"Mémoires" de Casanova, adaptation de Jacques Marcireau, éditions Baudelaire, illustrations de James Hodges, 800 pages, 3e trimestre 1964
Du libertin Giacomo Casanova de Seingalt (1725-1798), la présente édition donne à lire des extraits du texte intégral qui compte l'équivalent de 4 250 pages. Il s'agit donc d'une édition allégée, qui suit les déplacements de Casanova jusqu'à l'année 1793, à Trieste, où les Mémoires prennent fin. C'est bien le style de l'auteur qui a retenu mon attention, plus que ses exploits d'alcôve et ses innombrables polissonneries, confirmant un désir insatiable. Le mémorialiste s'est fait à son corps défendant si j'ose dire le témoin d'un "siècle des lumières qui oscille entre la littérature larmoyante et les obscénités d'un Diderot, d'un Helvétius, d'un Crébillon ou d'un marquis de Sade", ainsi qu'a pu l'écrire Jacques Marcireau dans son introduction.
L'extrait qui suit est à rattacher à la première partie des Mémoires, après la jeunesse à Venise, le périple se poursuit à Corfou, nous n'en sommes qu'au tout début des incessants voyages de ce séducteur professionnel qui décrira ses succès avec la même candeur que ses échecs, patents la quarantaine advenue, alors annonciatrice d'une déchéance morale précoce qui précède la décrépitude. Mais revenons donc au temps de la jeunesse de Casanova, à Corfou précisément, ville où il rencontre Madame F. dont le galant virtuel est un dénommé Monsieur D.R., gouverneur de galère. C'est en ces termes que le mémorialiste, amoureux d'elle et n'osant lui déclarer sa flamme parle de Madame F. :