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  • "Imaginary Who pour B.N. et 12 postes de radio", Jean Daive, avec deux dessins de Jœrg Ortner, éditions Givre, 24 pages, 8 avril 1977, 350 exemplaires

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    Pascal Ulrich, feutres sur papier kraft, 9 octobre 2001

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  • Des nouvelles. Focus sur "Vu, vécu, approuvé." de Jean-François Mathé, éd. Le Silence qui roule, septembre 2019, 12€

    Bonjour à toutes et à tous,

    Je me dois de vous donner des nouvelles de la future livraison de Diérèse, soit son quatre-vingt neuvième numéro. Elle comptera 314 pages, je n'ai pas pu aller plus loin (car les coûts de port, au poids (ici moins de 500 g.), deviennent prohibitifs, ils augmentent encore au 1er janvier, au rythme de l'inflation !). Sachez qu'en 2023, envoyer un exemplaire en Californie me revenait à 2,68 € alors que la même opération, d'un arrondissement (ou d'un département) à l'autre me voyait débourser 5,36 €, soit le double très exactement. Ce tarif privilégié consenti pour favoriser la diffusion de la langue française à l'étranger est finalement maintenu par la poste, en légère augmentation, là tout à fait acceptable... Sur le sujet, je vous invite à relire Pascal Commère in Diérèse opus 88, page 167, sachant que les tarifs postaux par tranche de poids ont (déjà) bien augmenté depuis ce qu'il a pu consigner là :

     "À l’agence postale, ce matin, je tente de faire entendre à l’employée sa mine de gros poupon rieur qu’envoyant des livres, ce pour quoi je suis là présentement, je souhaiterais ne pas devoir régler un affranchissement d’un montant excédant le prix du livre. Elle dit oui. Je lui explique alors qu’il existait, naguère, un tarif Livre, lequel a par la suite été supprimé. Les livres voyagent désormais en classe Affaires, j’ironise. Elle dit oui. Oui oui. Puis, se penchant vers l’unique armoire qui meuble le coin qu’elle occupe dans la pièce réservée au secrétariat de mairie, elle tire une sorte de gabarit en carton. Voyez, dit-elle, au-dessus de trois centimètres d’épaisseur c’est plus le tarif Lettre qui s’applique. Et comme si je ne comprenais pas, elle ajoute : 4,50 € au lieu de 4,20 €. J’acquiesce. Ne manquant pas toutefois de remarquer qu’ayant il y a peu mis à la boîte de semblables envois estampillés d’un timbre à 4,20 €, ils ont été pareillement distribués. Elle dit oui. Décidément cette jeune femme est bien aimable, et c’est vrai qu’elle sourit en permanence, acceptant chacune de mes remarques. J’en profite tout de même pour lui signaler, quoiqu’elle n’y soit pour rien bien sûr, qu’avec de tels tarifs prohibitifs on ne pourra bientôt plus faire de services de presse. Et je lui explique en quoi cela consiste. Mais peut-être le sait-elle déjà ? Elle dit oui.
    "

    La multiplication des "revues" en ligne confirme le phénomène, que vivent au quotidien les revues papier (je ne parle pas des "zines") du moins celles qui décident de tenir bon la rampe. J'en suis. Dans le temps on me demandait si je n'étais pas banquier, à quoi je répondais que j'étais très loin de l'être. Celles et ceux qui me connaissent directement savent ce qu'il en est.
    Ceci dit, la poésie mérite bien quelques sacrifices, n'est-ce pas ?... J'ai effectué une seule fois une demande de subventions, refusée illico car je n'atteignais pas (comme toujours d'ailleurs) les 300 abonnés ; tiens, je m'autoriserai à vous scanner un de ces jours la réponse d'un obscur fonctionnaire du CNL (ita est). Est-ce qu'il me fallait baisser les bras pour autant ? Ce fut l'inverse, ayant de longue date été du côté de la résistance ; il en faut de l'énergie face à la dévalorisation de la chose écrite au profit du numérique, l''écran venant à déclasser le livre, la lecture aussi bien - et je ne parle pas que de poésie...

    Dans ce numéro 89, revenons-y, il y aura notamment quatre hommages rendus à : Jean-François Mathé, Michel Cosem, Gérard Duchêne (plasticien-poète) et Daniel Giraud, qui a lui mis fin à ses jours le 6 octobre 2023.
    De Jean-François Mathé, qui nous a quittés en novembre (il a participé à Diérèse), je retiens ces poèmes de son cru, extraits d'un recueil paru en septembre 2019 : Vu, vécu, approuvé. (éditions Le Silence qui roule, maison que dirige courageusement Marie Alloy). Un titre qui me fait penser, ceci dit en passant, à un recueil d'Henri Thomas : Compté, pesé, divisé, paru chez Plon en 1989, il s'agissait là de pages choisies de son Journal.
    Vous pourrez lire aussi, dans ce n°89, des pages inédites du Journal de Pierre Bergounioux, que vous connaissez de plus près à présent... En sus, 22 poètes se partagent les deux "Cahiers", j'en resterai là.
    Voici pour mémoire quelques poèmes extraits du livre de Jean-François Mathé dont je vous ai parlé,
    Vu, vécu, approuvé. :

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  • Journal espace (propos épars)

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    C'est sur ce petit carnet que j'ai tenu mon journal, alors que je voyageais en Inde, pas comme un touriste ordinaire j'entends, désireux plutôt d'approcher Le Grand Théâtre du Monde (Calderón), en acteur plutôt qu'en spectateur. Je m'en suis confié dans Diérèse et n'y reviendrai pas. Pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en manque (disons un autre jour). Tiens, une image, au passage : juste avant de regagner l'Hexagone, je m'étais risqué aux portes du désert du Thar, dans l'Etat du Rajasthan (le fameux Mârusthali), y avais logé dans une sorte de hutte aménagée où j'avais dû déloger une blatte de la taille d'un gros lézard, écrasée avec un masque balinais qui fut l'un des rares souvenirs ramenés d'Inde. Il y avait là, bétonné par l'habitant, une sorte de piscine à ciel ouvert qui s'offrait à ma vue. Il faisait si chaud que je n'ai pu résister longtemps et donc, après m'être mis en tenue, j'ai plongé : jamais eau ne me parut plus chaude, en piscine s'entend...

    Vous n'êtes pas sans savoir que Diérèse a publié des inédits de Guillevic (son prénom toujours exclu de ses nombreuses publications) dans son numéro 37, en l'été 2007, trois poèmes surgis à leur surgissement - et qui n'avaient pas été retenus dans Relier - poèmes 1933-1996, livre édité par Gallimard ladite année : septième du nouveau millénaire dont on souhaite qu'il ne soit le dernier dans l'histoire de l'humanité (l'espoir faisant vivre).
    Temps passé, toujours présent à l'esprit ce qu'écrivait Guillevic dans son Art poétique (Gallimard, 1989) : des vers d'une simplicité désarmante et pourtant si justes dans leur visée (proprement poétique) :

              "Il y a de l'utopie
              Dans le brin d'herbe

              Et sans cela
              Il ne pousserait pas

              Il y a de l'utopie
              Dans l'azur

              Et même
              Dans un ciel gris.

              Toi, sans utopie
              Tu n'écrirais pas

              Puisqu'en écrivant,
              Ce que tu cherches

              C'est mieux connaître
              Où te mène ton utopie."

    Dans une autre optique - où la poésie apparaîtra comme un "imaginaire trophée" - me revient l'une des Divagations de Mallarmé qui a pour titre "Le nénuphar blanc", et qui nous interroge sur le faire œuvre de la poésie, en termes de privation cette fois. Mallarmé, à la faveur d'une narration (car c'en est une, fable prise dans un récit d'événement), nous dit ceci :
         se privant de jouir d'une apparition possiblement "réelle", désirée, celle d'une femme au bord vert du fleuve, le narrateur la fait ne pas apparaître, ou quasi apparaître-disparaître, pour la plus grande chance de changer une prose relatante en prosème, entendez en une parabole de ce que peut faire "la poésie". Le descriptif d'une mésaventure et manœuvre de rameur se laisse transcrire en l'une des définitions de l'opération poésie, en art poétique - une vision ici allégorique. Mallarmé conclut ainsi ce conte :
         "Si, attirée par un sentiment d'insolite, elle a paru, la Méditative ou la Hautaine, la Farouche, la Gaie, tant pis pour cette indicible mine que j'ignore à jamais ! car j'accomplis selon les règles la manœuvre : me dégageai, virai et je contournais déjà une ondulation du ruisseau, emportant comme un noble œuf de cygne, tel que n'en jaillira le vol, mon imaginaire trophée, qui ne se gonfle d'autre chose sinon de la vacance exquise de soi qu'aime, l'été, à poursuivre dans les allées de son parc, toute dame, arrêtée parfois et longtemps, comme au bord d'une source à franchir ou de quelque pièce d'eau.
    "

    Je terminerai ces quelques réflexions en vous souhaitant à toutes et à tous d'heureuses fêtes de fin d'année.
    Amitiés partagées, Daniel Martinez