Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

"Paysage à Stampa", d'Alberto Giacometti, 1954, huile sur toile, 89 x 62 cm

GIACOMETTI PL 17.jpg

"Paysage à Stampa", d'Alberto Giacometti, 1954, huile sur toile, 89 x 62 cm





 

Avec les intérieurs, les natures mortes et les paysages de Stampa, le peintre reprend dans sa maturité les thèmes chers à sa jeunesse. Mais quelle différence ! À la sûreté de main de l’adolescent rompu au métier s’oppose la recherche tâtonnante de l’adulte qui, dans un paysage par exemple, cherche à déterminer la distance des objets par évaluations progressives : une façade de maison, un mur de jardin au-dessus duquel surgissent les rondes et claires frondaisons des arbres et s’étale un ciel immense. C’est précisément ce que montre le Paysage à Stampa. Là le peintre plante à nouveau le motif dans les limites d’un cadre, de la même façon que le sculpteur place ses figures sur un socle qui en détermine l’échelle, ou les situe dans une cage pour mieux les appréhender. Et de même que la main du sculpteur modifie indéfiniment l’argile qu’il pétrit et la façonne jusqu’à ce qu’il trouve la forme satisfaisante, de même le pinceau du peintre fait ressortir l’essentiel des formes en les cernant toujours davantage. Peut-être convient-il de citer, à propos de cette œuvre, ce que l’ami de Giacometti, Jean-Paul Sartre, a dit de sa peinture: "En chacune de ses images Giacometti nous ramène à l’instant de la création tirée du néant ; chacune de ses images renouvelle la vieille question métaphysique : pourquoi y a-t-il quelque chose et pas rien ?" *


Willy Rotzler

__________

* ndlr : "D'où vient qu'on se pose la question : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?", Roger Munier, in Le moins du monde (éd. Gallimard, 1982), p. 46.

Les commentaires sont fermés.