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Daniel Abel est l'un des fidèles de Diérèse, j'ai eu plaisir à l'accueillir souventes fois. Pour le présenter, c'est l'un des tout derniers surréalistes - avec Guy Cabanel que les lecteurs de la revue ne sont pas sans connaître à présent -, issu de la constellation surréaliste originelle, réservoir international de poètes, de peintres, d'architectes, photographes, médecins, cinéastes, etc Né en 1933 à Châtel sur Moselle dans les Vosges, il se réclame du surréalisme, tout en ayant toujours su garder son indépendance d'esprit ; grand voyageur, mais aussi une passion pour la pêche - au même titre que Pierre Bergounioux (cf La Ligne, éditions Verdier, mars 1997). Il commence à publier en 1972, aux éditions Lettera Amorosa : Flammes, recueil enté de dessins de Jacques Lacomblez, et continuera sur sa belle lancée, tout en ayant participé à de nombreuses revues - comme La Tour de feu, Les Cahiers du Schibboleth, Foldaan, revue fondée en 1980 par Jacques Josse, dont vous avez pu lire quelques poèmes inédits in Diérèse opus 86 -, et... à tant d'autres périodiques. Du vivant de sa femme Denise, il découvre l'univers de la mine où s'est épuisé son beau-père, avec sa tenue de corion : lampe frontale ou portative, le pic, le piolet, le casque, les lunettes... Et puis, plus que tout, et comme ligne directrice un goût affiché pour la liberté. Elle qui pour André Breton est "le seul mot qui m'exalte encore." J'ai découvert ce poète avec son opuscule publié en 1994 aux éditions associatives Clapàs (collection "Tiré à part"), précisément leur premier numéro, son titre : "Ici, Ailleurs (au Rwanda et ailleurs)" : "Sable la pensée d'une étoile enfin l'apaisement l'eau vive proche des lèvres le mil comme le miel un peu de ciel tremblant dans la coupelle du vent un peu d'amour et des mains assemblées qui formeront toiture pour un front en sueur."
Au jour d'aujourd'hui, ce collage pour le plaisir des yeux :
Daniel Abel : "Extrinsèque", collage sur papier cartonné bleu Natural A 4
Que peut l'écume d'une parole La parole le peu du poème auréolée de silence pour que l'épi du jour tel le pistil soit promesse d'envergure ? son pollen.
Que peut l'écume d'une parole Eclore, ce mot privilège pour que de sa dentelle encore faut-il que le jardin consente. éclose l'aubépine ?
Aimer la mer Avant d'élire une couleur même quand elle divague. penser au regard qui la soupèse.
Chez nous Chez nous la nuit n'est blanche que pour la neige la Voie lactée se laisse traire elle n'est rose que pour l'aurore. avec des doigts de brouillard.
Sur le dos du nuage Nuages se repose relents d'orages un instant cendres d'images. la roue d'or du soleil.
Nagent les nuages Envol de flamants roses dans la mer du ciel la joue de l'étang s'en échappe parfois confuse d'être nue. l'aumône d'un éclair.
La péniche qui a pour nom Ariane La musique s'étire s'étire son sillage. est la nacre ajourée de l'éventail.
L'éventail Avec la lampe allumée fougère du visage. le bois des meubles savoure la salive des pénombres.
La poésie est à la perle Un plus un égale un ce que l'orient est au poète. Si les ombres se confondent Si les langues s'apprivoisent.
Le papillon Toute fenêtre se rêve condor d'aurore et le condor est nacelle se veut montagne. sans amarre.
Le songe débute Que peut le peu d'une plume tel un mensonge pour du plumage que l'on tait. faire une aurore ?