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La parution de Pour un moissonneur vaut à Roud le prix Rambert, qui lui est remis le 27 juin 1941. Philippe Jaccottet, venu écouter le discours de Ramuz lors de cette cérémonie, y fait la découverte de Roud. A consulter en parallèle : Gustave Roud, par Philippe Jaccottet (Poètes d'aujourd'hui n° 173, Seghers, 1968).
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"Espace méridien", de Madeleine Poncet, éditions La Coïncidence, 56 pages, mai 1980
Une poétesse inconnue des anthologies de poésie, un peu comme l'est Céline Zins dont je vous ai déjà parlé dans le premier blog. Le livre à l'honneur aujourd'hui a été édité par Guy Chambelland, qui a ceci dit en passant effectué un travail de découverte remarquable. Il dirigeait entre autres les éditions La Coïncidence, à cette époque implantées au 69 boulevard Richard Lenoir dans le onzième parisien, siège de la galerie Le Pont de l'Epée.
Madeleine Poncet, née Lombard, est née en 1922 et s'est éteinte le 12 mai 2021. La poétesse a publié 4 livres, avec, dans le même temps, une participation remarquée dans le numéro 22/23 (septembre 1978) de la revue "Solaire", livraison qui avait pour thème "Le jardin".
vignette de la revue Solaire
Madeleine Poncet est publiée pour la première fois aux éditions du Marais avec "Le nez du renard", 51 pages, 15 juin 1973. Suivent :
"Erreur perpétuelle", éditions Librairie Chambelland, 71 pages, janvier 1974
"Contes pour une paix provisoire", éditions du Pont de l'Epée, 1977
"Espace méridien", éditions La Coïncidence, 56 pages, mai 1980
"Les appuis du vent", éditions Le Pont sous l'Eau, 44 pages, juin 1991Pour illustrer, seront saisis ci-après cinq poèmes représentatifs, extraits de "Espace méridien" :
LA CHANSON DES JONCS
L'oblique des roseaux
Indique le grand beau
Il faudrait bien s'y faire
Aux ruisseaux de la terreAux ruisseaux de la terre
Au verseau des pays
Aux années éblouies
Remuant leurs conflitsQuelque lointaine fête
Pénétrait aux fenêtres
Et la nuit respirait
Son anxieuse utopie
Reinettes vous chantiezReinettes vous chantiez
L'afflux tiède des prés
Les eaux vertes du bief
Peuplées d'âmes trop brèves
Qui couraient et couraient
Entre les joncs surpris
De voir glisser des rêves
A l'ombre de leurs glaives -
"Le Matou", de Colette in "La Paix chez les Bêtes", Fayard et Cie éditeurs, 1916, 256 pages
LE MATOU
J’avais un nom, un nom bref et fourré, un nom d’angora précieux, je l’ai laissé sur les toits, au creux glougloutant des gouttières, sur la mousse écorchée des vieux murs : je suis le matou.
"Qu’ai-je à faire d’un autre nom ? Celui-là suffit à mon orgueil. Ceux pour qui je fus autrefois "Sidi", le seigneur Chat, ne m’appellent pas : ils savent que je n’obéis à personne. Ils parlent de moi et disent : "le matou". Je viens quand je veux, et les maîtres de ce logis ne sont pas les miens.
"Je suis si beau que je ne souris presque jamais. L’argent, le mauve un peu gris des glycines pâlies au soleil, le violet orageux de l’ardoise neuve jouent dans ma toison persane. Un crâne large et bas, des joues de lion, et quels sourcils pesants au-dessous de quels yeux roux, mornes et magnifiques ! … Un seul détail frivole dans toute cette sévère beauté : mon nez délicat, mon nez trop court d’angora, humide et bleu comme une petite prune…
"Je ne souris presque jamais, même quand je joue. Je condescends à briser, d’une patte royale, quelque bibelot que j’ai l’air de châtier, et si j’étends cette lourde patte sur mon fils, infant irrévérencieux, il semble que ce soit pour le rejeter au néant … Attendiez-vous de moi que je minaude sur les tapis, comme la Shâh, ma petite sultane que je délaisse ?