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Vue par Raymond Beyeler, la "Vénus endormie", une huile sur toile de Giorgione (108,5 x 175 centimètres), peinte vers 1510

Raymond Beyeler, un auteur accueilli dans le quatre-vingt dixième numéro de Diérèse, y a composé un poème sur le célèbre tableau de Giorgione, un peintre de la Renaissance italienne : 

Giorgione_-_Sleeping_Venus_-_Google_Art_Project_2.jpg

 Vénus endormie, huile sur toile de Giorgione (108,5 x 175 cm)

Il m'a informé par ailleurs de l'histoire de ce tableau, qui vaut le détour, voici ce qu'il en dit :

 

 

 

 

 

 

 


Raymond Beyeler a consacré une année d’études et de voyages pour découvrir les œuvres picturales de Giorgione (1478–1510) dispersées dans de nombreuses villes du monde, notamment à Vienne, Saint-Pétersbourg, Venise ou Washington. Des poèmes en prose publiés en revue ou en recueil au cours du temps en ont conservé la trace. Trois inédits seront bientôt publiés dans notre revue DIERESE dont « Vénus endormie ». Des pérégrinations du tableau, l’auteur nous en propose ici un bref historique.

 

Raymond Beyeler

 

VENUS ENDORMIE (ITINERAIRE)

 

A l’origine déjà, la « Vénus endormie » surmonta l’adversité malgré les retouches du Titien après la disparition soudaine de Giorgione (ils travaillaient tous deux dans l’atelier de Giovanni Bellini). D’où encore aujourd’hui des problèmes d’attribution, comme pour ce « Concert champêtre » du Louvre, de la main de Giorgione pour les Italiens, mais répertorié au Louvre sous le nom de Titien.

Notons au passage que le tableau y est déplorablement présenté, suspendu dans l’ombre derrière la « Joconde » (proche aujourd’hui d’une attraction de foire).

Contre l’oubli, la « Vénus endormie » bénéficia dans le siècle à Venise des précieuses notes de Marcantonio Michiel et du goût des patriciens. Trente années plus tard, Titien s’en est souvenu quand il réalisa sa célèbre « Vénus d’Urbino » (Florence, musée des Offices).

Enfin, préservée par les circonstances, l’œuvre aboutit à Dresde en 1695, dans les collections du Duc de Saxe. La meilleure providence se poursuivit jusqu’en février 1945 où, quelques jours avant la destruction de la ville par l'aviation alliée, un conservateur du « Zwinger » (le palais baroque) qui disparut dans le bombardement, eut l’heureuse inspiration de dissimuler l’objet dans un tunnel ferroviaire désaffecté.

Nul n’en avait plus trace quand un officier de l’armée rouge diplômé d’Histoire de l’Art l’a découvert fortuitement. Vu sa formation, il en comprit la valeur et le fit secrètement envoyer à Moscou.

L’œuvre rare que tous les amateurs d’art croyaient détruite demeurait en fait au Kremlin. En 1954, le Politburo décida de la restituer à la DDR (Allemagne de l’Est) pour « prouver son amitié » envers l’un des pays qu’il avait satellisé.

Chacun alors, sous réserve encore d’autorisation, put de nouveau admirer ce nu rayonnant dans un paysage, le premier de la peinture occidentale qui, avec ses inflexions raffinées, son intuition précieuse de l’instant, ne retrouvera sa pertinence qu’avec Manet.

 

 

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