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  • "Chemin de garde", par Claude-Henri Roquet, édition de Corlevour, 2007

    De cet auteur fort peu médiatisé, on le sait né le 20 octobre 1933, à Dunkerque où s'est établi avec sa femme Jacqueline un fidèle de Diérèse, Pierre Dhainaut - et qu'il nous a quittés, Claude-Henri Roquet, le 24 mars 2016, à Paris. Poète, dramaturge, essayiste, critique et historien d'art, il est l'auteur d'une trentaine de livres.
    Claude-Henri Roquet a été l'interlocuteur et l'ami de Mircea Eliade et de Lanza del Vasto. Il est notamment l'auteur de Bruegel ou l'Atelier des songes (Denoël, 1987), Jérôme Bosch et l'Étoile des mages (Mame, 1995) et Vincent Van Gogh jusqu'au dernier soleil (Mame, 2000).

    Le mercredi 24 décembre 2008, Jean-Claude Pirotte devait m'adresser pour la Noël ce dessin original de son cru (lavis et encre de Chine sur Arches, 137 x 190 mm). Il accompagnait, ce dessin, le numéro deux d'un exemplaire hors commerce du tirage de tête de Chemin de garde, dont vous avez le descriptif en en-tête. Ne le recherchez pas sur les réseaux sociaux, qui l'ignorent !

    Joyeux Noël et joyeuses fêtes à toutes et tous, de par le monde, vous qui me lisez, et que je remercie du fond du cœur. Avec mes amitiés partagées, Daniel Martinez

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  • Nuages fuyants de décembre, Daniel Martinez

    Nuages fuyants de décembre


    Effleurant note à note
    Morgane et les ronds de sorcière
    les vertèbres crispées de retenir
    de part et d'autre de la vitre
    ce que le silence de chacun couvre 
    particules oiseaux transparents
    ou stylet de givre au plus secret de soi
    s'épuise la mémoire des couleurs


    Tu es là Paul sous l'aube noire
    qui ne me regarde pas
    attendant de retrouver intubé
    la respiration la première pierre du chemin
    celle qui vient et se retire
    derrière la corniche des années
    dormiraient-elles dans leurs ailes
    sans pesanteur


    De longues dames suivent les remparts de sel
    gardés par une atlante bègue
    le delta de tes yeux évente
    la commune grisaille assiégée
    d'aboiements silencieux
    aux cent bras aux mille mains
    lentement décrispés
    par le mouvement d'un nuage
    si telle vie sûrement
    s'y love


    A même la gaze de tes poumons
    d'invisibles vomissures
    avec le bourdonnement du vent
    perçu à l'intérieur de sa propre distance
    sans pouvoir autrement qu'effleurer
    l'or des syllabes quand le songe
    en son soupir semble suivre
    le dessin des lèvres


    Et vertes les eaux sur la porte de verre
    effaceront l'image qui est 
    parmi les hautes herbes réfléchies
    la seule inconnue
    elles effaceront d'un trait
    ce dont dénué tu voulus
    t'empoisonner les sangs

    Daniel Martinez

     

  • "Trois pages du livre des rencontres singulières", de Henri Michaux, revue "Messages", 23 août 1943, éditions des Trois collines, Genève

    Il s'agit là de "prosèmes" jamais repris en livre par Henri Michaux, un peu comme il en fut pour son opus "Veille", jamais été intégré à un recueil postérieur, alors que le poète réunissait justement ce qui avait été publié préalablement en plaquettes dans des recueils plus ou moins remaniés pour les confier in fine aux éditions Gallimard. A citer aussi "Nous deux encore" (éd. J. Lambert et Cie), plaquette de 32 pages que Michaux écrivit peu de temps après la mort de sa femme, en 1948, retirée de la vente dès sa sortie pour les raisons affectives que l'on devine et jamais rééditée de son vivant.
    Le mystère est que ce texte paru en août 1943 n'apparaît pas non plus dans le deuxième volume de la Pléiade consacré à Michaux. A l'époque, sans doute l'auteur estimait-il ces courtes proses comme inabouties. Elles ont été rédigées durant la Deuxième guerre mondiale, dans des circonstances peu ou prou clandestines. Henri Michaux avait alors envoyé ces pages à Jean Lescure, c'était le cinquième volume de la collection Messages, qui avaient vocation à être des "Cahiers trimestriels". En fait, le premier volume avait été publié en 1939, numéro d'hommage à William Blake ; celui qui nous occupe était le dernier à paraître de l'année 1942, intitulé "Domaine français". Le numéro 1 et portait le titre "Eléments", le deuxième, "Dramatique de l'Espoir", le troisième, "Exercice de la Pureté", le quatrième, "Exercice du Silence".

    Voici à présent ces quelques pages - inédites en livre, de Henri Michaux (p. 177-180) -, extraites d'un volume qui en comptait 446 :

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