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"Silhouettes", un poème de Daniel Martinez

Tout s'est évanoui, la lumière à la fin
de la neige a cerné les fleurs de ta bouche
dont les froids vifs avaient éprouvé les lèvres
descendant le long de la nuque
l'ombre s'est faite au beau milieu du temps
dans une ville de voyage où tu avais passé
il y a de cela des années


Il en reste comme le fil comme l'ailleurs
d'un dessein impossible
avec ses regards en dehors
ses regards en dedans
qui ne savaient attendre que se constitue
la très pauvre cendre des souvenirs
inquiètes de mourir de mort lente
sans avoir dénoué la profondeur 
sans avoir rêvé à la lueur d'une flamme
de bougie posée à terre
là au centre d'un rien sans limites
la vie semble s'être retirée


Regarde sur ta paume se dessiner
les pleins et les déliés dans l'espace
des paroles échangées
          un liséré d'eau sertir
chaque fois plus indéchiffrables
les silhouettes des arbres
qui pénètrent dans la maison
pour s'enliser à mesure
dans un azur terrestre
où se projettent et se confondent
toutes les œuvres humaines
et le vouloir qui les tient réunies
dans un secret espoir de réconciliation
entre les deux pôles qui les embrassent
comme ramenées à elles 
nues à la mortelle blancheur


Daniel Martinez

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