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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 11

  • "Ici même", un poème de Daniel Martinez

    Comme s'il suffisait que la terre
    où séjournent des formes infinies
    fût le pouls des vagues qui la traversent
    continûment jumelles épicées de cèdre
    mousses feuillues touchant
    la rondeur nue d'une épaule la tienne
    effluences de toutes sortes
    sous les ventres des nuées
    au feu des mots brûlés
    qui te viennent sous la langue
    sous les syncopes des saisons
    jusqu'à davantage
    papilles nervures salives
    absorbées par la planète humaine
    et voûte de la mémoire
    palais d'Elytis visitant 
    le cœur serré
    la maison ancestrale
    plumes vertes des lataniers
    gonflées par les bruits de fond de l'univers
    comme autant d'atouts dans un jeu
    où rien n'est définitivement acquis
                  ici même où les villes et villages
    bâtis de longue date
    se lâchent et se desserrent
    où les ombres venues de l'eau
    courent entre tes mains
    s'enivrent du vin roux de Falasarna
    gouttes globules rêvant d'être sable
    au plus tendre équilibre 
    entre vivre et mourir
    voyages des marées
    offrons-leur
    tous les rivages
    recomposés
    selon les lignes du hasard 
    les tournoyants soleils
    les grandes peurs rocailleuses
    brassées de mille manières
    elles et nous
    nous et elles remis
    à la grammaire de la nature
    sauvés avant que d'être perdus
    sans plus rien dire
    si ce n'est
    durer


    Daniel Martinez

  • "A quoi bon la poésie aujourd'hui ?", de Jean-Claude Pinson, éditions Pleins Feux, avril 1999, 72 pages, 48 F

    Jean-Claude Pinson est né en 1947. En 1995, après un premier essai sur la poésie contemporaine, Habiter en poète, suivront plusieurs livres de poésie (Fado [avec flocons et fantômes]) (Champ Vallon, 2001), Alphabet cyrillique (Champ Vallon, 2016), et, en 2018, aux éditions Joca seria, un récit en prose à caractère autobiographique intitulé Là (L.-A., Loire-Atlantique), variations autobiographiques et départementales.
    Le recueil dont sont extraites les réflexions qui suivent a le mérite de poser les questions essentielles à la compréhension du médium poétique dans une vision frontale, cadrée, attentive aux motifs de ce qui constitue sa raison d'être, dans et hors le phrasé de la langue, tentant d'approcher graduellement quel est son cap.

    Voici :

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  • "Or, elle", un poème de Daniel Martinez

     

    T'en souvient-il de ces lys qui fleuraient
    le pauvre espoir d'éventrer d'autres cieux
    du paysage imprimé sur ton carnet de route
    de tous les reflets voleurs d'eau
    par la percée de la charmille
    où les marques d'un corps en souffrance
    demeurent


    T'en souvient-il de cette clinique
    de Denia près d'Alicante
    lorsqu'en fine bruine les réseaux nerveux
    hérissés de senteurs de couleurs
    des traces d'anciens lierres grimpant à la croisée
    préparaient ce moment du Passage
    sur la pointe des pieds la muse Myrtis
    en sa figure de vierge embrassait ton visage


    L'encre bleue des tempes riche en lumières mouvantes
    puisaient ici ou là d'ultimes moments
    présage d'une conscience
    prête à te quitter
    d'un surcroît d'ardeur conquérante
    obéissant à un ordre secret
    entre l'air et la buée
    de la langue à la bouche
    puis au fond de la gorge c'est ainsi
    que l'on se vide du hasard
    jusqu'à l'ultime 


    Des oiseaux désordonnés
    quittent le navire et tu restes à quai
    épelant des marbres verts
    des îles par milliers qui s'effacent
    un bandeau blanc au front petite sœur
    dans l'unité d'un monde qui t'a refusé l'accueil
    je te berce seule dans la nuit des temps


    Daniel Martinez