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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 18

  • "Désormais", poème de Daniel Martinez

                 Effleurant note à note
                Morgane et les ronds de sorcière
                les vertèbres crispées de retenir
                de part et d'autre de la cloison
                ce que le silence couve
                arborescences nocturnes
                ou stylet de givre
                logé au plus secret de soi


                Tu es ici Paul toute conscience abolie
                attendant de retrouver intubé
                la respiration
                celle qui vient et se retire
                au cœur de la sœur âme des mondes
                sous leurs ailes prisonnière
             

    Là de longues dames pas à pas
    arpentent les remparts de sel
    au-dessus de la ville traversée
                d'aboiements silencieux
                tandis qu’une voix te murmure
                que la toute fin n'est pas pour aujourd'hui


    Le vent s’accroche aux branches du sureau
    à même la gaze des poumons

    le frémis des lèvres
    les courbes de l’avant-voir

                Et vertes les eaux sur la porte de verre
                effaceront l'image réfléchie par les hautes herbes
                le premier indice annonçant ton réveil
                venu résoudre d'un trait ce dont tu voulus
                t'empoisonner les sangs

    Daniel Martinez
    (22/8/24)

     

  • "Retour à l'image", poème de Daniel Martinez

    Hors ce dont tu te verras privé 
    à même le sillon des filantes subsiste 
    arquée contre le roc
               une terrasse au loin
               avec ses garde-corps
    à contre-courant du paysage
    la langue s’est posée 
    sur les lignes d’un livre
    d’une chevelure défaite
    bosquet de saules que caresse 
    la fragile architecture 
    de ta nuque

    et dans la pièce voici
    les fruits dans le compotier 
    les mots du monde cueillis 
    par des mains silencieuses
    plus tendres que réels 
    voici perçue l’intime source 
    qui nous tient lieu d’histoire 
              celle de simples brins d’herbe 
              rejoignant l’humus
    l’essence même 
    d’un regard dénué 
    matière à nostalgie 

    Par tout ce qui émane 
    d’un monde contrefait 
    revisité             taché de sauge 
    cela qui fut sera 
    d’hier à aujourd’hui dispersé
    comme moisson d’incertitudes 
    musique d’air à fleur de peau 
    nervures cousues de sève 
    nourricière 


    Daniel Martinez

    (21/8/24)

  • "L'ombre de la montagne", poème de Daniel Martinez

    Maintenant que l'ombre de la montagne
    avait éclipsé mon campement
    et que le mince filet d'eau à deux pas
    s'était délivré de ses petites médailles d'or
    tout donnait l'impression d'un calme absolu
    à la pente avec au bas de la vallée
    les toits de lauze que la pluie
    avait lavés quelques heures avant


    Une tiédeur semblait avoir infiltré
    l'épaisseur des choses
    il était temps de s'éloigner à présent
    que les conifères fumaient de concert
    avec l'odeur de la terre mouillée
    les premiers névés où le pied enfonçait
    jusqu'à la dernière page des géographies d'enfance
    mes tempes en restaient douloureuses
              la bordure du volet avait perdu son orangé
    mais cette souffrance légère diffuse
    n'avait rien d'un adieu à un autre monde


    Elle en avait gardé les traits jusqu'à la transparence
    d'une foule d'atomes jamais pressés de conclure
    c'est un peu de ta voix qui continue de muer
    un peu de ces ramures émerveillées
    qui paressaient l'œil béant
    et l'illisible chimère
    d'un chemin de crête
    à emprunter
    ouvert à la hiérarchie des dieux

    qu'Hésiode dans sa Théogonie
    voulait fidèle à l'écho des sphères
    à la vacance d'un âge
    sans horloge aucune

     

    Daniel Martinez

    (20/8/24)