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"Matin", un poème de Daniel Martinez

Au second plan la ville s'éveille
tu dors à mes côtés paisible
tandis que sur le fauteuil de crin
un bruissement soyeux s'échappe
celui de l'âme comme un secret 
émouvant de proche en proche le corps et l'esprit
le jour descend le long du store avec application
la semaine commence ainsi va l'automne
brouiller de rosée les arabesques des balcons
elle étonne les formes grises ou vertes
le chuintement du ressac
émaille des boutons de lys
leur odeur suave
s'infiltre
on commence à deviner le décor

qui menace de nous emporter
floraison fructification au bout de tes doigts
se dissipent des semblants de paysage
c'est là que je me suis aperçu
que je ne rêvais pas
mais que le reste de ton visage
qui revenait de loin
soufflait une fabuleuse image
une mèche étincelante la traversait
qui tachait la matière transparente de l'empyrée
entre mille petits camées bruns éteints
nous chatouillant au passage griffant l'oreiller
les mains trop gourmandes
ont soif
de retrouver les silhouettes des peupliers

et que dans la chambre transparaisse
le plus beau de nos leurres peut-être


Daniel Martinez



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