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"Diérèse" 41, été 2008, 256 pages, 8 €

Dans ce numéro d'été, on ne parlait pas encore de l'augmentation du coût du papier, pas de page couleur dans Diérèse pour tenter de limiter les coûts de production, la Poste avait alors des prix raisonnables (avoisinant les 3 € pour des plis au-dessous des cinq cents grammes, actuellement plus de 5 pour le même poids). Bref, la poésie - même non subventionnée (comme dans le cas présent) - pouvait vivre sans trop de mal, sans luxe non plus (pour Pietr Mondrian, "là où est le luxe, là est la laideur").
En binôme avec
Shumona Sinha, Lionel Ray avait fait paraître (23 mars 2007) Tout est chemins - Anthologie des poètes du Bengale au Temps des cerises. Le Bengale, cet Etat du nord-est de l'Inde, le pays du delta qui est à rattacher, aux yeux des autochtones, à la Rivière des rivières, au fleuve sacré, le Gange ; associé de même au nom du poète et penseur de renommée, Rabindranath Tagore.
Dans l'introduction à l'édition anglaise de sa pièce Ballade nocturne, Gao Xingjian déclare en juin 2008 à sa traductrice : "I think if a new ideology is to emerge in this [21st] century, it should originate with woman's perspective." Vision féminine du monde donc, alors non militante. Dans la banlieue de Bruxelles, à Ixelles, on se laisse transporter par les toiles mi-abstraites, mi-figuratives, par les lavis d'encre de Chine de l'auteur de La Montagne de l'âme.
Du 8 février au 6 avril 2008, une rétrospective Asger Jorn a lieu à la Maison du Danemark. Du beau monde, je slalome.
Lors d'une visite rendue à Shirley Carcassonne dans son atelier, plasticienne qui accompagne de ses dessins bien des livraisons de Diérèse (ce n°41, en page 46), Shirley m'offre un livre d'artiste de son cru, "Paysage mouvant", de 8 x 10 centimètres composé d'une seule page sur beau papier pliée en accordéon ; la couverture cartonnée est recouverte de tissu, ouvragé, en cellules de ruche. Des dessins à la plume, à l'encre violette, un côté Bellmer.
Mésaventure connexe : mon ordinateur portable me lâche quelques jours après l'expédition du pdf de ce numéro à l'imprimeur (ouf !) ; mais qu'importe, je m'en ferai prêter un autre, en attendant mieux, soit un nouvel ordi., toujours portable. La vie continue. Avec cette lumineuse première de couverture, voyez :

COUV D 41.jpg

 

 

 

En page 5, le premier paragraphe de l'éditorial, histoire de se mettre à la page, intitulé "A l'œuvre et à l'épreuve" :

"Qu'il me soit permis ici de parler pour une fois en quelques lignes de ce qui fait vivre le monde de l'édition, en rappelant que cette année sur le marché français aucun livre n'a atteint les 15 000 ventes, si l'on excepte Toutes ce choses qu'on ne s'est pas dites (chez Robert Laffont). Hachette caracole en tête, un chiffre d'affaires trois fois moindre pour Editis, et à diviser encore par trois pour Flammarion - les groupes familiaux (Gallimard et Albin Michel) n'ayant pas désiré rendre publics leurs résultats. Marasme certes, dont pâtit le plus grand nombre, à l'exception de quelques grosses opérations financières comme la plus-value de 11,32 millions d'euros réalisée par le PDG d'Editis lors de la session de ses 44 maisons au premier éditeur espagnol, Planeta. Hyper-concentration d'une part et, d'autre part, délitement progressif des petites structures éditoriales, qui se font une raison en ne publiant pour certaines que de 5 à 10 titres par année. La poésie en l'affaire - est-il besoin d'insister - ne pèse que bien peu..."

William Cliff, sachons-le, n'a pas voulu figurer dans le troisième tome de l'"Anthologie de la poésie française du XXe siècle" (Poésie/Gallimard, février 2000). Par ailleurs, le poète venait de publier Epopées à La Table ronde, et m'a offert dans le même temps trois de ses poèmes encore inédits, en date du 5, 8 et 26 février 2006. Voici le texte du deuxième d'entre eux, envoyé de Gembloux par la Dame Poste :

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Dans le Domaine étranger, des traductions inédites de Sandro Penna (par Laurent Chevalier, qui connaissait bien Henri Meschonnic, échangeant avec lui à l'occasion sur les droits et devoirs du traducteur) :

          "Somnolant je rêve encore un peu.
          C'est peut-être déjà le jour. Dans la rue le sifflement
          d'un pêcheur et sa voix ardente. 

          Lui répond une voix assonnante.

          Sens faseyant - comme voiles,
          au loin, sous le vent ? - Je rêve encore un peu." S.P.

Piera Mattei est la poétesse romaine que Raymond Farina a choisi de traduire pour ce numéro :

Comme des bulbes

          "elle porte seulement 
          une petite robe en coton mais n'a pas 
          froid en plein hiver
          cette petite fille qui ne sourit pas
          elle a son jeu à elle 
          elle est en train d'enterrer un à un
          ses deuils comme des bulbes dans le sable
          le fleuve est hérissé de branches
          et de telles associations sont possibles
          entre le sable 
          l'eau les branches qui tombent 
          partent en voyage dans le courant 
          et puis reviennent. Maintenant elle se lève 
          avec une brindille qu'elle vient de cueillir 
          elle efface une à une 
          ses empreintes de pas." P. M.

Bruno Sourdin s'entretient avec André Velter, interview sur 7 pages avec l'auteur du Haut-Pays (livre "écrit dans l'Himalaya, au-dessus de 3000 mètres et souvent sensiblement plus haut.").
...  - Quelle est votre conception de la poésie ? B. S.
- Comme le voyage, c'est un mode de vie, une manière d'être au monde qui implique des choix radicaux et engage l'écriture tout autant que les actes quotidiens. Les livres ne sont pas tout. Le défi c'est de ne pas se sentir indigne de ce que l'on transmet de ses expériences, de ses pensées, de ses fureurs, de ses improvisations utopiques. J'insiste : la poésie n'est rien si elle n'est pas vécue, si elle ne tient pas parole." A.V. Suit un poème de sa plume : "Vers Samyé", extrait de La Traversée du Tsangpo.

PS : Tsangpo est le nom du Haut-Brahmapoutre quand il coule au Tibet. Samyé est le plus ancien monastère bouddhique, fondé au VIII e siècle. Il faut franchir le fleuve pour rejoindre le monastère des origines.

Jean-Christophe Ribeyre se met lui "Dans la peau d'un Cobra", en nous parlant d'Asger Jorn. Avec entre autre un flash-back sur la fin de l'artiste, atteint de tuberculose, qui dut se rendre au sanatorium de Silkeborg, au Danemark. "Il installe son atelier dans la morgue et peint le tableau intitulé La Roue de la vie". Le plasticien ajoute :
"Il s'agit en fait d'un vieux motif qu'on trouve dans les églises. En bas, on voit la terre sur laquelle des enfants grandissent, au-dessus ils tombent amoureux, il y a un couple d'amants, une femme enceinte, puis ils tombent de l'autre côté et meurent, et les morts sont à nouveau sur la terre comme si la vie naissait de la mort." in Discours aux pingouins et autres écritséditions des Beaux-Arts de Paris, octobre 2001.

 
 

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