Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Diérèse" numéro 4, décembre 1998, 106 pages, 20 F

C'était il y a peu, en décembre 1998, le quatrième numéro de Diérèse, paru à quelques jours de Noël. La couverture est numérisée sur un papier de couleur brique, où apparaît le logotype jungien en première, dessiné par Pacôme Yerma. Les couleurs en couverture, sur papier blanc brillant ou mat ne seront d'actualité qu'à partir du numéro 9 (avril 2000).
Pour sa quatrième livraison, Diérèse compte quatorze auteurs : Martine Maleval, Christophe Manon, Pacôme Yerma, Laurent Billia, Gérard Lemaire, Erich Von Neff, Patrice Dimpre, Paul Engelibert, Charles Patrice, Franck Benalloul, Pierre-Henri Burgaud, Daniel Meyer, Dulce Maria Loynaz (traduite par Pacôme Yerma) et votre serviteur.

En exergue à ce numéro, un vers d'Alain Andreuci : "Petit soleil arrêté à la porte, la terre vole dans le ciel". Tout est dit là, en quelque sorte. "L'immeuble" Diérèse était en construction et j'essayais d'en assurer les fondations, avec les moyens du bord. Déjà, Henry Bauchau qui habitait passage de la Bonne Graine dans le onzième parisien s'était abonné (80 F à l'époque) car intéressé par le Bestiaire que j'alimentais avec toutes sortes d'espèces, comme la veuve noire, le scorpion d'Afrique, le flamant rose, le lynx commun, etc... Jean L'Anselme avait été contacté et n'allait pas tarder à me diriger vers Jean Rousselot. Patrice Dimpre m'avait d'emblée proposé des poèmes. Comme Laurent Billia, qui vingt-deux ans après avoir été publié dans le n°5, a fait retour à la revue dans le n°82, Patrice Dimpre, après une absence de seize années me donnera des textes d'esprit michaudien dans les numéros 67 à 73. Un esprit de famille, qui me convient bien, ma foi. Bientôt arriverait Pierre Dhainaut (n°16, septembre 2001), Alain Jouffroy (n°19, octobre 2002), Richard Rognet (n°27, septembre 2004), Michel Butor (n°32, avril 2006), Bernard Noël (n°37, juillet 2007), Henri Meschonnic (n°38, octobre 2007), Jean-Claude Pirotte (n°44, avril 2009) et tant d'autres, pardon pour tous les noms d'auteurs manquants, fort nombreux et qui ont toute mon estime... E la nave va.

D 4e. num.jpg

 

 

 

Deux auteurs ont été sélectionnés pour vous donner une petite idée du contenu de ce numéro 4 de Diérèse :



Loin le silence


les mots des
grèves nues
des ô tes images
l'écorce des syntagmes
te sucent ton
chant perdu dans
les rizières les portes
à jamais
closes du ver
be de l'orage point
ne sonne non
plus les hypnoses
lors laisse-les
limons que nul

*


mes mots seuls pour te toucher toi
toujours portant de nouvelles lunes
des sacs de plomb
et ne peux te nommer toi
qui n'es pas moi (tes soleils de rire)
et mes yeux
sont pas tes yeux
ô nos visages atroces le passage
électrique d'un clone
les mots écris - les seuls


possibles
Les seuls possibles


Christophe Manon

¤ ¤ ¤

Chiaroscuro


Tout en fleurs de chair tendre, qu'écaille sur l'étal le poissonnier, le cosmos de ses mains, avec les algues, le goémon et les amas de glace pilée. Ainsi la page se pigmente et les souvenirs te reviennent, au jardin où les coraux et les herbes rêveuses brûlent comme des lampes, éclairent la scène de leur halo tiédi.
Et sous le feuillage des ficus, dont le plus avancé projette son ombre sur la terrasse, de secrètes analogies se dessinent, issues du vide où reposent - la nuit avec le jour, dessous leurs voûtes confondues -,
          où surgit en de petites lettres calligraphiées la nostalgie d'un ennui que tu as fui, avec les mots naissants dans le delta des yeux, mots pauvres ou remarquables, affairés à la même tâche, celui de donner sens à ce qui n'en a pas, ou pas encore. Jusqu'à ce que l'autour-de-soi grandisse, que vienne le temps des moissons : et la main qui brasse ces longs cils de soie voudrait continuer de les voir vivre, au creux d'une phrase intime des plus vieilles légendes.

Des faux-bourdons froissent l'air, explorent la diversité de l'atmosphère, d'un vol qui scande une sorte d'infaillible orientation : ainsi de nos vies vagabondes, jusqu'à l'extraction lente du non-noir, la présence recouvrée, de soi à l'autre.
Pastilles d'écume, confetti sur la chaussée perdus dans le grand magma sonore, dans le corps déchiré du réel - ces fragments sur l'ambre du cristallin, les y sertir. La fleur et le fruit d'une temporalité, d'une matière remodelée à l'infini, à contre-mort.

Daniel Martinez

"Écrire, c'est toujours structurer un délire. Un délire est un discours logique dont la première prémisse est fausse... Un livre, c'est une folie à deux avec le lecteur." Antonio Lobo Antunes

Les commentaires sont fermés.