"Les limites heureuses" : Daniel Martinez
Les mains plongent fouillent
couleurs et sons
allers et retours au profond
elles y recueillent le mystère des choses
sans visage et sans yeux
brume haletée soupirs cornes de brume
à cris rauques emportées
par le mourir du temps
vrilles crinières échevelées
sans le compas de la raison
toute conscience effacée
Aux terres crêtées d'eaux
festin de haute de basse mer
aux longs mâts de bois brut
dans la claire rougeur
riche de tous les vents
consonnes opaques contenues
lapées dissoutes oubliées
entre le vivre et son suspens
tripes et biles noires
dessous la coque pleine
offerte aux courants
amarrée à demeure
au présent du passé
s'estompe la lumière
fige les grappes d'acier
nœuds de chair
en quête du sans-nom
Daniel Martinez