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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 99

  • Alain Bosquet, en tête-à-tête

    En 1970, Alain Bosquet a imaginé un entretien qu'il conduirait lui-même, se donnant la parole en quelque sorte, écoutons-le :

    - Vos lectures sérieuses ?

    - Mon Panthéon personnel, je l'ai bâti à seize ans. Il a peu varié. La prose pour Cervantès et la poésie pour Valéry. Il m'a suffi d'ajouter, plus tard, Kafka. Ces trois-là me nourriraient dans une île déserte, selon le cliché. A la rigueur aussi, une page de Rilke, de Saint-John Perse et quelques chapitres de Kierkegaard.

    - Voulez-vous compléter votre palmarès ?

    - En musique, je ne garde que Mozart, Vivaldi et Richard Strauss. Bien sûr, tout Ravel.

    - La peinture ?

    - L’œil est avide comme une tigresse : même quand il est rassasié, il se saoule d'images. Je crois que personne plus que Van Eyck ne m'a jamais ému : l'absolu et le trivial conjugués, l'homme proche de Dieu et à la fois dans la fange... J'aime beaucoup La Tour, bien qu'il soit surtout un grand metteur en scène : éteignez-moi cette bougie qui met en évidence toutes les rides ! Je m'incline devant Velázquez, qui ne peint que les éclopés, les monstres, les monarques dégénérés. Claude Monet me dissout avec délices : un bonhomme qui veut confondre l'eau et la terre, la terre et l'azur : une exquise noyade ! Je songe à Rubens, qui a pourvu le Christ de gros biceps. J'admire Seurat : il fragmente mon univers comme pour le rendre poudreux, impalpable, évanescent.

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  • Alain Bosquet (1919-1998) et ses "Quatre testaments"

    C'est le prix Alain Bosquet 2021 attribué à un fidèle de Diérèse (depuis avril 2007) : j'ai nommé Gérard Le Gouic, écrivain kernévellois, pour ses "Exercices d'incroyances", livre paru dans la collection blanche de Gallimard (10/6/2021), auteur que vous retrouverez dans le numéro 84 en préparation, avec un ensemble de poèmes inédits...
    C'est ce prix donc qui invite à en savoir un peu plus sur l'auteur Alain Bosquet lui-même. Pour mémoire,
    Jean Rousselot lui a rendu hommage dans les colonnes du n°18 de Diérèse (septembre 2002, pages 59 à 65).
    Laissons à présent Jacqueline Piatier nous parler de cet écrivain infatigable, pour ne pas dire insatiable, aimé par celles et ceux conscients du travail qu'il accomplissait, vaille que vaille, sans autre souci que de servir la littérature, dans tous ses états :

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  • Jacques Kober (1921-2015), un entretien avec Daniel Leuwers

    Jacques Kober a participé à plusieurs numéros de Diérèse, comme le n°47 (décembre 2009) ou le n°58 (octobre 2012), c'est Jean Rousselot qui lui avait communiqué mes coordonnées suite à un article polémique de Noël Arnaud paru dans l'un des premiers numéros de la revue - Noël Arnaud, autre surréaliste, avait écrit un texte qui mettait en cause l'auteur de Divination d'une barque et à propos duquel Jacques Kober m'avait demandé un droit de réponse, accordé naturellement. Ceci dit pour la petite histoire, n'étant pas spécialement friand des querelles de clocher.
    A l'évidence, ce qui me plaisait chez Jacques Kober était cet esprit libre qui était le sien, affranchi des mots d'ordre justement et qui lui ont valu quelques inimitiés parmi ses pairs. Ce qui lui importait peu. Il devait rencontrer Nicolas de Staël, l'évoquant avec regret dans quelques-unes de ses lettres (aucune adresse électronique à signaler pour autant, nos échanges ne s'en portaient pas plus mal).

    En 1975 Jacques Kober effectue un voyage coup de foudre et décisif en Inde. Par la suite il fait la rencontre en 1977 du poète et éditeur Jean Breton, qui publie son recueil Divination d'une barqueFenêtre vous êtes entrée (1982), Un Puits nommé plongeon (1984) et Volatil embonpoint de la mer (1988).
    Au début des années 1990, Jacques Kober se rapproche de Paul Sanda et des éditions Rafael de Surtis, qui vont, jusqu'en 2003, publier le principal de sa production : La disparition Fellini (1997), Changer d’éternité (2000), Connemara Black (2003), la réédition de 1998 de Jasmin tu es matelot. Après 2003, Jacques Kober ne publiera que des livres à tirage limité, comme chez l'éditeur Serge Chamchinov, présenté par Pierre Schroven dans le numéro 83 de Diérèse - qui vient de paraître. Il meurt à Drap le lundi .

    C'est cette rencontre avec le sous-continent indien qu'il évoque ici même, dans un entretien accordé à Daniel Leuwers, voici :

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