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Diérèse et Les Deux-Siciles - Page 25

  • "Aux confins", poème de Daniel Martinez

    L'appui de la fenêtre garde les pierres tièdes encore
    la chaleur maintenant diffuse a fait trembler les collines
    elle voit devant elle sa vie défiler
    un voile mauve sur la langue
    les sables d'un feu sans brûlure


    L'air remue très loin selon un rythme parfait
    et la voix des vents s'enroule à même
    l'haleine bleue régnante
    sous le cri pincé d'un martinet
    c'est l'heure du passage
    l'heure où l'encre sur la page blanche
    boit la manne de la saison


    Elle se penche sur la table
    et de ses mains voyeuses
    dessine l'ombre de son premier amour
    ses doigts transparents
    fouillent le buisson de sa chevelure
    les linges secrets du corps
    se font vies simultanées


    L'horizon sans appui
    rappelle à lui les orges ici et là
    insinue entre ses joues
    et le mur de ciment rose
    le suc d'un raisin généreux

    Marie-Aude revoit précisément
    paumes en alerte
    la langue du cresson 
    et sent la mince horloge des rides 
    au tambour des tempes
    ébaucher le hasard à grands traits


    La caverne du cœur
    dévorée de l'intérieur
    tient le nid au plus haut
    ailleurs selon le peu d'ici
    soulevée par des châteaux enrochés
    chevilles déliées il n'est plus rien qui puisse
    la soustraire aux désirs d'être
    un peu plus que la plus inachevée
    des théories du ciel


    Daniel Martinez
    (15/8/24)

  • "L’homme descend du singe", un enseignant en classe de CM1 (2023/2024)

    M'interrogeant sur l'enseignement dispensé à notre fille Gaëlle, en classe de CM 1, j'ai nourri quelque inquiétude sur ce qu'il lui a été dit des origines de l'homme.
    Qu'il me soit permis de rectifier ici l'affirmation de son maître, en guise de lettre-réponse Monsieur Chaze*:

    "Il faut replacer les choses dans leur contexte : au moment où le naturaliste britannique Charles Darwin a formulé cette théorie révolutionnaire dans son ouvrage De l’origine des espèces en 1859, l’idée était totalement nouvelle et dérangeante pour le public, qui restait convaincu que la Terre et les humains étaient le fruit d’une création divine. Si le scientifique y expliquait que seuls les descendants des organismes les mieux adaptés à leur environnement survivent et se reproduisent, transmettant les variations utiles à la survie de leurs descendants – un phénomène qu’il a baptisé “sélection naturelle” –, l’idée n’était pas du goût de nombreux autres scientifiques et de l’Église, surtout à cause de ce qu’elle impliquait pour l’origine des humains. Darwin n’aborde à aucun moment cette question dans son ouvrage, mais les critiques lui ont reproché d’avancer que “l’homme descend du singe”.

    En réalité, Darwin n’a jamais tenu ces propos ; ils viennent du naturaliste français Jean-Baptiste Lamarck qui avait avancé cette idée cinquante ans plus tôt, dans l’indifférence générale. Ce propos, attribué à tort à Darwin, a fait scandale et n’a cessé d’être repris par ses détracteurs, mais aussi par certains de ses défenseurs qui y voyaient une hypothèse crédible. Dès lors, de nombreux scientifiques se sont mis en quête du chaînon manquant entre le singe et l’homme. On sait aujourd’hui que cette idée est une simplification grossière, car les primates actuels ne sont pas les ancêtres de l’homme mais ses cousins. Grâce aux avancées de la génétique, on sait que les bonobos ou chimpanzés nains (Pan paniscus) ont un génotype semblable au nôtre à 99,9 %.

    S’ils font, comme nous, partie de la famille des hominidés, ils appartiennent à une autre branche. Notre ascendance se dessine peu à peu au fil des découvertes de fossiles ; on sait toutefois que notre espèce, Homo sapiens sapiens, est la seule survivante au sein du genre Homo, et que celui-ci a divergé des chimpanzés il y a au moins 7 millions d’années."

    Autre anecdote, pour le plaisir si je puis dire. Une liste de mots est donnée à apprendre au quotidien à Gaëlle, je l'aide à réviser la chose, comme il se doit (le lendemain, il y aura une "évaluation" de l'élève, selon les termes consacrés). Je tombe sur "serpillière", sans le second "i" et demande à notre enfant de corriger pour l'avenir, indépendamment de ce qui a été imprimé sur la "liste". Le lendemain, ce mot tombe à l'écrit, elle le corrige donc selon mes recommandations, et le résultat ne se fait pas attendre, il lui est compté comme une faute (si, si). 
    Me revient à l'esprit ce que Pierre Bergounioux notait dans son Journal paru in Diérèse, où l'une de ses petites filles se voyait pénalisée par le fait que la maîtresse n'avait pas collé la fameuse "liste" dans le cahier de liaison et que l'enfant n'avait donc pas pu retenir l'orthographe des vocables à  mémoriser. Pierre parle ici de "vilenie du monde adulte" : absolument. Une mésaventure arrivée aussi à notre seconde fille Diane, sans recours possible. Heureusement, me direz-vous, il ne s'agit là que de l'école primaire, par la suite, cela ne peut qu'aller mieux (ouf !).

    _____________

    * le nom dudit a été changé

  • "Le sentiment de la nature" : Vahé Godel, Cadex éditions, 14 dessins originaux de Jacques Clauzel, 40 pages, 700 exemplaires sur Vergé, 8,50 € (01/11/2002)

    Voici, de la main de Vahé Godel, sa propre bobibliographie :

    "Vahé Godel habite Genève, où il est né le 16 août 1931, d'un père suisse (le linguiste Robert Godel) et d'une mère arménienne, originaire de Bursa (Turquie). Les séjours qu'il a faits en Arménie, dès 1969, l'ont profondément marqué. Hérétique, érotique, errant sans cesse entre l'Orient et l'Occident, entre les vers et la prose, l'incantation et le récit, héritière tout ensemble d'un Henri Michaux, d'un Octavio Paz et de Grégoire de Narek (le grand mystique arménien du Xe siècle), son œuvre comprend une quarantaine de livres dont : Signes particuliers (poèmes, Grasset, 1969) ; Du même désert à la même nuit (récit, J. Antoine, Bruxelles, 1978, réédité dans la collection Poche suisse, L'Âge d'Homme, 1991, avec une préface de Nicolas Bouvier) ; Qui parle ? que voyez-vous (récit, Zoé 1982, Prix Schiller) ; Quelque chose quelqu'un (choix de poèmes, préface de Jean Starobinski, La Différence, Paris, 1987) ; Arthur Autre (roman, La Différence, 1994) ; Un homme errant (récit, Métropolis, 1997) ; Le sang du voyageur (choix de poèmes, préface d'André Clavel, Poche suisse, L'Âge d'Homme, 2005) ; La poésie arménienne du Ve siècle à nos jours (anthologie, présentation et traduction de V. Godel, La Différence, 2006) ; D'une plume clandestine (L'Aire, 2009)." Ajoutons encore Rien (ou presque) (Éditions des Sables, 2012) ou Parlez, je vous écoute (L'Aire, 2012)."
    J'ajouterai que son dernier livre paru, que Vahé ne mentionne pas, s'intitule : Le chat suivi de vous, (exquise découverte), en date du 29/8/2022, aux éditions Le Taillis Pré.

    Parmi tous ses livres parus, j'ai choisi Le sentiment de la nature, pour ce qu'il dit de beau du monde végétal en particulier. Son livre est divisé en deux chapitres, le second s'intitule "Dans le noir", le premier "Autoportrait d'un frontalier", l'ouvrage débute ainsi :

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