Comme vous l'avez compris en lisant le chapitre "Rubrica" in D.83, m'intéressent les réactions à chaud, voire les analyses des auteurs ou lecteurs de Diérèse. Lettres ou courriels qui ont mon estime, j'en ai sélectionné ici deux en les restituant tels quels, signes de la vie même de cette publication, indépendante (et non subventionnée).
Pour commencer, un traducteur que vous avez pu apprécier dans ses traductions de Pouchkine et qui a su se pencher attentivement in D.83 sur l'œuvre de Carlos Nejar, un poète mal connu dans l'Hexagone ; un bel ensemble donc, choisi par ses soins, publié en bilingue, dans ce numéro qui vient clôturer les vingt-quatre années d'existence de la revue. S'y exprime aussi un lecteur/auteur - avec mes remerciements pour ces échanges, bien venus.
A dire vrai, un travail qui me passionne toujours autant, par ses imprévus, ses heureuses surprises comme celle d'avoir pu publier dans cette livraison quelques pages inédites de Thierry Metz : avec, faut-il le souligner, toute ma gratitude à Françoise M., qui fut la femme du poète.
Oleg Almeida (de Brasilia)
traducteur, dans ce numéro 83 :
Je viens de recevoir le numéro 83 de Diérèse, et je suis d’autant plus content de le tenir à la main que mes traductions poétiques ne sont pratiquement pas publiées au Brésil (« La poésie ne se vend pas du tout... », comme on dit par chez nous). Et je vous remercie encore une fois, de tout cœur, de m’avoir entrouvert les portes de votre revue !
Bien amicalement,
Oleg Almeida
François Magne,
un lecteur :
Un petit mot sur un échange qui m'a beaucoup intéressé, c'est votre entretien avec Jacques Robinet (pp. 170 et s.) ; apparaissent "un certain désarroi des poètes", c'est le décor (déjà en 1930 ?, disons "EN VRAC" de Pierre Reverdy), des images fortes (p. 171) "la tour de Babel effondrée", l'insistance sur l'émotion porteuse, évidemment - et par là l'abandon des "joliesses" associées au formalisme, ou à un heideggerisme qui date un peu, - tous les hölderliniens que nous imitions mal en 1968... la citation d'André Suarès p. 173 est revigorante et la mention de la longueur d'ondes (le réson, disait Ponge), est très forte et très porteuse.
"l'humble servante" (174), le "désespoir confiant" (Marie Noël), tout cela veux-je dire qui me parle et "agit" (wirkt, dirait Suso)... m'amènera à lire Emaz. Le poids - la lumière - de l'intériorité (p.175) est bien souligné aussi, son extraction de la "forêt obscure" bien entendu.
En somme ça fait du bien, de réaffirmer tout cela, sans pédantisme, sans joliesse, sans prétention qui écrase : Jaccottet, Roud..., valeurs sûres évidemment. Cette "cavalcade" céleste et pratique m'a plu par sa franchise, son audace tranquille qui réaffirme les pouvoirs de l'Etat de Poésie, et de la poésie.
Merci pour cet échange, qui fait bien le point sur les incertitudes, les faiblesses, et les redites, de la production poétique aujourd'hui. Mais n'oublions pas que l'inspiration peut s'exercer aussi, grâce aux romans, ou autres.
J'espère que vous arrivez à me lire, ma graphie se raréfie (miniaturiste) hélas ! Ai repris ces jours derniers un travail (7-8 pages) sur Victor Hugo - sachant qu'il faut choisir parmi des poèmes souvent (trop) éloquents. Il y a d'autres qualités de ce numéro de revue ; mais ce sera pour une prochaine lettre ?!
Mes saluts cordiaux,
François Magne