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De cet auteur fort peu médiatisé, on le sait né le 20 octobre 1933, à Dunkerque où s'est établi avec sa femme Jacqueline un fidèle de Diérèse, Pierre Dhainaut - et qu'il nous a quittés, Claude-Henri Roquet, le 24 mars 2016, à Paris. Poète, dramaturge, essayiste, critique et historien d'art, il est l'auteur d'une trentaine de livres.
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Nuages fuyants de décembre, Daniel Martinez
Nuages fuyants de décembre
Effleurant note à note
Morgane et les ronds de sorcière
les vertèbres crispées de retenir
de part et d'autre de la vitre
ce que le silence de chacun couvre
particules oiseaux transparents
ou stylet de givre au plus secret de soi
s'épuise la mémoire des couleurs
Tu es là Paul sous l'aube noire
qui ne me regarde pas
attendant de retrouver intubé
la respiration la première pierre du chemin
celle qui vient et se retire
derrière la corniche des années
dormiraient-elles dans leurs ailes
sans pesanteur
De longues dames suivent les remparts de sel
gardés par une atlante bègue
le delta de tes yeux évente
la commune grisaille assiégée
d'aboiements silencieux
aux cent bras aux mille mains
lentement décrispés
par le mouvement d'un nuage
si telle vie sûrement
s'y love
A même la gaze de tes poumons
d'invisibles vomissures
avec le bourdonnement du vent
perçu à l'intérieur de sa propre distance
sans pouvoir autrement qu'effleurer
l'or des syllabes quand le songe
en son soupir semble suivre
le dessin des lèvres
Et vertes les eaux sur la porte de verre
effaceront l'image qui est
parmi les hautes herbes réfléchies
la seule inconnue
elles effaceront d'un trait
ce dont dénué tu voulus
t'empoisonner les sangsDaniel Martinez
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"Trois pages du livre des rencontres singulières", de Henri Michaux, revue "Messages", 23 août 1943, éditions des Trois collines, Genève
Il s'agit là de "prosèmes" jamais repris en livre par Henri Michaux, un peu comme il en fut pour son opus "Veille", jamais été intégré à un recueil postérieur, alors que le poète réunissait justement ce qui avait été publié préalablement en plaquettes dans des recueils plus ou moins remaniés pour les confier in fine aux éditions Gallimard. A citer aussi "Nous deux encore" (éd. J. Lambert et Cie), plaquette de 32 pages que Michaux écrivit peu de temps après la mort de sa femme, en 1948, retirée de la vente dès sa sortie pour les raisons affectives que l'on devine et jamais rééditée de son vivant.
Le mystère est que ce texte paru en août 1943 n'apparaît pas non plus dans le deuxième volume de la Pléiade consacré à Michaux. A l'époque, sans doute l'auteur estimait-il ces courtes proses comme inabouties. Elles ont été rédigées durant la Deuxième guerre mondiale, dans des circonstances peu ou prou clandestines. Henri Michaux avait alors envoyé ces pages à Jean Lescure, c'était le cinquième volume de la collection Messages, qui avaient vocation à être des "Cahiers trimestriels". En fait, le premier volume avait été publié en 1939, numéro d'hommage à William Blake ; celui qui nous occupe était le dernier à paraître de l'année 1942, intitulé "Domaine français". Le numéro 1 et portait le titre "Eléments", le deuxième, "Dramatique de l'Espoir", le troisième, "Exercice de la Pureté", le quatrième, "Exercice du Silence".Voici à présent ces quelques pages - inédites en livre, de Henri Michaux (p. 177-180) -, extraites d'un volume qui en comptait 446 :