Pages de mon Journal : du 17 au 22 mars 25
A savoir : comme il est facile de perdre pied au sein de mes semblables. La littérature, elle, ne pose que des pierres d'attente : habiter le monde, c'est aussi le raconter, dans tous ses états. Sans pour autant se soumettre à une école ; de furieuses dissensions avec les théoriciens de tous crins, avec ceux qui ont voulu au long de ma vie m'orienter dans telle ou telle direction que je n'avais pas choisie. Opter pour le baroque, pour contredire l'époque. Dans la musique : Bach l'inévitable, Haendel ou Purcell ; aussi bien que dans l'écriture mienne, tributaire qu'elle est d'une audience des plus limitées (dans ce domaine plus que jamais, se garder des compromissions). Etre soi, d'abord.
C'est Picasso qui disait : "Lorsque je peins, j'essaie toujours de donner une image inattendue, inacceptable et donc écrasante du monde." L'art, lui, ajoute un périmètre de présences, visibles lorsque nous nous rapprochons d'elles. Ces présences deviennent ensuite signes, sans que rien ne soit tout à fait clos dans les formes empruntées. Une autre appréhension du regard en ses richesses que concrétise dans les arts plastiques la toile peinte, mais qui ne change à peu près rien à la marche du monde in fine. Seul souci qui vaille : rester fidèle à la mesure justement, du face à face. Seule fait foi la puissance scrutatrice du regard, le plus précieux bien qui nous est donné.