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  • "Sans une ternissure", poème

    Près de l'ombre fendue par la beauté des grilles
    de la demeure où se perdre
    méandres
    du feu que le soleil dispense
    jusqu'aux pieds
    des rosiers
    gravés sur la porte-fenêtre

    puis derrière dans le cercle immobile du bassin
    par intervalles plus clair et plus vif
    des herbes flottaient là nageant dans les regards
    innervaient déjà nos membres
    une tiédeur rapportée
    au terreau que les mains nues fouillaient
    jonché de grumes pour y découvrir
    l'arc du pauvre dieu entre les strophes
    entre les lignes improvisées du poème
    c'était l'été au-dessus de nos têtes
    dans l'air sucré mêlé à la paix des choses
    à leur grandeur à leur mystère
    avec une spontanéité glissante si naturelle
    qu'elle dépassait tout étonnement
    et recomposait couleur sur couleur
    les chaînons manquants de la vie

    Daniel Martinez

  • "Une chambre conjecturale, poèmes ou proses de jeunesse par Paul Valéry", éditions Fata Morgana, 88 pages, 17 mars 1981, 1000 exemplaires

    Peu connus des lecteurs, les écrits de jeunesse de Paul Valéry méritent pourtant l'attention, tant ils préfigurent l'œuvre future, déjà exigeants quant au style, préoccupation première de l'auteur de La Jeune Parque, dont les trente textes choisis sont bien des poèmes en prose, malgré la relative ambiguïté du titre. Le recueil "Une chambre conjecturale..." est ici préfacé par Agathe Rouart-Valéry, fille de l'écrivain qui précise que "ces adolescentes proses", antérieures à la "nuit de Gênes" "datent de 1888 à 189... ; l'auteur avait de dix-sept à vingt et peu d'années."
    J'aime particulièrement dans ces textes cette façon qu'a Valéry de se qualifier : "Acrobatique poète, clown/
    Je désire m'élancer d'un bond et sauter dans le vide bleu..." ; et qui, dans à peu près le même registre renvoie au poème "Clown" d'Henri Michaux, lui se voyant alors "vidé de l'abcès d'être quelqu'un" et concluant par "Je plongerai. / Sans bourse dans l'infini-esprit sous-jacent ouvert à tous..." (Peintures, 1939).

    Voici :

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