuvre artistique de chacun », explique Cécile Bertran. Le musée le montre en mettant en avant leur travail autour du Baiser, la manière dont Rodin a repris La jeune fille à la gerbe de Claudel, ou encore en mettant côte à côte leurs œuvres toutes deux intitulées Femme accroupie.
Si Camille Claudel avait un talent comparable à celui d’Auguste Rodin, comment se fait-il qu’elle ait dû devenir une héroïne de cinéma pour qu’on s’intéresse à elle ? « De son vivant, Rodin avait fait une grosse donation à l’Etat pour ouvrir son musée à sa mort, rappelle Cécile Bertran. Tandis que l’internement de Claudel, les trente dernières années de sa vie, ne lui a pas permis de valoriser son œuvre ». Le musée créé à Nogent-sur-Seine rend enfin justice à la sculptrice d’exception. Il replace son œuvre dans la continuité des sculpteurs nogentais du XIXe siècle pour montrer sa singularité. Évidemment, Rodin occupe une grande place dans la visite, notamment grâce à des prêts de musées. Mais sa présence est limitée à son influence, donnant toute leur ampleur aux spécificités de Camille Claudel.
Claire Barrois