"Il y a dans l'air, ce matin, l'odeur inimaginable des roses du Paradis." Jorge Luis Borges
De prisa
« Le beau tient dans un cercle… »
Esther Tellermann
Comme les voltes et tourments
de la fuyante pesanteur
flamme liquide elle est
dédicace aux moires de la langue
palais de glace où dérive
l’écho d’un rire fièvre vive
dans le dedans là où
panache de l’iris
rayonnent loin des rimes
des bateaux sans âge
l’or gris à la rive fait mirage
ravive dans ce fragment d’espace
les froides dentelles des amandiers blancs.
Venez senteurs, moiteurs jusqu’au centre
spires & sèves à la périphérie
éclair silencieux veines courant sur les sables
bruissantes aux rouges fontaines,
tissus de vie sur la travée de pierre.
Du noir-vert à la cire la plus translucide
l’univers des choses
est l’instant du présent qui nous manque.
Sous le chiffre des pas une lampe d’éveil
l’âme lisse du bronze
coulée dans le bleu de la bouche
et que dire de plus
au soir du lendemain ?
Les premiers oiseaux du crépuscule.
*
Or elle est dans la carrière du vent
la césure la raison saisie
l'infini répliqué le solstice du vert
derrière l'écran la fable, l'onde que le blanc mange
pour y cueillir le liseré d’un corps
qui recommence sous ses doigts
ramures de sang
au couchant revisitées
changées en nuages,
perce-murs mués en liserons
aux dorsales de l’être.
Notes sur les feuilles étonnées
la roue des sons éveille
le silence des jardins
se confond à son pouls
aux vingt roses blanches
qu’enivre le pas des dieux
qui cherchent sous la flamme
et derrière le brun des pierres
le haut de l’image où vibre continûment
l’infime écart des couleurs
de l’avant-soi, de l’avant-soir.
Sous le grand soleil la vieille horloge des mousses
les odeurs profondes de la terre
de l’acacia de juillet, elle est là
dans l’œil fixe du lézard vert
la tête un peu penchée
vers un merle qui jase
derrière le rideau de cristal.
… puis rien que jupe de cendre frisant les luzernes
derrière routes vicinales et chemins creux
sous l’air lourd qui les cambre,
dérobés à leur attraction.
Daniel Martinez