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  • "Le Château des airs", Daniel Martinez

    "Le Château des airs"

    im Nathaniel Hawthorne

     

                   Ce moment de vide d'où rien
                   ne semble pouvoir émerger
                   a fait alliance avec les mots
                   avec les contours d'un corps
                   celui que tu fus
                   en retrouve la trace
                   les mains s'y plissent comme des feuilles
                   effleurent en passant
                   la haie radiante
                   dans le silence du regard
                   s’élève la vraie demeure


                   mais qu'il vienne à se perdre
                   au pied des marches
                   gravies une à une
                   et tout s'inverserait
                   pour ne laisser plus
                   que poussière neigeuse
                   le bruissement des riens


                   Dans l'entremêlé du temps
                   retrouver ce qui justifie l’horizon
                   dans l’irremplaçable voisinage de la terre
                   où se défont les édifices humains
                   et que persiste le chant premier
                   quand tout divague
                                                Sois toi

    Daniel Martinez

  • Christian Bobin écrit à la revue "Le Préau des collines"

    Suite à la mort de Daniel Puymèges (1946-2010), auteur d'un seul livre publié par les éditions du Préau des collines : "Dans le rien des jours", Christian Bobin lui avait rendu hommage, par cette lettre envoyée au directeur de publication de la revue "Le Préau des collines", Jacques Le Scanff. Précisément dans le numéro 12 de ce périodique, paru en novembre 2011 :

    Cher Jacques Le Scanff,

    Celui qui meurt devient un ange. C'est la règle à laquelle n'échappe pas mon ami Daniel, lui qui se voulait gaiement réfractaire à toute loi. Et que dire d'un ange ? Il y avait en Daniel du renard et du feu, du plomb et du ciel. Un an après sa mort, il n'y a plus que du ciel - ou, si vous préférez, un long sourire à la pensée de celui que j'ai toujours vu attentif aux humbles, aux petits, aux non-décorés. Et ce n'est pas rien dans une époque qui commençait à être ivre morte d'elle-même - et c'est même tout.

    Christian Bobin

    PS : la revue "Le Préau des collines" compte 14 numéros à son actif (mars 2000-juin 2014). A noter aussi que ce fut la seule participation de Christian à cette revue de qualité.

  • "La mémoire des visages", de Jacques Ancet, roman, éditions Flammarion, collection "Textes", 198 pages, 70 F

    En quatrième de couverture de son livre paru il y a tout juste 40 ans (dédicacé pour le mien), et qui couvre la période courant de 1978 à 1980, Jacques Ancet écrit :
    "mémoire de visages, fond mouvant de formes en perpétuelle métamorphose dont nous sommes issus et qu'il nous est permis d'entrevoir, avant de nous y perdre définitivement, dans le vertige maîtrisé d'une image, d'une phrase ou d'un livre." Une écriture très libre, des plus personnelles et dégagée de toute autocensure, empreinte d'un réel que l'auteur semble travailler à peine. Mais plutôt porté par le flux des mots, ainsi livrés, avec leurs avancées sur la page, perceptibles, rendues visibles, dans la conscience d'être, naissant, renaissant...

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    A la différence d'un Claude Simon, il n'y a pas de tentative de conjonction formelle ou télescopage de différents plans ou intrigues ; mais un déroulé continu, obéissant à une logique interne, sans effet ajouté permettant la transition entre deux séquences, naturellement interdépendantes. Une écriture continue, sensuelle, où passé revisité et présent se conjuguent, non pour faire date mais pour la mise en mots de ce qui, muet, brûle au-dedans. Pas de transfiguration du quotidien, ou d'allégorie sous-jacente, hors la stricte restitution des composantes de "l'arbre de vie". Fascinant.

    Voici un extrait de La mémoire des visages, début du deuxième chapitre d'un recueil qui en compte quatre, intitulé comme le premier d'entre eux, "visages" :

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