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On sait bien peu de choses sur ce poète, né en 1931, mort en 1988, discret de nature, qui fut libraire à Amiens, traducteur du japonais, avec ce livre posthume édité par La Délirante : "L'Ermitage d'illusion" qu'il traduisit (un opus de Matsuo Bashô) et préfaça. On citera aussi, dans cette lignée et cette fois composé en français, son recueil "Allumettes japonaises" (aux éditions Léoréca,1977). Ou encore : "Onze vues à travers les volets" : des proses de Jacques Bussy inspirées par des tableaux de Katsuji Ishikawa, opus paru aux éditions Aoï en 1978. L'exemplaire que j'ai entre les mains a été dédicacé à Jean-Luc Bérimont qui appartint à la fameuse Ecole de Rochefort, poète donc, mais aussi romancier, animateur et producteur de radio et de télévision. Entre poètes, se comprendrait-on toujours, pas si évident que cela. Mais c'est un autre débat. Jacques Bussy qui en cinquante cinq années d'existence a publié moins de 15 livres, n'ayant pas tous fait l'objet du dépôt légal à la BNF, n'appartint à aucune école et vécut du métier qui était le sien, comme un Marcel Béalu (librairie Le Pont traversé, à Paris) par exemple, sans "coup de pouce" des passeurs culturels. Hommage lui soit rendu ici, pour son esprit d'indépendance, assorti de la liberté qui fut la sienne.
Egypte ma mère ; peuple de bois visages d'écorce murailles de branches ; tes yeux sont mes yeux, ton sable mon ventre. Je me suis habillé de blanc et je t'ai quittée, alors tes forêts sont devenues mirages ; de ta musique on a fait des cordes, de ton fils un pèlerin.
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Hiver, maintenant un plaisir !
Sous la maison de bois la flamme du varech, l'épine de l'œil vert - et moi, exilé, conservant une main de neige sur mon épaule, je froisse une branche d'armoise sur une longue égratignure. Sur le seuil, l'eau saumâtre dépose une ombre morte.
Le miroir, tout ce qui reste de précédentes épopées. L'air sec s'invente une rumeur et je referme les yeux sur une gloire prisonnière.
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Herbe, l'étoffe du feu. Pierres, les jours généreux, cailloux de rivières, sonores et légers dans le sommeil. Partage du voyageur : il a quitté le souci des saisons et, sur l'inusable route, désormais l'hiver n'est plus pour lui la surprise de la neige, l'été n'est plus le buisson chargé de baies. Lui seul invente une voix, que l'espace dévore.
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L'aurore vivante sous nos pas, le feu assèche le sang, le sang éteint le feu, et vous, aveugles dans votre sentier d'herbe, vous me jetez sur la poitrine une poignée de sable.
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Forêt, l'arbre te mord Le grillon te réveille L'eau qui retombe lève Le rire des vivants.